SYNOPSIS : Royaume de Chine, Xème siècle Deux clans ennemis s’affrontent : les Song, dynastie royale, et les Khitan, peuple nomade guerrier. Qiao Feng du clan Song est un héros chevaleresque respecté, maître en arts martiaux. Accusé à tort d’avoir tué un chef de son propre clan, Qiao Feng est banni. Pour prouver son innocence, il s’engage dans un long périple, parsemé de combats extraordinaires, entre demi-dieux et semi-démons.
Alors qu’il vient d’appuyer encore plus sa légende avec son apparition proprement réjouissante au sein du virevoltant John Wick 4 cette année, Donnie Yen ne perd définitivement pas son souffle puisqu’il est également à l’œuvre sur la grande adaptation cinématographique de la saga Wu Xia Pian Demi-Gods and Semi-Devils écrite par Jin Yong. A la fois tête d’affiche et réalisateur du film, Yen propose avec cette relecture un grand spectacle à l’action ahurissante malgré une narration méandreuse. Sakra, sous-titré La Légende des Demi-Dieux en France, raconte l’épopée épique de Qiao Feng, illustre chef du Gang des Mendiants agissant dans l’Empire Song, alors en guerre contre l’Empire Khitan. Un jour, il est accusé à tort du meurtre d’un chef de clan, et est contraint de fuir. Pendant son exil, il croise la route d’Azhu, une jeune servante qu’il se jure de protéger… Si ce long-métrage prend des airs d’introduction à une saga cinématographique bien plus large (les scènes post-génériques font remonter un big bad façon MCU), ce Sakra est un objet curieusement confus, à la fois actioner complètement dingue et fresque grandiose probablement bien trop complexe pour ses épaules. En adaptant son matériau de base, l’armée de scénaristes du film (Sheng Lingzhi, Zhu Wei, He Ben, Chen Li, Shen Lejing et Xu Yifan) se sont heurtés à un mur en condensant une intrigue ample et mythologique, peuplée de créatures magiques, de demi-dieux et de combattants surpuissants, en un long-métrage d’un peu plus de 2 heures. Le scénario de Sakra est son plus gros défaut, beaucoup trop diffus et faussement complexe, entortillant le récit dans une suite un brin chaotique de grosses scènes d’action, de présentations de personnages et d’enjeux inarrêtables. Le film semble même ne pas vouloir se poser, ni s’arrêter en fin de parcours, enchaînant les séquences finales conclues par un même fondu au noir. A terme, Sakra ne sait plus trop ce qu’il doit dire de ses personnages que l’on a souvent du mal à situer, ni de ses enjeux qui prennent une dimension spirituellement supérieure lorsqu’on a encore du mal à s’attacher aux deux protagonistes du récit.
Mais derrière cette forme parfaitement boiteuse, Yen profite de cet écrin brouillon pour faire exploser son appétit pour l’action délicieusement distribuée tout au long du film. En amplifiant le kung-fu avec tout un tas de pouvoirs magiques (gonflant à la fois la force, les rapports aux éléments, aux localisations et aux différentes situations qui occasionnent les combats), les chorégraphies de Sakra appuient, avec enthousiasme et un amour tout particulier de la créativité, l’ambition toute affirmée de Yen et de Kenji Tanigaki (qui signe les chorégraphies) de lier à la fois la tradition chinoise/hong-kongaise et les possibilités techniques modernes. Le tout sonne comme une apothéose à chaque grosse séquence animée, notamment au centre du long-métrage lorsque Qiao Feng affronte plusieurs dizaines de membres de son clan autour d’une table.
Niveau grand spectacle, le cinéma contemporain aura rarement autant donné en intensité physique et en trouvailles scéniques qu’au sein de ce Wu Xia moderne. Donnie Yen porte le film avec une grande classe et une maîtrise totale de son corps, son protagoniste éclatant l’écran par sa solidité et par son agilité totale qui le place encore et toujours dans le peloton de tête des plus grandes stars de l’action mondiale.
Sakra est donc une proposition diablement complexe et contradictoire, offrant un pur moment d’action dans la lignée évidente de la tradition cinématographique asiatique, qui titube pourtant fébrilement derrière une écriture rushée et profondément déséquilibrée. Le tout manque clairement de clarté et d’ouverture vers son spectateur, semblant presque le diriger vers les livres originaux pour combler ses propres lacunes à l’écran. Mais cette narration écrasée n’empêche pas le cœur du film (à savoir l’action) de mener une aventure tambour battant aux côtés d’un maître des Arts Martiaux sur la quête de la justice, de la vérité et d’une part de vengeance.
Titre Original: TIN LUNG BAAT BOU
Réalisé par: Donnie Yen
Casting: Donnie Yen, Yuqi Chen, Cheung Siu Fai …
Genre: Action, Arts martiaux, Historique, Aventure
Sortie le: 10 mai 2023
Distribué par: Eurozoom
BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020