SYNOPSIS: En 1977, Daisy Jones & The Six était au sommet du monde. Mené par deux chanteurs charismatiques, Daisy Jones (Riley Keough) et Billy Dunne (Sam Claflin), le groupe est passé de l’obscurité à la gloire. Et puis, après un spectacle à guichets fermés au Soldier Field de Chicago, ils se sont séparés. Aujourd’hui, des décennies plus tard, les membres du groupe acceptent enfin de révéler la vérité et d’en dire davantage sur l’implosion du groupe pourtant au sommet de sa gloire.
Sorti en 2019, Daisy Jones & The Six est rapidement devenu un best-seller mondial. Il est écrit par l’autrice Taylor Jenkins Reid, jusqu’à alors connue pour ses romans basés en quasi-totalité sur des personnages féminins, et notamment Les sept maris d’Evelyn Hugo, le 6ème roman de l’autrice et son plus célèbre. Très, très fortement inspiré des frasques du groupe Fleetwood Mac et de l’enregistrement légendaire de leur album Rumors, le roman de Reid raconte la fusion intense et éphémère entre un groupe de rock, les Six, et Daisy Jones, chanteuse aspirant à la gloire. Lorsque les deux entités entrent en collision, un chef-d’oeuvre de la musique, Aurora”, est né. Mais le groupe, lui, s’est séparé pour des raisons encore secrètes… Jusqu’à aujourd’hui. Fictif de A à Z, le roman de Reid avait pour lui une générosité insolente dans la multitude de points de vues inventés pour raconter cette histoire. Artistes, managers, familles, journalistes de l’époque : Taylor Jenkins Reid avait réussi à rendre ultra-crédible l’existence de ce super-groupe et sa propulsion spectaculaire vers la célébrité et ses excès avec un dispositif en forme de docu-fiction. Surtout, cela permettait aussi au récit d’avoir des zones d’ombre sur les histoires les plus intimes du groupe, et leurs ressentis (pensez à Fire & Blood de George RR Martin, qui raconte avec beaucoup de suppositions nombre d’événements historiques de l’univers de Game of Thrones sans qu’ils soient forcément conformes à l’Histoire). Avec cette adaptation en mini-série signée Prime Video, et produite par Hello Sunshine, le studio de production de Reese Witherspoon, la démarche est similaire en apparence, mais les différences, elles, se font bien ressentir.
Avec un casting sélectionné avec l’aide de l’autrice, la mini-série reprend assez fidèlement l’ordre chronologique du roman en posant d’emblée LA question: que s’est-il passé pour que l’un des groupes les plus populaires du monde se désintègre en plein vol ? Si le maquillage qui trahit les années qui ont passé ne fonctionne pas sur tous les acteurs (impossible de croire que Daisy n’a pas pris une ride en 20 ans), tous sont parfaits dans leurs rôles respectifs : le duo Riley Keough/Sam Claflin, essentiel au groupe, est excellent dans sa progression. L’épisode 5 à ce titre, sur la première journée de l’enregistrement, est le meilleur des 6 mis à disposition pour la presse, précisément parce qu’il est la synthèse parfaite entre le processus créatif du groupe et leurs vies privées respectives.
Comme vous l’avez compris nous n’avons pu voir que 6 épisodes sur les 10 de la mini-série. À mi-parcours, on aurait juste un petit reproche à faire à cette adaptation : en sacrifiant le point de vue très personnel de chaque musicien au profit de la vérité, on perd un peu en ambiguïté sur notre perception des choses et les hypothèses que l’on se fait. Pour reprendre l’exemple cité plus haut, on est dans un choix à la House of the Dragon qui appose un tampon sans interprétation possible à la première saison de la série par rapport au roman.
Par ailleurs, la série est un peu sage par rapport aux thèmes très sex, drugs and rock’n’roll que le roman aborde très frontalement. Si les addictions de Daisy sont explicites et abordées sous toutes leurs coutures, on regrettera notamment que celles de Billy Dunne soient trop rapidement abordées alors qu’elles constituent dès le début de son récit, un pivot essentiel du personnage, que la présence de Daisy, au-delà de leurs sentiments troubles, peut compromettre à tout moment en plus d’être l’une des raisons de l’importance de sa femme Camilla et de sa famille.
Pour autant, avec sa BO réussie, sa mise en scène sobre signée James Ponsoldt (parfois trop) et sa reconstitution parfaite des 70’s sans en faire trop, cette adaptation de Daisy Jones & The Six ne déçoit pas, en plus d’offrir quelques approfondissements de personnages bienvenus – à ce jeu, c’est Simone, la meilleure amie de Daisy, qui s’en sort le mieux. De quoi rassurer les fans très nombreux de cet excellent livre qu’on vous recommande chaudement, et espérer que la prochaine grande adaptation de l’univers de Taylor Jenkins Reid (Les sept maris d’Evelyn Hugo) soit aussi bien exécutée sur Netflix.
Crédits: Prime Video