Critiques Cinéma

THE HOST (Critique)

SYNOPSIS: A Séoul, Gang-du tient un petit snack au bord de la rivière où il vit avec sa famille, dont sa fille adorée Hyun-seo. Un jour, un monstre géant surgit des profondeurs de la rivière et attaque la foule. Gang-du tente de s’enfuir avec sa fille, mais elle est enlevée brusquement par le monstre, qui disparaît au fond de la rivière. La famille Park décide alors de partir à la recherche de la créature, pour retrouver Hyun-seo… 

S’il n’a évidemment pas fallu attendre le sacre unanime de Parasite en 2019 (en raflant sur son passage les trophées les plus convoités du Festival de Cannes et des Oscars) pour que le nom de Bong Joon-ho ne vienne siéger aux côtés de ceux des plus grands metteurs en scène actuels, son succès a tout de même quelque chose de salutaire, notamment dans la façon dont il a réussi à positionner le cinéma coréen au centre des regards internationaux. Une occasion de jeter à nouveau un œil sur la filmographie absolument exemplaire du réalisateur, dont le talent de conteur et de composeur d’images en aura fait une figure majeure voire même moteur du cinéma de ce siècle. Ses débuts maîtrisés avec Barking Dog, sa confirmation tonitruante avec son monument Memories of Murder, son drame personnel Mother, son aventure américaine (mais pas tant) avec la brillante adaptation de Snowpiercer, la géniale trouvaille écologique Okja pour Netflix et enfin la bulle de tension millimétrée Parasite : on en est venu à attendre, presque frénétiquement, la prochaine pièce qui viendra s’ajouter à ce flot de grands films ; Son Mickey7, avec Robert Pattinson, arrivera en 2024. Mais pour patienter, le grand écran reprendra bien un peu de Bong Joon-ho, via la ressortie en 4k de son film de monstre The Host qui refait depuis 2006 son premier tour dans les salles françaises.



The Host raconte l’histoire de Gang-du, un père immature qui gère avec son père un petit snack à Séoul. Après que deux biologistes aient versés des produits hautement toxiques dans un laboratoire à proximité, une créature difforme fait son apparition aux abords de la rivière. Lorsqu’elle s’attaque subitement aux passants, le monstre enlève Hyun-seo, la fille de Gang-du, avant de l’emporter avec elle dans les égouts. Mis en quarantaine par l’armée qui soupçonne la créature d’être porteuse d’un virus, la famille Park – Gang-du, son frère chômeur Nam-il, sa sœur médaillée de tir à l’arc Nam-joo et leur père Hee-bong – pleurent la mort de Hyun-seo avant de recevoir un appel téléphonique qui leur confirme qu’elle est toujours vivante. Gang-du et les Park vont alors monter leur propre et dysfonctionnelle mission de sauvetage pour sortir Hyun-seo de la tanière du monstre…



Car, s’il propose pourtant une partition spectaculaire autour de sa créature éponyme (c’est lui l’hôte du présumé virus qui se déploie en Corée) composée par un ensemble d’effets spéciaux savoureusement efficaces, The Host est moins un film de monstre qu’un drame familial centré sur un père pas vraiment fait pour être père. Bong Joon-ho et Baek Chul-hyun déploient alors dans leur scénario une science quasiment parfaite de la construction de personnages avec un humour délicieusement dosé. Ces protagonistes heurtés par la vie, percés par le deuil, traumatisés par l’enlèvement de la petite Hyun-seo, sont criblés de défauts qui versent souvent dans un pathétique particulièrement touchant. Bong Joon-ho fait ici un sans faute sur la gestion de son ton, parvenant à construire avec énormément de justesse un drame de grand spectacle, invoquant un souffle épique dans ses moments clés et de gros accents de film d’horreur, tout en étant articulés sur des pivots narratifs débordant d’humour et de second degré. The Host est une véritable démonstration de mise en scène, se positionnant à la fois comme la chronique attachante d’une famille dysfonctionnelle qui tente de se rabibocher dans l’adversité, la fable inquiétante d’une jeune fille courageuse qui tente d’échapper à son monstre, une critique brûlante de la violence de la politique américaine par le biais de la gestion calamiteuse qu’ils mènent autour de ce virus, autant qu’un positionnement écologique massif dans son sous-texte. Et comme il a su le prouver à merveille à de nombreuses reprises, Bong Joon-ho n’est pas seulement un illustre raconteur, il est également un talent indéniable dans le rassemblement et la direction de ses comédiens, qui trouvent chacun à leur façon un terrain parfait pour exprimer leurs palettes de jeu. Dans The Host, c’est le grand Song Kang-ho – l’acteur fétiche du metteur en scène – qui mène la danse, grâce à un personnage génialement fragile, dont la maladresse et la simplicité le rendent autant humain qu’attachant. Il est soutenu par Byeon Hee-bong et Bae Doona – le frère diplômé mais sans emploi, et la sœur archère qui vient de laisser échapper une médaille d’or – ainsi que Park Hae-il qui campe le paternel de cette fratrie improbable. Go Ah-seong referme le casting de cette petite famille en incarnant avec force le parcours de cette adolescente survivante de l’autre côté du récit et de la rivière.



2023 sera donc l’occasion pour les aficionados de cinéma coréen de revoir les expérimentations monstrueuses de Bong Joon-ho sur grand écran, et pour les néophytes de découvrir un énorme morceau de l’œuvre du metteur en scène – à savoir un film qui déploie des thématiques massives et un talent remarquable dans la composition de l’image et dans la gestion de sa bande-son. The Host est une aventure spectaculaire et explosive vue par les yeux d’une famille marginale et génialement imparfaite qui vogue entre les drames, le surjeu émotionnel, les instants de chamaillerie qui glissent vers de la fugace complicité et les révélations héroïques et épiques qui jalonnent la fin du parcours. Nous ne saurons plus vous conseiller d’aller à la rencontre de ce monstre, des Park et de leurs défauts, des cheveux blonds de Song Kang-du, de la magnifique bande-originale de Lee Byeong-woo et de ce gros moment de spectacle et d’émotions qui éclate dans un superbe cocktail (molotov). Les marques d’un grand film, un parmi ceux d’un grand maître du cinéma moderne.

Titre Original: GWOEMUL

Réalisé par: Bong Joon Ho

Casting : Song Kang-Ho, Hie-bong Byeon, Park Hae-il …

Genre: Fantastique, Action, Drame

Sortie le : 22 Novembre 2006

Ressortie le : 8 mars 2023

Distribué par: The Jokers / Les Bookmakers

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