J'ai quelque chose à vous dire...

J’AI QUELQUE CHOSE A VOUS DIRE… MICHAEL DOUGLAS

Cher Michael Douglas,

Aussi loin que je m’en souvienne vous avez fait partie de ma vie. Enfant, c’est ma passion pour les séries télé qui m’a fait faire votre connaissance en visionnant une « production Quinn Martin« , Les rues de San Francisco, dans laquelle vous faisiez équipe avec le vétéran Karl Malden dans la peau de l’inspecteur Steve Keller. Vous étiez déjà extrêmement charismatique et je crois bien que je vous ai adoré instantanément. Votre sourire familier (un petit air de famille avec votre père Kirk que vous n’avez jamais pu, ni voulu renier), votre empathie, votre bienveillance, tout était déjà là dans Les rues de San Francisco et ce durant les quatre saisons où vous étiez l’inspecteur Keller. Mais forcément, vous ne pouviez pas rester dans le confort d’une série, aussi réussie soit-elle. Il vous aura fallu deux ans après la série pour décrocher votre premier film notable, Morts suspectes de Michael Crichton puis vous avez enchainé avec Le syndrome chinois de James Bridges et Le Vainqueur de Steven Hilliard Stern. Pas des grands films peut-être mais des films efficaces dans lesquels vous étiez déjà ce comédien fascinant. Je n’ai pas honte de vous le dire, et même si les années ont été cruelles avec le film, j’ai pleuré devant Le Vainqueur, des larmes dont je me souviens encore et qui, si elles n’étaient pas mes premières devant un film, ont été de celles qui m’ont fait comprendre qu’être ému par une oeuvre est l’une des plus belles choses au monde. Vous êtes lié à ce souvenir et avant de citer d’autres raisons qui m’ont fait vous aimer encore et encore, je voulais me rappeler cette émotion que je n’ai jamais oubliée. J’ignorais à cette époque que vous aviez été en 1975 le producteur de Vol au-dessus d’un nid de coucou de Miloš Forman avec Jack Nicholson, un film qui me mettra une claque stratosphérique lorsque je le découvrirais quelques années plus tard.

Ce sont vos années 80 qui m’ont fait basculer de l’admiration à l’adulation car vous avez enchainé La nuit des juges de Peter Hyams, un film que j’adore littéralement puis A la poursuite du diamant vert de Robert Zemeckis dans lequel vous ressuscitiez aux côtés de Kathleen Turner le film d’aventures des années 50. Ah qu’est-ce que j’ai aimé ce film, drôle et enlevé, c’était vraiment un pur bonheur. Vous y étiez plein de mauvaise foi et de mauvaise humeur et votre relation avec votre co-vedette était pour beaucoup dans le plaisir qu’on y prenait. Mais il n’y a pas de hasard, vous avez explosé avec ce film en tant qu’acteur de premier plan à Hollywood et vous avez ensuite aligné au moins quatre films qui font partie de mon panthéon personnel (Liaison Fatale, Wall Street, Black Rain et La guerre des Rose) et dans lesquels vous jouiez des personnages aux antipodes les uns des autres, des personnages mythiques dans des films que je peux encore aujourd’hui voir et revoir sans me lasser. Mais rien que pour Gordon Gekko et Nick Conklin, merci encore et encore tant vous avez investi ces films et ces personnages de votre lumière, de votre cinégénie, de votre aura et que vous en avez fait des êtres uniques et à part. Gordon Gekko qui au passage vous a valu l’Oscar du meilleur acteur tellement mérité. Ce sourire carnassier, cette séduction machiavélique vous allaient réellement à merveille.

Par la suite, vous avez eu une trajectoire moins rectiligne mais vous avez empilé les rôles formidables et les personnages singuliers, forts, séduisants, troubles et profonds, signant ainsi une filmographie de premier ordre. Ils ne sont pas nombreux sur la planète Hollywood à pouvoir se targuer d’avoir à leur palmarès des rôles aussi forts et mythiques que ceux de Basic Instinct (vous y êtes phénoménal et votre face-à-face avec Sharon Stone est anthologique), Chute libre, Le président et Miss Wade, The Game, Traffic... Même des rôles moins « prestigieux » vous ont permis de figurer dans des productions loin d’être anodines (L’ombre et la proie, Wonder boys…) voire même l’immense Ma vie avec Liberace tourné pour la télévision mais présenté au Festival de Cannes en 2013 où vous étiez admirable, surprenant et audacieux. Cannes où vous allez cette année recevoir la prestigieuse Palme d’Or d’honneur que vous méritez tant, tant vous êtes ce comédien, producteur, artiste total et complet, qui n’est pas que le fils de son père mais qui s’est fait un prénom et forgé un destin à la force du poignet, de son talent et de ses convictions.

Je pourrais encore vous tresser des lauriers, envier les jeunes générations qui vous découvrent dans l’univers Marvel, je pourrais tenter de retranscrire toute l’admiration que je porte à l’homme et à l’artiste. Je pourrais vous dire que vous étiez un prodigieux acteur comique dans La méthode Kominsky et que je brûle d’impatience de vous voir dans les mini-séries Franklin ou Reagan & Gorbactchev, mais tous ces mots qui s’envolent vers vous et qui ne vous atteindront peut-être jamais ne seront de toute manière que peu de choses en regard du bonheur fou de spectateur que vous m’avez offert depuis presque 50 ans. A bas la pudeur, à bas les mots que l’on tait et qu’on ne dit trop souvent que lorsqu’il est trop tard, mais voilà la vérité est là, je vous aime Michael Douglas. Vous êtes un artiste majeur, un de ces artistes majuscules qui s’insinuent dans les vies de leurs admirateurs pour leur offrir leur talent en bouquet et mettre des couleurs dans leurs vies.

Avec toute mon admiration, votre dévoué Fred Teper.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s