Ce soir à 20h50, M6 dégaine sa nouvelle série policière, Blue Bloods, difusée sur CBS depuis deux saisons. Comme à son habitude la chaine diffuse les épisodes par vague de trois et c’est donc on ne peut plus vite que l’on va faire connaissance avec le clan Reagan. Car Blue Bloods, si elle a le mérite de nous sortir de la routine des séries à experts scientifiques et autres NCIS ou Mentalist, a pour particularité d’être à la fois une série policière ET une série familiale. Et la notion de clan est bien ce qui caractérise le mieux cette famille de flics de pères en fils, (seule la fille Erin (Bridget Moynahan), déroge à la règle en étant assistante du procureur) dont chaque membre sert la loi avec application, même si certains d’entre eux, n’hésitent pas à la distordre pour parvenir à leurs fins qui restent malgré tout toujours politiquement correctes.
Créée par Robin Green et Mitchell Burgess (Bienvenue en Alaska, Les Soprano), avec le vétéran Léonard Goldberg (Starsky & Hutch) à la production exécutive, Blue Bloods est un pur programme de network qui ne révolutionne rien et qui n’en a pas la prétention. Bien réalisé, avec un casting soigné, des scripts carrés et efficaces et ce malgré des histoires déjà maintes fois vues et revues, on est clairement dans une série classique qui aurait pu voir le jour dans les années 80 et que l’on suit sans déplaisir. On est aussi, et c’est là que le bât blesse, dans une série qui arrive des années après que les chaines câblées américaines aient révolutionnées la façon de raconter des histoires. Et que surtout elles aient eues elles, les coudées franches pour ruer dans les brancards et proposer des récits à la narration exigeante, avec des personnages fouillés qui pouvaient procéder à des actes immoraux comme le Vic Mackey de The Shield. Là, rien de tout ça, où alors suffisamment dilué pour que la censure ne fasse pas son office, bien que Blue Bloods soit diffusé à 22h aux Etats-Unis. Alors oui, certains personnages comme Danny (Donnie Walhberg), le fils ainé, flirtent avec l’illégalité comme lorsqu’il passe à tabac un suspect pour lui faire avouer où il a caché une fillette qu’il a kidnappée. Oui, le chef de la police Frank Reagan (Tom Selleck) lui-même peut contourner la loi, mais la justice, érigée en code d’honneur extrême, est toujours là en justification de ces procédés.
Lors des trois premières enquêtes que M6 propose ce soir, les sujets abordés sont variés. Enlèvement d’enfant donc, auto-justice et exploitation médiatique, viol et immunité diplomatique… Les personnages y sont présentés au fil des rebondissements policiers et, là où la série familiale reprend ses droits, au fil des repas qui réunissent les Reagan. L’occasion pour Henry, le patriarche de la famille (Len Cariou), ancien chef de la police d’égrener ses anecdotes, pour Frank de veiller à tempérer les caractères sanguins et passionnés de Danny et de Erin et pour s’assurer que son benjamin, Jamie (Will Estes), frais émoulu de l’école de police, s’épanouisse au mieux dans sa découverte du métier, lui qui devait devenir avocat. On n’est pas pour autant dans un 7 à la maison versant flics, car une belle idée scénaristique, celle d’une police privée ripou, est évoquée en filigrane de ces trois premiers épisodes. Un aspect intéressant à creuser, tout comme l’ombre de Joe, le fils ainé assassiné, et dont on pressent que la mort va donner matière à de multiples rebondissements. La confrontation récurrente entre justice et police est aussi au cœur des histoires qui nous sont proposées, stigmatisée par la relation chien et chat de Danny et Erin, ce qui ne les empêchent pas de s’aimer et d’être là l’un pour l’autre.
Porteur de valeurs traditionnelles, mettant en exergue l’honneur, la tradition, la solidarité, la justice, et bien sûr la famille, Blue Bloods, est une série efficace qui, outre ses têtes d’affiche, nous permet de revoir avec plaisir des seconds rôles comme Nicholas Turturro (NYPD Blue) ou Amy Carlson (New-York 911), et même si elles ne bouleverseront pas la donne du genre, les aventures de la famille Reagan se regardent et on se prend même à vouloir en connaitre la suite. Bien sûr, le talent de l’immense Tom Selleck, sa prestance et son jeu participent au plaisir que l’on prend. Que ce soit en chemise hawaïenne ou en uniforme bleu marine, il a ce que d’aucuns appellent la classe !
La saison 1 de BLUE BLOODS est à suivre chaque jeudi soir à partir du 16 février à 20h50 sur M6