STRANGE WAY OF LIFE (Critique)

Par JM Aubert le mai 20, 2023 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS : Silva traverse le désert à cheval pour retrouver Jake qu’il a connu vingt-cinq ans plus tôt lorsqu’ils étaient tous deux tueurs à gages. Silva souhaite renouer avec son ami d’enfance désormais shérif mais ces retrouvailles ne sont pas sa seule motivation…

Pedro Almodóvar c’est le nom d’un événement permanent. Pedro Almodóvar au Festival de Cannes, c’est la sublimation de l’événement. Pedro Almodóvar qui vient présenter un court métrage western queer, on vous laisse imaginer l’attente historique autant qu’hystérique que suscite un tel projet. Almodóvar qui justement avait il y une vingtaine d’années refusé de réaliser Le secret de Brokeback Mountain (2005) explique : « Mon film est complètement indépendant de Brokeback Mountain. Il est aussi tout à fait différent des westerns européens, comme ceux de Sergio Leone qui ont bouleversé le genre. J’ai voulu faire un western dans un style “classique” mais où je parle du désir vécu entre deux cowboys. On ne parle jamais du désir entre deux hommes dans des westerns classiques. » D’emblée, le ton est donné avec la star montante Pedro Pascal en vrai cow-Boy, on se situe en effet dans le classicisme pur jus, bien qu’il arbore une veste verte pomme qui pète aux yeux, griffée Saint Laurent s’il-vous plaît… Le contraste est amusant, mais pas non plus complètement fou ou transgressif (Surtout lorsque l’on sait que le film est produit par Saint Laurent Productions…).

C’est toute la mise en scène qui appuiera forcément sur cette apparente discordance, où comment deux hommes peuvent s’occuper dans un ranch, dans un univers si viril, violent et ou peu de cas n’est fait à l’affection et la douceur. S’ensuivra une vague histoire de règlement de compte familial. On ne se refait pas quand on s’appelle Pedro Almodóvar. Strange way of life est un film court de bonne facture, un peu sous la forme d’une belle promotion publicitaire pour le couturier susnommé, mais l’ensemble demeure attrayant, distrayant et on s’amuse bien. Mais on ne sort pas non plus complètement chaviré ou en criant au génie, du moins sur ce coup-là. Ethan Hawke et Pedro Pascal s’en donnent à cœur joie dans le genre cow-Boys libérés, et le duo fonctionne incontestablement, dans les échanges de regard, les gestes, avec une caméra qui n’en loupe pas une miette. C’est clairement le sel de Strange way of life. C’est finalement la thématique plus que l’œuvre en elle-même qui restera dans l’histoire, comme le premier western queer complètement assumé, nudité comprise, et qui dans ces temps de violence universelle envoie de toute façon un important message.