SYNOPSIS : L’agent spécial Orson Fortune et son équipe recrutent l’une des plus grandes stars de cinéma pour les aider dans une mission d’infiltration lorsque la vente d’une nouvelle technologie d’arme mortelle menace de perturber l’ordre mondial. 

Arnaques, Crimes et Botanique (1998) et Snatch : Tu braques ou tu raques (2000) sont les deux premiers films qui ont lancé la carrière de Jason Statham, mais surtout celle de son réalisateur Guy Ritchie. Il imposa aussitôt sa patte si particulière en nous offrant deux films à couper le souffle. La suite de sa carrière est en dent de scie et l’a vu réaliser des films un peu en deçà mais également les deux excellents volets de Sherlock Holmes. Plus tard, il s’est cassé les dents en s’essayant aux grandes productions hollywoodiennes : Le roi Arthur et Aladdin. Après cet épisode, celui-ci décida de revenir à ses premiers amours avec un The Gentlemen un peu poussif puis Un homme en colère. Deux ans plus tard, il est de retour dans un registre qu’il connait et maitrise, le monde des gangsters. Opération Fortune : Ruse de guerre fait le choix audacieux « d’oublier » la traditionnelle scène d’ouverture où les grands méchants volent les gentils. Et c’est plutôt malin, on découvre la scène du braquage en mode silencieux, sur les images de vidéo surveillance que regarde Nathan Jasmine (Cary Elwes) et Knighton (Eddie Marsan) deux membres du gouvernement britannique qui veulent rassembler une équipe de spécialistes afin de retrouver ce qui a été volé. Cette équipe est composée de Sarah Fidel (Aubrey Plaza), J.J (Bugzy Malone) et mené par le célèbre espion Orson Fortune (Jason Statham).

Afin de pouvoir s’infiltrer à un gala de charité à Cannes organisé par un célèbre marchand d’arme du nom de Simmonds (Hugh Grant), l’équipe a l’idée absurde d’engager, contre sa volonté (en le faisant chanter), la star de cinéma préféré de Simmonds : Danny Francesco (Josh Hartnett). Cette partie du scénario n’est pas sans rappeler le récent Un talent en or massif avec Nicolas Cage, même si celui-ci se voulait davantage pencher sur la comédie. Ritchie fait lui le choix d’aller dans la direction opposée en misant sur l’action. Notre équipe va donc se lancer à la poursuite d’une mallette (dont il ignore le contenu) et partir aux 4 coins du monde dans une folle course contre la montre. Le style de Guy Ritchie implique généralement des dialogues sarcastiques couplés à un rythme effréné ainsi qu’une histoire qui joue avec une structure non linéaire entrecoupé de flashbacks. C’est sur ce point que l’on est un peu déçu, l’histoire étant un peu trop simpliste et sans vraiment de suspense, et surtout aucun retournement de situation, chose auquel nous avait habitué le réalisateur. La part d’étonnement a disparu et on regrette également le manque d’excentricité.

Ses précédents films nous ayant généralement habitué à des personnages haut en couleurs, ici rien de transcendant, les personnages sont plus « classiques ». Le film n’exploite pas leur potentiel, par exemple pour Orson, malgré les multiples phobies dont il souffre, celle-ci ne sont jamais montrées, alors qu’il y avait des possibilités de pouvoir les développer, ce qui aurait rendu le personnage vraiment excentrique et ainsi nous offrir une dose d’humour supplémentaire. De ce côté-là, la part belle revient à Aubrey Plaza qui s’en donne à cœur joie, elle est incontestablement la touche humoristique du film, elle n’hésite pas à envoyer des tacles (voire des avances) à son chef d’équipe. Néanmoins, on sent un Ritchie beaucoup plus libéré que par le passé, il a envie de se faire plaisir et ça se sent. Il nous offre une mise en scène brute et dynamique, les scènes d’actions sont au juste niveau, fusillades, poursuites en voiture, tout y est sans jamais trop en faire. Côté casting c’est un sans-faute. Statham est, comme souvent, à la hauteur et fait le boulot qu’on lui demande en jouant le mec viril au grand cœur. Aubrey Plaza que l’on a déjà évoqué plus haut, survole le film, tandis que le duo star des années fin 1990-2000, Hugh Grant et Josh Harnett excellent en incarnant deux personnages un peu loufoques.

Malheureusement pour lui, le film n’aura pas la chance de passer par la case grand écran, la production ayant connu des difficultés. Le film devait sorti initialement en mars 2022 au cinéma. Il sera retiré des plannings en raison de la guerre en Ukraine, le film racontant initialement l’histoire d’une équipe de gangsters ukrainiens en tant qu’hommes de main du marchand d’armes (Hugh Grant). De plus, Les difficultés financières de STX Entertainment ont obligé les producteurs à sortir le film sur la plateforme PrimeVideo via la société Lionsgate. Malgré cela et les quelques ingrédients manquants, le film nous offre une bonne dose de fun avec un scénario qui va 100 à l’heure, le tout avec une petite pointe d’humour. On passe un très bon moment devant ce nouveau Guy Ritchie, même si ce dernier nous a habitué à mieux.