SYNOPSIS: Alger. Houria est une jeune et talentueuse danseuse. Femme de ménage le jour, elle participe à des paris clandestins la nuit. Mais un soir où elle a gagné gros, elle est violemment agressée par Ali et se retrouve à l’hôpital. Ses rêves de carrière de ballerine s’envolent. Elle doit alors accepter et aimer son nouveau corps. Entourée d’une communauté de femmes, Houria va retrouver un sens à sa vie en inscrivant la danse dans la reconstruction et sublimation des corps blessés…
Quatre ans après le succès critique de son premier long-métrage Papicha – qui sera reparti de la Cérémonie des César avec le trophée du Meilleur Premier Film et le sacre de la découverte flamboyante de Lyna Khoudri – la réalisatrice Mounia Meddour repart installer sa caméra en Algérie, avec la même Lyna Khoudri en tête d’affiche de son Houria. Le film suit le personnage éponyme, une jeune danseuse aux ambitions d’excellence, femme de ménage le jour et parieuse clandestine la nuit, qui voit ses espoirs futurs voler en éclat lorsqu’elle est violemment agressée un soir. Son accident l’ayant littéralement laissée sans voix et les jambes en morceaux , Houria s’enferme sur elle-même alors qu’elle se joint à un groupe de femmes pour encadrer sa rééducation. Petit à petit, la jeune femme va apprendre à redécouvrir son corps et à avoir de nouveau espoir en l’avenir. Car Houria est le portrait délicat de cette femme, physiquement démolie, dont les stigmates de son accident s’ancrent dans le personnage par ses cicatrices comme par son mutisme.
Lyna Khoudri dispose alors à sa guise d’une performance extraordinaire, composant son rôle dans ses silences douloureux. L’on suit alors, entre divers parcours initiatiques ayant pour ambition de soigner les maux de la protagoniste, les évolutions de son rapport au corps, aux fêlures, à sa place d’artiste et de femme dans la société algérienne et le rêve d’un nouveau monde ailleurs – rêve qui s’incarne d’ailleurs dans certains autres personnages et qui pèse dans la conclusion du film. Mais Houria, au-delà d’être un film de danse qui partage beaucoup de similitudes avec le En Corps de Cédric Klapisch sorti l’an dernier, est surtout la peinture d’une reconstruction, qui jouit en son centre d’un personnage de femme à la fois forte et tragique.
Par le sentiment de sororité qui se crée parmi cette poignée de femmes aussi brisées par la vie qui se cherchent chacune un avenir dans leur douleur, Mounia Meddour arrive – en déployant une mise en scène solaire à la sensualité impressionnante – à dérouler son récit qui, bien qu’il ait effectivement déjà été raconté par le passé, marque par son identité propre. La photographie de Léo Lefèvre, s’attardant sur les détails des corps, les couchers de soleil, les mouvements elliptiques des danseurs et les regards maintenus ou fuyants, ancre l’ambition du film dans une émotion subtile, une connexion en filigrane de l’image qui secoue par sa force, surprend par sa charge sentimentale et bouleverse finalement par son humanité. C’est d’ailleurs ce qui fait la singularité de sa conclusion, mutique comme une extension de sa protagoniste éponyme, qui laisse parler les chorégraphies et les signes en harmonie pour souligner la catharsis de cette jeune femme qui trouve dans la danse son seul et unique moyen d’expression.
En exploitant le talent radieux de Lyna Khoudri qui porte le film par sa fragilité et sa puissante scénique qui embrase l’écran, Mounia Meddour propose avec son Houria un portrait profondément délicat à la sensualité enivrante d’une humanité mise en lambeaux qui tente de panser ses plaies. En invoquant un récit féministe et délicat au milieu des décors ensoleillés d’Alger, ce deuxième long-métrage est une confirmation singulièrement subtile et baignée de lumière qui séduit profondément avant de laisser son empreinte poignante dans l’imaginaire de la danse au cinéma.
Titre Original: HOURIA
Réalisé par: Mounia Meddour
Casting : Lyna Khoudri, Amira Hilda Douaouda, Rachida Brakni …
Genre: Drame
Sortie le : 15 Mars 2023
Distribué par: Le Pacte
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020