SYNOPSIS: Idole de la boxe et entouré de sa famille, Adonis Creed n’a plus rien à prouver. Jusqu’au jour où son ami d’enfance, Damian, prodige de la boxe lui aussi, refait surface. A peine sorti de prison, Damian est prêt à tout pour monter sur le ring et reprendre ses droits. Adonis joue alors sa survie, face à un adversaire déterminé à l’anéantir.
Si Creed II était loin d’être un film parfait, sans doute parce qu’il lorgnait un peu trop sur Rocky IV et qu’il était moins fort et émouvant que le premier volet, le film malgré ses imperfections n’en était pas moins honorable et son dernier tiers avec les envolées musicales bien connues nous avait à lui seul fait chavirer. Autant dire que nous étions prêts à remonter sur le ring pour le troisième round. Plus de 3 ans après, Adonis Creed est donc de retour, et pour la première fois depuis le tout début de la saga, sans Sylvester Stallone à ses côtés. Écarté par le producteur Irwin Winkler, Sly est désormais aux abonnés absents et Michael B. Jordan en profite, à l’instar de son ainé sur les opus 2,3 et 4 pour s’approprier totalement et irrémédiablement la franchise. Soit. Si tant est que l’on ait du mal à ce que Rocky n’ait pas eu le chant du cygne qu’il aurait selon nous mérité (quoiqu’avec Rocky Balboa, on avait eu notre quota émotionnel), il nous faut bien nous y faire et juger ce Creed troisième du nom à cette aune.
En devenant le réalisateur de ce troisième épisode après Ryan Coogler et Steven Caple.Jr, Michael B. Jordan s’offre toute latitude pour mener la saga là où il veut. Et pour ses débuts à la mise en scène, d’après une histoire signée à la base Ryan Coogler il décide de piocher quelques éléments dans la saga Rocky (dans les épisodes 3, 4 et 5 plus particulièrement) en essayant de les mixer à sa sauce et de les intégrer à une histoire qui, si elle n’est pas des plus originales, a le mérite de tenir debout. Premier constat, le néo metteur en scène parvient à intégrer son film dans la lignée des deux volets précédents et même à dépasser le second film en terme d’enjeux dramatiques et d’intensité. C’est aussi parce qu’il ne craint pas d’affronter un antagoniste extrêmement charismatique, ce que n’était pas le fils Drago dans Creed II (de retour ici pour quelques scènes) et qu’on sent qu’il appose au scénario une véritable personnalité.
La force de Rocky III, L’oeil du tigre était d’avoir fait de Clubber Lang (Mister T), un être brutal et sans foi, ni loi, prêt à tout pour arracher à Rocky Balboa sa ceinture de champion du monde des poids lourds, alors que ce dernier profitait de son statut de nouveau riche. C’est en partant d’une idée parallèle que débute Creed III, mais différence non négligeable, c’est un quasi frère de sang qui revient dans la vie d’Adonis pour lui reprendre ce qu’il estime être son dû : La célébrité, l’argent et la réussite au plus haut niveau. Cet état de fait permet aussi d’en apprendre plus sur l’enfance d’Adonis et sur les traumas enfouis qu’il n’a aucune envie d’exhumer. C’est là que les enjeux vont décupler l’intensité dramatique, car perclus de culpabilité, Adonis va ouvrir à Damian (Jonathan Majors) la porte à un monde qui lui était devenu inaccessible après des années de prison, lui qui était appelé à devenir un grand boxeur. Au fur et à mesure, Damian va montrer que c’est tout autant une revanche sur la vie que sur son ancien meilleur ami qui l’a littéralement abandonné, qu’il souhaite prendre.
C’est assez gonflé de la part de Michael B. Jordan de faire endosser à son personnage la lâcheté de ses actes passés quitte à ce que le spectateur le regarde désormais de travers, une fois son armure fendue, mais ça permet aussi de faire grimper crescendo la dramaturgie. Et Jordan de mettre l’énergie qui se développe dans son intrigue au service de sa mise en scène. Car Creed III a de l’énergie à revendre. Les scènes de combat sont souvent fortes et bien shootées et le combat final permet à Jordan de mettre à profit une belle idée de mise en scène lorsqu’il met face à face les deux anciens amis sur le ring et qu’il fait disparaitre les spectateurs laissant les deux hommes comme seuls au monde à s’affronter. L’impact des coups, l’intensité des chocs rendent ces moments réellement immersifs. Évidemment, il fallait pour que cela marche aussi bien que l’antagoniste soit réellement impressionnant et Jonathan Majors est au-delà de nos espérances en la matière tant il est massif et animal et impressionnant dans tous les sens du terme. Michael B. Jordan continue d’être un Creed parfait, mais c’est sa mise en scène que l’on souhaite surtout saluer ici, tant il nous donne la sensation de se hisser à la hauteur des plus grands. On regrettera que le personnage de Tessa Thompson soit depuis le second volet, plus une utilité qu’un personnage avec des enjeux et des émotions à restituer mais on se consolera avec la jeune Mila Davis-Kent qui joue Amara, la fille de Creed. La comédienne possède ce que d’aucuns appelait L’oeil du tigre. Peut-être que Michael B. Jordan a déjà trouvé son héritière ? Les scènes en langage des signes dans l’intimité familiale entre Adonis, Bianca et Amara sont notamment très réussies et participent au réalisme d’un film fait de chair et de sang mais surtout fait avec coeur. Si la trilogie Creed tient debout avec ce troisième volet pour consolider la pyramide, on signe les yeux fermés pour un quatrième épisode, un spin-off et tutti quanti.
Titre Original: CREED III
Réalisé par: Michael B. Jordan
Casting : Michael B. Jordan, Jonathan Majors, Tessa Thompson…
Genre: Drame
Sortie le: 1er Mars 2023
Distribué par: Warner Bros. France
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020