ÀMA GLORIA (Critique)

Par JM Aubert le mai 18, 2023 • ( 1 commentaire )

SYNOPSIS : Cléo a tout juste six ans. Elle aime follement Gloria, sa nounou qui l’élève depuis sa naissance. Mais Gloria doit retourner d’urgence au Cap-Vert, auprès de ses enfants. Avant son départ, Cléo lui demande de tenir une promesse : la revoir au plus vite. Gloria l’invite à venir dans sa famille et sur son île, passer un dernier été ensemble.

Àma Gloria est présenté en ouverture de la semaine de la Critique au Festival de Cannes 2023. Sa réalisatrice, Marie Amachoukeli est loin d’être une inconnue sur la croisette. En effet, en 2014, elle a obtenu pour Party Girl (2013) la Caméra d’Or. Elle vient ici avec Àma Gloria nous évoquer un lien rare et forcément précieux, de ceux qui compte pour toute une vie, puisqu’il s’agit du lien inconditionnel avec sa nounou. Au-delà de nous ramener à une époque chérie d’innocence, on pressent une déclaration d’amour à hauteur d’enfant, qui pourrait donc bien nous chambouler tout en douceur. La cinéaste ne dit d’ailleurs pas autre chose : » Avec Àma GLORIA, j’avais envie de raconter l’enfance. Et à mes yeux, l’enfance c’est un volcan, une berceuse, et l’amour fou qui nous unit à ceux qui nous élèvent. Qu’ils soient, ou non, de notre famille. » Et clairement la famille de Gloria, celle de Cléo, sont les mêmes et c’est aussi la nôtre. C’est le foyer, la chaleur, la douceur des petits drames. Ces moments où rien ne compte autant que les grands mots et maux de l’enfance, ces plus belles personnes que nous rencontrons. C’est un véritable récit d’apprentissage d’une abondante authenticité.

Tout ce que fait Cléo nous submerge, ses pleurs, ses rires, ses joies, chaque éclat est à vif. Tout nous ramène à l’originel, c’est juste d’une furieuse splendeur émotionnelle.
Cléo : « C’est petit chez toi «
Gloria : » Oui, c’est petit mais c’est chez moi « .
Car oui tout est immense chez Gloria, la chaleur de sa présence, du toucher, de l’odeur, de cette inconditionnalité du lien. L’amour d’un enfant, sans failles, sans attente même parfois. C’est juste le don, c’est toute la vie en grand, c’est tout ça Àma Gloria. C’est aussi la puissance d’une ellipse, cette absence maternelle, et cette substitution de l’amour perdue. Àma Gloria est une histoire de femmes, des grandes, des petites, mais toujours des magnifiques.

Les parties de foot entre petits et grands au soleil couchant partout dans le monde, dans des éclats de rire partagés, c’est le sacre de l’insouciance, la magie d’une indolence rêvée. C’est un bout d’éternité, un morceau d’utopie qui berce nos plus beaux moments alors qu’on ne le sait pas encore vraiment.

Oui, la mise en scène n’est qu’authenticité, avec ces images d’animation qui nous ramènent au manque, mais aussi à la pureté, à la beauté des rêves. Par tout ce qu’il caresse, le geste de cinéma de Marie Amachoukeli est renversant. Louise Mauroy-Panzani est une Cléo qui ne joue pas, tout le film est à sa hauteur, et c’est un infini. La pureté de ses émotions est bouleversante et comme on est tout le temps avec elle, qu’on est même un peu elle, on en sort chavirés, tant sa présence semble nous souffler à l’oreille le « Je t’aime fort « de nos enfants le soir venu. Un renversement. Ilça Moreno est une nounou Gloria comme on en a toujours rêvé. C’est une histoire de chaleur, de sensation. L’actrice donne cette puissance d’humanité à une Gloria qui s’efface toujours pour les autres, qui s’oublie toujours par amour. Àma Gloria est un petit bijou de sensorialité, un trésor d’empathie, un amour de grand cinéma.