PERFECT DAYS (Critique)

Par Nicolas Bellet le mai 27, 2023 • ( 1 commentaire )

SYNOPSIS: Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien

Film après film Wim Wenders tend vers l’épure. Ici, avec Perfect Days, ce cinéma quasi radical prend toute sa force puisqu’il rencontre un pays, le Japon, où l’épure est presque aussi une religion. Ne cherchons pas d’histoire dans le film : on suit un quotidien si répétitif qu’il en devient sublime et ce malgré les nombreuses images de toilettes. Lieu on ne peut plus anti cinématographique. La force de ce Perfect Days tient surtout du fait que par petites touches, sans que l’on s’en rende vraiment compte, il arrive à nous faire participer à sa narration. Pendant qu’on le regarde, on se surprend à imaginer ce qu’il ne nous dit pas. On essaie de deviner le passé du héros, visiblement plus cultivé que son emploi le laisserait à penser (subitement interprété par l’acteur Kōji Yakusho) et sans doute un jour marié. Son rapport aux enfants et aux jeunes, son histoire d’amour à venir… Tout n’est qu’esquissé et flotte dans une certaine légèreté . Et on se laisse emporter… Peu à peu, le spectateur se met à fantasmer les nombreuses ellipses du film. Wenders nous hypnose littéralement et propose un film haïku, rythmé par une bande son à la fois sublime et nostalgique, faite de succès de Lou Reed (évidemment), Patty Smith, Van Morrisson et consorts. Hommage au rock progressif et du temps des K7 audio.

La caméra va le plus souvent à l’essentiel, puis s’arrête sur des plans poésie pure. Le temps s’écoule et le film avec, tout en délicatesse et apesanteur. Difficile de ne pas succomber à son charme. Si Perfect Days est un film hautement artistique, il est étonnamment très accessible, même s’il va à rebours de l’offre cinématographique actuelle. Un petit tour de magie dont Wenders a toujours et encore le secret…