Au commencement...

Au commencement… (Séries) FEAR THE WALKING DEAD 1×01

3 STARS BIEN

fear_the_walking_dead AU COMMENCEMENT

SYNOPSIS: Madison est conseillère d’orientation dans un lycée de Los Angeles. Depuis la mort de son mari, elle élève seule ses deux enfants : Alicia, excellente élève qui découvre les premiers émois amoureux, et son grand frère Nick qui a quitté la fac et cumule les problèmes. Ils n’acceptent pas vraiment le nouveau compagnon de leur mère, Travis, professeur dans le même lycée et père divorcé d’un jeune adolescent. Autour de cette famille recomposée qui a du mal à recoller les morceaux, d’étranges comportements font leur apparition…

Fear the walking dead s’inscrit dans la logique des séries spin-off / prequel, qui ne doivent leur existence qu’au succès énorme d’une série mère, ici, The walking Dead. On se souvient du lancement récent de Better Call Saul, spin-off de Breaking Bad. Pure logique commerciale non dissimulée, titre évitant soigneusement toute subtilité pour que le public repère bien la marque, que peut apporter ce type de série à une mythologie déjà existante ?

Pour mémoire, le point de départ de TWD était justement de se placer après l’apocalypse et de ne pas s’attacher à l’origine du virus. Même si un arc narratif avait tourné (maladroitement ?) autour d’un remède possible, le parti pris du comics dont la série est tirée avait été respecté. Or, la raison d’être de FTWD semble être de nous dépeindre l’apocalypse ayant abouti à l’univers désespéré dans lequel évoluent les héros de TWD. Qu’à cela ne tienne, hormis dans Contagion de Steven Soderbergh (qui n’était toutefois pas un film de zombie, mais de virus), la question du déclin de la société suite à la propagation d’un virus n’avait été que très peu abordée au cinéma ou à la télévision.

L’action de FTWD se situe donc au moment de la propagation du virus, avant les évènements de TWD, ce qui aurait pu faire d’elle un prequel si on avait retrouvé les mêmes personnages. Le cadre est délocalisé d’Atlanta (TWD) à Los Angeles (FTWD) et les héros sont les membres d’une famille recomposée. Une grosse partie de l’action étant au passage centrée sur des adolescents (un frère junkie et sa sœur lycéenne), tandis que les deux personnages adultes fréquentent eux aussi le lycée, puisqu’ils y travaillent. Volonté de cibler un public plus jeune pour élargir une audience plus adulte par rapport à TWD ? Sans doute, même si l’ambition paraît un peu bancale, au vu du contenu inévitable de certaines scènes.

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Le pilote se focalise sur cette famille en quête de liens et déchirée par les divorces et la situation du frère aîné, premier témoin d’une attaque de zombie. On découvre rapidement que FTWD se cache dès le départ derrière un drame familial classique, que les évènements vont sans doute transformer en survival et en occasion rêvée pour ce petit monde de resserrer les liens.

Bien que prévisible dans sa construction future, ce choix est plutôt audacieux, en ce qu’il permet une bonne immersion dans une cellule privée intéressante pour vivre l’épidémie à venir. La meilleure idée du script étant le choix d’un personnage junkie, semant le doute dans l’esprit de son entourage quand il relate ce qu’il a vu…et même dans son propre esprit quelque peu brouillé. La présentation des principaux personnages de la série est plutôt réussie, avec une exposition de trois quarts d’heure environ (pour une durée totale d’1h03) plutôt efficace.

Le déroulement des évènements est adroit et la série parvient d’emblée à créer une atmosphère complètement différente de celle de sa grande sœur, tout en ne trahissant pas le modèle original pour le moment. On ne pourra tout de même pas passer sur le côté très agaçant de certaines scènes évitables au cours desquelles on voit des personnages douter de ce qu’ils voient quand un zombie pourtant bien malmené les attaque. Il faudra évacuer très vite cet écueil, rédhibitoire. FTWD a aussi la bonne idée de nous immerger de façon réaliste dans une société très contemporaine, en utilisant à fond le flux continu d’informations (via les smartphones principalement). Il paraît dès lors intéressant de découvrir comment des gens ordinaires auxquels on peut facilement s’identifier pourront faire face aux terribles évènements qui les attendent. Et en cela, les codes de TWD sont bel et bien respectés, puisque les héros de la série originale étaient eux aussi des personnes ordinaires placées dans une situation exceptionnelle.

Il n’en reste pas moins que FTWD se heurte à la grande difficulté de tous les prequels : une gestion difficile du suspens, puisque le public a inévitablement un temps d’avance sur les héros. C’est souvent ce qui entraîne une désagréable sensation de perdre son temps ou de désintéressement partiel pour l’intrigue.

(Anakin Skywalker deviendra-t-il Dark Vador ?).

On sait d’emblée que la grande majorité de la population périra à cause du virus, qu’en conséquence les membres de la famille présentée compteront parmi les rares survivants et qu’il leur faudra lutter pour rester en vie. Il reste dès lors aux scénaristes de FTWD à trouver des idées pour contourner ce faux suspense, à trouver un moyen d’étendre la mythologie de base tout en respectant ses codes, pour fidéliser son public. On peut être optimistes, au regard du fait que la première saison ne sera constituée que de six épisodes, mais il faudra éviter bien des écueils pour parvenir à livrer une seconde saison de 15 épisodes déjà commandée par AMC.

Portée par un casting solide (Kim Dickens et Cliff Curtis en tête), par un univers riche en termes de possibilités, FTWD réussit le pari de nous accrocher et de nous donner envie de continuer, malgré le temps d’avance (5 saisons de TWD, quand même) que nous détenons.

Crédits: AMC/ Canal+ Séries

 

 

 

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