Critiques Cinéma

PARIS BRÛLE T-IL ? (Critique)

SYNOPSIS: Au début du mois d’août 1944, l’arrivée des armées alliées dans la capitale est imminente. Hitler donne l’ordre d’anéantir Paris…

Paris brûle-t-il ? est une adaptation du livre au titre éponyme, paru en 1964 et rédigé par Larry Collins et Dominique Lapierre. Nous sommes ici dans le registre de ce qu’il convient d’appeler une superproduction, avec entre autres, un certain Francis Ford Coppola au scénario. Paris brûle-t-il? a bénéficié du soutien des autorités de l’époque pour filmer notamment un Paris désert, mais il fallait commencer dès 5 heures du matin.  Le message liminaire suivant sur les premiers panneaux du film est peut-être le meilleur résumé que l’on pourrait finalement en faire :  « Le film que vous allez voir a une seule ambition, celle de porter témoignage de l’épopée du peuple de Paris en armes et des soldats de la France libre. Si tel homme apparaît sous son nom dans le feu d’une action, dix autres, cent autres, au même moment prenaient le même risque. Nous avons voulu camper quelques personnages mais tant d’autres, braves parmi les braves, morts au combat ou survivants modestes, ont jalonné la route de la victoire. Notre reconnaissance va vers les héros d’hier qui nous aidés de leurs conseils et de leur expérience « . D’autant que l’on comprend très vite que l’agresseur pour son mortifère chant du cygne, va agir selon l’immonde précepte du quartier par quartier, rues par rues, et même maison par maison. Haineux perdants qui attaquent et veulent détruire par avance les beaux jours de la capitale. On voit Bruno Cremer passer par là, beau comme un dieu dans le rôle du Colonel Rol Tanguy. Plein d’autres anges vont arriver dans des plans où on ne sait plus trop poser nos yeux, entre Jean-Paul Belmondo (Morandat), Alain Delon (Chaban-Delmas), et de nombreux autres.

Et puis très vite, car il va fatalement être au cœur du film, le général Dietrich Von Choltitz (Gert Fröbe), gouverneur militaire de Paris, qui ne va pas tellement pousser la chansonnette comme le fait symboliquement le Choltitz d’Alain Resnais, dans On connaît la chanson (1997). Le gouverneur qui théorise à un moment la mission confiée par Hitler de la destruction de la capitale : « Paris n’est pas une quelconque ville d’Ukraine « . Une résonance qui fait froid dans le dos, car si on en comprend le sens dans sa dimension symbolique, il sera toujours hors de propos de hiérarchiser ainsi les destins. Le festival de talents ne s’estompe pas, avec maintenant Jean-Louis Trintignant toujours dans cette hauteur, cette retenue, presque une distance mais toujours aussi fascinante. Une froideur qui ira comme un gant au rôle de salaud qu’il interprétera. Belmondo est dynamique et aérien, et oui, qu’ils vont être héroïques les parisiennes et les parisiens. L’alternance est rythmée et saisissante entre les histoires qui personnifient la bravoure et les turpitudes de Choltitz sur le respect ou non du gentleman agreement avec la résistance, ou le respect de l’ordre du petit caporal dictateur. Il a en effet déjà compris que de son choix, émanera la trace qu’il laissera dans l’histoire. Le bourreau ou celui qui désobéira à un régime finissant pour sauver peut-être sa vie, mais aussi la splendeur esthétique et héroïque de la capitale.

Paris brûle-t-il ?, voulu par la Paramount comme le pendant européen du Jour le plus long (1962) dans sa construction romanesque, son casting étoilé ébouriffant, cette musique lancinante au rôle majeur (ici de Maurice Jarre), s’il ressemble à ce pair si anthologique se vit toutefois moins dans l’empathie tant dans Paris brûle-t-il ?  les tiroirs sont quand même très nombreux et les personnages multiples. De fait, il existe moins de points d’accroche, même si les deux ont en commun de demeurer des indémodables classiques. Belmondo devient ministre quasi au bluff, pour une scène surréaliste, avec des services de l’état qui se mettent à disposition dans un déploiement efficace voir zélé, quelles que soient d’ailleurs les circonstances … En attendant, le parcours de la deuxième division blindée du Général Leclerc, avant d’entrer triomphalement dans Paris est un moment forcément très fort. On se projette alors dans la future arrivée dans Paris, sous cloche, qui enfin pourra faire tomber toutes ses frustrations. C’est notamment dans les combats urbains que l’on appréciera la majestueuse mise en scène et la minutie de la reconstitution. Un déploiement de moyens, largement à la hauteur du résultat final.

Prod DB © Transcontinental Films – Marianne Prod. /DR
PARIS BRóLE-T-IL ? (PARIS BRóLE-T-IL ?) de Rene Clement 1965 FRA
d’aprs l’oeuvre de Dominique Lapierre et Larry Collins
avec Jean-Paul Belmondo, Marie Versini et Daniel Gelin
bureau, reunion, film historique, liberation, WW2, resistance
scenaristes Gore Vidal et Francis Ford Coppola
d’apres l’oeuvre de Dominique Lapierre et Larry Collins
dialogues Jean Aurenche
Autre(s) titre(s) :
Is Paris Burning? (1966) (USA)

 

On l’a dit, le casting est une folie hallucinatoire. Avec notamment des noms associés au panthéon international du cinéma, pour parfois des rôles de figurants. Comme si la cause était plus grande, dépassait tout, c’est aussi ça Paris brûle-t-il ?. Ajoutez aux précédemment cités rien de moins qu’Orson Welles, Jean-Pierre Cassel, Claude Rich (au charme fou, d’autant qu’il joue deux rôles !!), Simone Signoret, Yves Montand, Kirk Douglas, Anthony Perkins, Michel Piccoli, Daniel Gélin, Glenn Ford, Charles Boyer, Michael Lonsdale, et même Michel Fugain, Michel Sardou et Patrick Dewaere (dans des rôles de jeunes résistants) et tant d’autres encore. Romy Schneider par exemple, mais dont la seule scène aura finalement été coupée au montage. Au final, avec le recul, au visionnage de Paris brûle-t-il ?, on se dit que quand il s’agit de se défaire de son oppresseur, alors, il n’y a plus de frontières et plus d’époques malheureusement. Ce témoignage est précieux autant pour l’histoire que pour le cinéma.

Titre original: PARIS BRÛLE T-IL

Réalisé par: René Clément

Casting: Jean-Paul Belmondo, Charles Boyer, Leslie Caron …

Genre: Historique, Guerre

Sortie le: 26 octobre 1966

Distribué par : –

EXCELLENT

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