Critiques Cinéma

INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE (Critique)


SYNOPSIS : 1969. Indiana Jones s’apprête à tirer sa révérence. Après avoir passé plus de dix ans à enseigner au Hunter College de New York, l’estimé professeur d’archéologie est sur le point de prendre sa retraite et de couler des jours paisibles dans son modeste appartement, où il vit seul désormais. Tout bascule après la visite surprise de sa filleule Helena Shaw, qui est à la recherche d’un artefact rare que son père a confié à Indy des années auparavant : le fameux cadran d’Archimède, un appareil qui aurait le pouvoir de localiser les fissures temporelles. En arnaqueuse accomplie, Helena vole l’objet et quitte précipitamment le pays afin de le vendre au plus offrant. Indy n’a d’autre choix que de se lancer à sa poursuite. Il ressort son fedora et son blouson de cuir pour une dernière virée. Pendant ce temps, l’ancien nazi Jürgen Voller – un vieil ennemi d’Indiana Jones qui travaille maintenant comme physicien dans le programme spatial américain – a lui aussi ses propres visées sur le cadran. Et son horrible stratagème pourrait changer à jamais le cours de l’Histoire mondiale…

Indiana Jones et le Cadran de la Destinée est un projet de longue date initié au début des années 2010 dont la réalisation a finalement été confiée à James Mangold,(Logan, Le Mans 66…) tandis que Steven Spielberg qui avait réalisé les quatre premiers volets, demeure cette fois à la production, … Si la franchise est particulièrement lucrative, le pari artistique d’Indiana Jones et le cadran de la destinée est très certainement de retrouver l’énergie follement créative de la saga qui a démarré en 1981 avec Les aventuriers de l’arche perdue et qui aura tant nourri les rêves de générations entières, avec un cinéma populaire mais jamais avare de fulgurances. Notamment dans une inventivité qui permet de se forger des cultures communes, des rituels rassurants et qui contribue à la grande histoire du cinéma en général et de tant de fans de cinéma en particulier, dans un éclectisme fédérateur qui fait du bien, qui réconcilie. L’attente était donc hystérique autour de la résurgence du mythe un peu écorné par le 4ème volet Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal (2008) qui avait reçu un accueil pour le moins mitigé. Sans spoiler, mais pour le dire d’emblée, ce cinquième épisode s’il n’est pas une réussite magistrale, retrouve indubitablement le souffle romanesque, l’énergie du goût de l’aventure, qui ont forgé le succès planétaire que l’on sait de l’archéologue au fouet qui claque sur nos utopies cinéphiles.

Clairement, le début est totalement flamboyant et on se prend à rêver de notre propre rajeunissement tant la technologie numérique qui situe l’action en 1944 donne à Harrison Ford des traits de petit minet, avec une course poursuite digne des plus belles de toute la franchise dans et sur ce train comme terrain de jeu, et le cadran comme déjà objet fou de désir. Rien de mieux pour contextualiser l’action de départ de l’épisode 5, cette fois-ci située en 1969. Et jeu de contraste savamment entretenu, c’est cette fois-ci l’émotion qui prédomine. L’émotion car Indy est vieilli, fripé, flasque… Les plans insistent (un peu lourdement) sur le corps du héros vieillissant. On se croirait presque chez Haneke avec Amour  et face à ces images presque déstabilisantes, c’est nous tous qui plongeons dans l’abime d’un temps définitivement assassin. L’émotion est palpable dans la salle. Un vrai beau moment de cinéma. Le geste de Mangold est explicitement délibéré et ça opère. Notre héros est seul, dépassé, incompris, et même pas considéré par ses étudiants. Comme si tout ce qu’il avait entrepris jusqu’alors n’avait servi qu’a nourrir les placards à archives. Là aussi, signe des temps, les héros peuvent disparaître aussi rapidement que la médiocrité peut occuper le haut du pavé en un battement de cils… passons…  Notre héros va être sorti du formol par sa filleule, la pétillante Héléna Shaw, pour précisément retrouver la moitié du fameux cadran d’Archimède, qui une fois réuni, permet la création de failles spatio-temporelles, et comme tout le monde n’est pas aussi bien intentionné que Marty McFly ou Godefroy Le Hardi, c’est à nos héros de choper le demi cadran en premier.

C’est ensuite un déroulement de scènes d’actions spectaculaires mais très classiques qui ne tiennent pas la promesse de l’introduction si foisonnante. Si ce n’est le moment cheval dans le métro, ou au-delà de l’originalité déroulée, voir le professeur Jones sur son destrier dans les sous terrains motorisés, viennent à nouveau jouer avec les couloirs du temps et remuer les contrastes autour d’une époque révolue, incarnée par notre amour d’archéologue. Les longueurs vont s’enchaîner quelque peu, mais sans pour autant nous perdre complètement en route. La mise en scène nous en met plein la tronche, presque trop, mais c’est le jeu du genre. Avec pour autant de jolies surprises et de multiples clins d’œil qui raviront les fans de la première heure. La fin que jamais au grand jamais nous ne déflorerons, est en revanche totalement stratosphérique, surprenante et somme toute assez prodigieuse. Elle vient nourrir les rêves de toujours d’Indy, et c’est même assez bouleversant. Rien que pour cette incroyable séquence, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée tire son épingle du jeu.

Harrison Ford est crépusculaire comme il faut l’être en pareille circonstance. Même si à bientôt 81 ans, il ne court pas réellement et on ne lui en voudra pas, il est juste totalement Indiana Jones, et comme c’est ce qu’on lui demande, c’est juste parfait. Il est émouvant sans jamais tomber non plus dans un inutile cabotinage. Mads Mikkelsen est un méchant comme on les aime. Tout ce que fait cet immense acteur est de l’ordre du magnétique, et il ne tombe jamais dans la caricature que lui tendait ce rôle de Jürgen Voller. Il lui donne même une profondeur, et finalement une complexité de rapprochement avec Indiana Jones, dans ces hommes d’une époque révolue. Phoebe Waller-Bridge est une Helena qui emporte haut la main la partie. Elle est très souvent drôle, toujours juste dans les intentions. Son énergie est assez irradiante, et si son lien à son super parrain est un peu une tarte à la crème scénaristique, son énergie est juste solaire, un plaisir. Indiana Jones et le Cadran de la Destinée a le grand mérite de ne pas être un ratage, ce qui au regard des attentes et de la difficulté à faire perdurer un tel mythe 42 ans après est en soi déjà une belle performance. Les fans seront de toute façon pleinement rassasiés, mais les plus sceptiques pourraient ne pas être trop aigris devant ce qui demeure de toute façon un assez incroyable spectacle de cinéma.

Titre Original: INDIANA JONES AND THE DIAL OF DESTINY

Réalisé par: James Mangold

Casting :  Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge, Mads Mikkelsen …

Genre: Action, Aventure

Sortie le : 28 Juin 2023

Distribué par : The Walt Disney Company France

BIEN

 

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