SYNOPSIS: L’histoire poignante d’un jeune soldat allemand sur le front occidental pendant la Première Guerre mondiale. En première ligne, Paul et ses camarades voient l’euphorie initiale se muer en désespoir et en épouvante quand ils se retrouvent à défendre leurs vies au fond des tranchées.
Il n’y a effectivement rien de nouveau à la vue d’une nouvelle adaptation du roman allemand culte A l’Ouest, rien de Nouveau. Déjà passé par la case cinéma en 1930 sous la houlette de Lewis Milestone, et pour le petit écran en 1979 avec Delbert Mann, le récit d’Erich Maria Remarque s’offre un nouveau portage en 2023 – à cette différence près qu’il reprend ses racines allemandes sous la caméra du réalisateur Edward Berger pour Netflix. L’histoire d’A l’Ouest, rien de Nouveau suit le parcours du jeune Paul, un adolescent de 17 ans engagé dans l’armée germanique en 1917 après les diatribes euphoriques et patriotiques de ses professeurs. D’abord plein d’entrain, Paul déchante très vite lorsqu’il se rend compte de la violence de la guerre où il a été envoyé, ainsi que des conditions terribles des batailles en tranchées. Ne restent plus que la survie, la mort et la désolation autour de Paul et de ses amis/camarades de régiment, alors que non loin de là l’homme politique Matthias Erzberger rencontre le Maréchal Foch afin de signer une armistice à cette guerre inutile. S’il avait de quoi ressembler à tous les films de guerre qu’on a vu poindre sur grand écran depuis des décennies, c’est avec une très grande surprise que cette réédition moderne d’A l’Ouest, rien de Nouveau vient fièrement s’affirmer comme un ajout bouleversant et remarquable à la liste des œuvres ayant réussis avec grande précision à dépeindre la violence absurde de la guerre.
En concentrant l’action du côté allemand en confondant son point de vue à celui d’un adolescent enthousiaste à la recherche d’héroïsme qui voit ses rêves partir en fumée en même temps que ses camarades s’écroulent sur le champ de bataille, Edward Berger signe un très grand film historique, à la portée gigantesque et aux expressions scéniques magistrales lors de scènes d’action déchirantes et particulièrement rauques. Par l’usage de plans-séquence vertigineux, d’effets spéciaux bluffants et d’une photographie absolument sublime qui vient constamment dévorer de couleurs ses protagonistes, A l’Ouest, rien de Nouveau débute comme un film de guerre pour terminer douloureusement en film d’horreur total, où les corps volent en éclats, où les vies se terminent brutalement dans des cratères d’obus au cœur du no man’s Land, et où la tragédie guette toutes ces âmes condamnées à être tués au nom de leurs rêves morts avec eux au début de la guerre.
Appuyé par la composition électrique et somptueuse de Volker Bertelmann et par les images et lumières ravageuses de James Friend, A l’Ouest, rien de Nouveau est une proposition de cinéma total, une retranscription acerbe, complète et absurde du chaos par le prisme de cette Grande Guerre qui ne laissera derrière elle que des paysages détruits et des montagnes de cadavres des deux côtés. Et c’est lorsque Berger vient centrer sa caméra sur les hauts-gradés français et allemands, incapables de trouver un accord pour arrêter le massacre et donc condamnant au passage encore plus de soldats, qu’il achève de faire briller son film.
Grâce aux performances époustouflantes de Felix Kammerer, Albrecht Schuch, Moritz Klaus mais aussi Daniel Brühl et Thibault de Montalembert, Edward Berger compose un grand film au spectacle destructeur global, une démonstration de cinéma à chaque instant qui bouleverse, terrifie, déchire et passionne en plongeant dans les entrailles de la Première Guerre Mondiale avec une agilité vertigineuse. Il n’y a donc guère d’étonnement de voir ce gros morceau de 7ème Art être reparti de la dernière cérémonie des Oscars avec pas moins de quatre statuettes.
Titre Original: IM WESTEN NICHTS NEUES
Réalisé par: Edward Berger
Casting : Felix Kammerer, Albrecht Schuch, Aaron Hilmer …
Genre: Drame, Guerre, Historique
Sortie le :28 Octobre 2022
Distribué par: Netflix France
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Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020