Critiques Cinéma

SAUVAGES (Critique)

À Bornéo, en bordure de la forêt tropicale, Kéria recueille un bébé orang-outan trouvé dans la plantation de palmiers à huile où travaille son père. Au même moment Selaï, son jeune cousin, vient trouver refuge chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille nomade aux compagnies forestières. Ensemble, Kéria, Selaï et le bébé singe baptisé Oshi vont braver tous les obstacles pour lutter contre la destruction de la forêt ancestrale, plus que jamais menacée.

« La terre ne nous appartient pas. Nous l’empruntons à nos enfants. ». C’est par ce préambule humaniste et malheureusement presque utopique que s’entame Sauvages. On doit cette pépite d’animation à Claude Barras, créateur d’un autre bijou qui a marqué toutes celles et ceux qui ont croisé sa route, et légitimement multirécompensé : Ma vie de courgette (2016). Il était déjà furieusement question de filiation, de rencontres qui font tout basculer et de comment faire famille, question universelle et existentielle. Le combat de Kéria est inspiré d’une véritable lutte d’un activiste suisse : Bruno Manser, qui a vécu avec les Penan, une communauté de chasseurs-cueilleurs, installée depuis des siècles sur l’île de Bornéo, lieu où se déroule l’action de Sauvages.


Ici, Claude Barras ajoute donc l’enjeu politique de l’écologie, de l’héritage que l’on laisse donc à nos enfants et de la cause animale. A ce titre, il est aisé de deviner qui sont les sauvages. Cette fable, n’en déplaise aux pourfendeurs systématiques de l’écologie, qu’ils trouveront toujours trop punitive à leur goût, dès lors que l’on parle non pas de contrainte mais de vivre ensemble, n’est précisément jamais naïve ou moralisatrice. L’animé aura nécessité 7 ans de travail. On le comprend vite tant la qualité et l’originalité du trait de crayon, le même que dans Ma vie de courgette nous permet dans des micros-détails si subliminaux de pénétrer l’univers de Sauvages. Quand le bébé singe Oshi cligne des yeux, c’est nous tous qui fondons en émotions. Rien d’étonnant alors de savoir que le metteur en scène s’est archi documenté sur les orangs outangs pour en capter les moindres mouvements et attitudes.


Et puis, ce film a cette vocation de la vocation. A savoir, allez dénicher les défricheurs de demain, car dans Sauvages, c’est bien la jeune Kéria, âgée de 11 ans qui ouvre la voie. Sauvages nous parle d’écologie, de famille, de l’insouciance de l’enfance qui déplace les montagnes. Un film à regarder en famille, dans les écoles, et dans les assemblées et autre palais où plus le niveau de décision monte et plus l’incompétence qui va avec également. On retrouve entre autres au casting vocal, Benoît Poelvoorde, Laetitia Dosch et Michel Vuillermoz, qui chacun-e- dans son registre donne énormément de relief et de rythme à Sauvages. Dans une séquence actuelle bien mortifère où les enfants ne sont traités que sous un angle répressif et où l’on piétine des décennies de décisions écologiques, autant dire que cet animé là non seulement fait du bien, mais s’avère d’utilité publique.

Titre original: SAUVAGES

Réalisé par: Claude Barras

Casting: Martin Verset, Laetitia Dosch, Benoît Poelvoorde…

Genre: Animation

Sortie le: 16 octobre 2024

Distribué par : Haut et Court

EXCELLENT

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