SYNOPSIS: Joe s’envole pour Londres dans l’espoir d’enterrer le passé et de repartir à zéro. Mais sur le chemin hasardeux de sa rédemption, une nouvelle obsession le captive déjà.:
ATTENTION SPOILERS :
Cet article révèle certains rebondissements de la saison 1 et nous vous conseillons sa lecture après visionnage
Entre la première partie de la saison 4 de You et sa deuxième, il ne se sera écoulé qu’un “seul” mois d’attente pour faire patienter les fans de Joe Goldberg (si tant est qu’il ait des fans). Si le choix peut paraître pertinent au vu du bond temporel de quelques mois qui sépare narrativement les deux parties, on est pourtant perplexes face à cette décision qui ressemble à s’y méprendre à celle d’AMC avec ses saisons de Breaking Bad, Mad Men, et bien sûr The Walking Dead. En effet, si du temps est passé pour la bande de socialites odieux de Londres, ravagés par le tueur surnommé “Eat the rich”, il n’y a pas la moindre once d’évolution dans leur mentalité, dont on a l’impression qu’elle n’a pas changé alors qu’ils ont vécu des évènements traumatisants – ce n’est pas tous les jours que votre prof de littérature est accusé de meurtre. Pourtant, cette deuxième partie de saison 4 de You a l’avantage de pouvoir mieux gérer les personnages qu’il reste, et ceux dont on était sans nouvelles, jusqu’à maintenant. Attention, pour mieux expliquer notre point de vue sur les évènements de cette deuxième partie, on vous prévient : ça va spoiler.
Ainsi donc, Joe EST bel et bien le tueur “Eat the rich”. Nous découvrons médusés en même temps que lui, avec un twist ahurissant de débilité rappelant les pires heures d’une saison de Dexter, que Joe est schizophrène, et les amnésies étant le fruit de son cerveau quelque peu secoué depuis toutes ces années. Les signes étaient bien là, notamment l’attitude parfois étrange en société de Joe, qui pouvait faire se lever vos sourcils précédemment. Pourtant, on peut se demander dans quelle mesure ce twist va impacter la prochaine saison, étant donné que le seul enjeu majeur de cette deuxième partie, à savoir Marienne, semble être définitivement hors de la carte.
Le souci, c’est qu’en enfermant Joe avec son double incarné par Ed Speelers avec une délectation toute rafraîchissante, le reste des personnages a le temps de tourner en rond. Le couple d’influenceurs notamment est totalement déconnecté des autres enjeux, et Kate, pourtant prometteuse dans son face-à-face avec Joe, perd toute épaisseur avec cette intrigue inutile autour de son père, joué cependant avec ce qu’il faut de froideur par Greg Kinnear. Le soap se mélange mal avec le côté sanglant, et la pauvre Nadia, victime collatérale de Joe, est le seul personnage qui se révèle, malheureusement trop tard pour que l’on ait l’empathie nécessaire à son sort cruel, et bien pire que la mort.
Pour revenir à Joe, on peut regretter que la série ait pris le parti d’une certaine lâcheté, en refusant de le rendre maître de ses décisions et de ses meurtres. Ce qu’il y avait d’intéressant avec Joe Goldberg depuis le début de la série, en dépit de tous ses nombreux défauts, est qu’il était un homme lucide, en déni total de ses actes, mais qui ne se reposait pas sur une quelconque pathologie mentale pour se dédouaner. C’était un homme en apparence normal, charmant, qui prouvait avec ses nombreuses victimes que sa dangerosité était presque banale, habituelle, même.
Le résultat reste bien plus divertissant que la première partie, mais il est temps pour Joe de partir de Londres, et de revenir à ses racines new-yorkaises. De l’aveu même de Penn Badgley, You commence à durer un peu trop pour que Joe Goldberg s’en tire à chaque fois. Avec Stranger Things et The Crown, va-t-on assister prochainement à la fin de l’une des séries Netflix les plus populaires de son catalogue ?
Crédits: Netflix