Critiques Cinéma

APACHES (Critique)

SYNOPSIS: 1900. De Montmartre à Belleville, Paris est aux mains de gangs ultra violents qui font régner la terreur sur la capitale : les Apaches. Prête à tout pour venger la mort de son frère, une jeune femme intègre un gang. Mais plus elle se rapproche de l’homme qu’elle veut éliminer, plus elle est fascinée par ce dernier. 

Les sorties cinéma récentes permettent de sortir, à ceux qui répètent inlassablement et sans aucun regard intéressé que le cinéma français n’a rien de plus à offrir que des comédies potaches et des nanars de compétition, une belle carte Joker en guise de pied-de-nez. Alors que la tête du box-office est trustée par la nouvelle adaptation des Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon, c’est au tour de Romain Quirot de faire son retour sur grand écran, 3 ans après le post-apocalyptique Le Dernier Voyage.  Apaches suit les méfaits de la bande éponyme qui terrifiait Paris au début du XXe Siècle. Alors que la jeune Billie sort de prison après y avoir été jetée pour un crime dont elle était la témoin, celle-ci se lance à la poursuite du gang des Loups de la Butte mené par Jésus, la cause de tous ses maux. Mais en passant du temps à ses côtés, Billie commence à percevoir une place pour elle à l’intérieur de ce groupe… Signant une variation française du film de gang qui se construit sur une esthétique très référencée – le western est à l’honneur, entre quelques reprises pop des mimiques classiques popularisées par Scorsese, Tarantino et Guy RitchieQuirot pose les bases d’un film osé, à la direction assumée qui s’amuse de sa propre violence et de son unicité dans le paysage audiovisuel francophone actuel. Apaches est un revenge movie sanglant qui, pavé d’anarchisme, décompose le cinéma de gang pour en faire le récit anti-héroïque d’une femme éprise de vengeance trouvant petit à petit un certain équilibre dans le chaos.



La photographie de Jean-Paul Agostini, tour à tour sèche, pulp, colorée et jouissive, sert alors de balance à la tonalité du film, lequel profite du talent de ses comédiens et comédiennes pour jongler entre la comédie noire, le polar vengeur et le drame politique. Apaches balaie sa place au cœur du cinéma français avec un bagout réjouissant et une envie évidente de proposer un spectacle rare tout en ne s’empêchant pas à un seul instant d’être très accessible à son public, voire même un peu trop didactique. Quelques facilités de montage superflues, notamment sa voix off explicite et les cartons de chapitrage, empêchent le film de se poser et de s’exprimer totalement par le biais de son image. Pourtant, le reste d’Apaches est particulièrement réussi, sa solidité provenant à la fois de la force de sa reconstitution esthétique (les costumes colorés de Nadia Chmilewski et les décors amples de Irène Marinari sont des plaisirs visuels) ainsi que des talents alignés à son casting.



Le plus grand hold-up du film provient d’Alice Isaaz, qui traverse le film avec une rage dissimulée et des traumas profonds qui habitent le personnage de Billie. Face à elle, le gang des Loups de la Butte est un assemblage hétéroclite étonnamment très fonctionnel, sous la tutelle de l’impeccable Niels Schneider, absolument parfait en leader scarifié à l’autodestruction contagieuse. Le reste de la bande se partage le reste de l’écran avec beaucoup de talent, campés par Rod Paradot en nouvelle recrue, Artus en figure de  » gros nounours « , Dominique Pinon en barman au doux surnom de  » Gueule de Bois  » et Emilie Gavois-Kahn en patronne des filles du coin.



Avec Apaches, Romain Quirot signe un divertissement enthousiasmant, par sa proposition comme par son exécution, même s’il s’efface parfois sous la bannière de son concept. L’ensemble aurait probablement mérité plus d’ampleur, bien qu’il paraisse évident que le budget alloué à un tel film ne le permettre sans doute par encore. Mais Apaches reste une proposition bien trop rare, un coup de poing stylistique qui flingue l’écran façon guerre de rue et règlements de compte, sous l’égide d’une Alice Isaaz en pièce motrice furieuse et d’une esthétique démente qui embrase l’écran de son intrépidité assumée.

Titre original: APACHES

Réalisé par: Romain Quirot

Casting : Alice Isaaz, Niels Schneider, Rod Paradot…

Genre:  Drame, Historique

Sortie le: 29 Mars 2023

Distribué par : Tandem

TRÈS BIEN

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