Critiques Cinéma

SUR L’ADAMANT (Critique)

SYNOPSIS: L’Adamant est un Centre de Jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien.

Couronné d’un Ours d’Or à la dernière Berlinale par le jury présidé par Kristen Stewart, Sur l’Adamant de Nicolas Philibert confirme l’essor de la victoire des documentaires dans des festivals prestigieux – on se souvient de celle de Toute la beauté et le sang versé de Laura Poitras l’an dernier à Venise. Cador du cinéma documentaire français, Philibert revient avec un essai sur un sujet sensible – les troubles psychiques cinq ans après De chaque instant qui se déroulait déjà dans l’univers médical. Pourtant, Sur l’Adamant, il n’est pas forcément question d’hôpital ou de chambre, mais plutôt d’un bâtiment flottant sur les bords de la Seine, et qui accueille au quotidien des personnes parfois laissées pour compte par la société en raison de leurs troubles psychiques. Philibert leur donne donc la parole, et nous propose une plongée fascinante, dénuée de tout voyeurisme, dans un monde mal vu, mal jugé, et que bien des institutions comme la culture n’ont eu de cesse de mal représenter. Ce sujet-là, Nicolas Philibert l’avait déjà représenté dans La moindre des choses sorti en 1997. Il est intéressant, au-delà de le voir revenir sur le thème de la psychiatrie, de constater la différence de moyens depuis vingt-cinq ans. On le sait, le système de santé publique connaît de graves difficultés, mais le voir ainsi représenté dans un tel état de délaissement, voire même pire, d’indifférence, ne peut que révolter.


Ces patients-là qu’il filme, on finit par s’y attacher : Nicolas Philibert leur offre une plateforme idéale pour montrer leur humanité, leur dignité, ainsi que celle du personnel soignant, dévoué au-delà de leurs forces. Au gré des activités, des interactions, il tricote et monte un quotidien qui n’est jamais deux fois le même, mais qui, sorti du cadre habituel des structures médicales, offre un espace alternatif d’expression qui ressemble davantage aux patients. La dureté de certaines situations ne fait pas oublier l’empathie extrême de Philibert pour ces oubliés de la société. Finalement, le documentaire interroge le regard que l’on porte sur eux au quotidien, consciemment ou pas.



Cette première partie d’un triptyque sur l’état de la psychiatrie en France initié par le réalisateur frappe donc très fort, avec son cadre inattendu, ses patients terriblement attachants et sa plongée sans concession sur un pan de la société que l’on nous dit d’ignorer. A ce titre, et même si cette expression semble galvaudée, Sur l’adamant se révèle être, malgré quelques longueurs, un documentaire nécessaire, d’utilité publique.

Titre Original: SUR L’ADAMANT

Réalisé par: Nicolas Philibert

Casting : – 

Genre: Documentaire

Sortie le : 19 Avril 2023

Distribué par: Les Films du Losange

TRÈS BIEN

 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s