SYNOPSIS: Nous sommes en 50 avant J.C. L’Impératrice de Chine est emprisonnée suite à un coup d’état fomenté par Deng Tsin Quin, un prince félon. Aidée par Graindemaïs, le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han, la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice, s’enfuit en Gaule pour demander de l’aide aux deux valeureux guerriers Astérix et Obélix, dotés d’une force surhumaine grâce à leur potion magique. Nos deux inséparables Gaulois acceptent bien sûr de venir en aide à la Princesse pour sauver sa mère et libérer son pays. Et les voici tous en route pour une grande aventure vers la Chine. Mais César et sa puissante armée, toujours en soif de conquêtes, ont eux aussi pris la direction de l’Empire du Milieu…
Astérix et Obélix au cinéma ça a toujours été des hauts et des bas, surtout lorsqu’il s’agissait de live action. Hormis l’opus d’Alain Chabat la licence a eu de plus en plus de mal à fédérer années après années. Malgré l’immonde épisode des Jeux Olympiques sorti en 2008, les gaulois étaient quand même revenus dans une nouvelle mouture en 2012 avec Au Service de Sa Majesté, un film que tout le monde a oublié, nous les premiers. L’eau ayant vraisemblablement coulé sous les ponts, 2023 marque un énième retour de la licence, qui s’en était tout de même donnée à cœur joie au cours de deux films d’animation signés Louis Clichy et Alexandre Astier. La bande annonce de L’Empire du Milieu n’augurait rien de bon, la promotion non plus…le doute et le risque d’un énième malaise demeuraient palpables. Difficile de toute manière de se sentir rassurés lorsqu’au cours de la promotion Guillaume Canet expliquait l’ubuesque casting qui a donné lieu à son arrivée aux commandes du long métrage, lui qui ne semblait à priori pas plus animé que ça pour mettre en boîte les aventures de nos célèbres personnages de bande dessinée. Sans compter la culpabilisation douteuse au cœur des propos visant à faire reposer sur les spectateurs l’avenir du cinéma français en cas d’échec de ce nouveau film Astérix et Obélix, doté d’un faramineux budget de 65 millions d’euros. Nous pensions tout de même qu’après les fiascos critiques précédents, la démarche serait plus sérieuse et appliquée. Il n’en est rien : au-delà d’être mauvais, le film est purement abject.
On l’avait senti, on lui laissait quand même le bénéfice du doute, la catastrophe est là, toute chaude. Force est de constater qu’à part lever les yeux au ciel et se demander comment des producteurs ont pu oser se moquer à ce point du spectateur (et ce n’est pas la première fois avec cette licence ce qui est une circonstance extrêmement aggravante) il n’y a pas grand-chose à dire. En tout cas ce qui est certain c’est qu’il y a des gens qui n’ont pas honte de réitérer les erreurs du passé. Le début du film commence plutôt bien : Astérix en proie à une profonde remise en cause de son hygiène de vie essaie de convaincre Obélix qu’il faudrait manger moins de viande et plus de légumes. C’est amusant, on sent que le film tente, comme c’était le cas des précédents, de mettre en peu du « vrai monde » à l’intérieur des pérégrinations farfelues. Une des dizaines d’idées lancées pèle-mêle qui n’aboutira absolument à rien mais qui a le mérite de divertir. L’optimisme sera de courte durée car le film dévoile rapidement ses cartes. Cela débute sûrement lorsque Panoramix (Pierre Richard) s’enfonce dans des sables mouvants au sein du village. Un clin d’œil à une œuvre pour laquelle nous éprouvons beaucoup d’amour mais qui n’a rien à faire ici tant son placement est absurde (dans le mauvais sens du terme). Une fois la machine lancée, c’est parti pour plus d’une heure d’images où des gens sont venus rigoler entre copains dans un script qui n’a qu’une vocation : que chacun puisse gentiment se regarder le nombril. Au casting, vous le savez probablement, il y a la Terre entière. Soyons clairs : les trois quarts des noms présents sur l’affiche ne servent absolument à rien. A la fois melting pot d’Astérix et Obélix (on comprend bien que le but était de mettre l’intégralité du contenu des BD, du village des gaulois à César, en passant par les pirates et tout ce qu’il y avait à mettre d’autre d’imaginable en grattant ici et là) et melting pot de tout ce qui marche sur internet, dans des séries, dans des films ou même du côté de l’industrie musicale, le film a le parti pris clair et net de ratisser large et donc de manger à tous les râteliers. En gros le but affiché depuis le départ n’est pas une surprise (on nous a déjà fait le coup) : on souhaite rameuter toutes les fanbases possibles dans les salles. Oui, mais en voulant s’adresser à tout le monde on ne parle finalement à personne et surtout on parle pour ne rien dire.
Il y aurait tant de choses à dire de mal sur ce film…mais il ne mérite même pas que l’on s’y attarde autant (on a déjà fait la démarche d’aller perdre du temps en salle pour des investisseurs qui se sont clairement fichus de nous). Nous ferons l’effort d’étayer un minimum. Parlons d’abord du duo de tête : Guillaume Canet en Astérix c’est grosso modo Guillaume Canet avec une moustache davantage qu’un nouvel Astérix. On ne pourra pas dire qu’il marquera grand-monde dans le rôle. Ce n’est pas le cas de Gilles Lellouche qui réussit parfaitement l’exercice, franchement pas évident, d’entrer dans le pantalon d’Obélix. Crédible et attachant il tire valablement son épingle du jeu. L’amitié entre les deux compères (amis à l’écran mais aussi dans la vie) est parfois bien mise en valeur et il est à noter que le long métrage met pour la première fois en scène en live action le fameux passage où Obélix enfant tombe dans la potion magique, au cours d’une bêtise avec Astérix. Pour le reste du casting, peu de choses positives sont à déclarer. Ah si, nous avons beaucoup aimé José Garcia (très drôle) et nous aurions été curieux de voir beaucoup plus Marion Cotillard dont le personnage de Cléopâtre fait ici de la figuration. Pour le reste deux équipes se dessinent : celle qui regroupe les éléments venus nous servir la soupe flemmarde habituelle (Jonathan Cohen fait du Jonathan Cohen, on l’adore mais il risque clairement de s’enfermer dans son personnage, Ramzy fait du Ramzy etc.) et celle qui regroupe sûrement ce qu’il y a de pire dans le film : les gens qui sont là juste pour être là. Laura Felpin (qu’on adore aussi) débarque donc juste pour une scène totalement inutile afin de nous exposer la condition des femmes, puis repart aussi vite qu’elle est arrivée ; Orelsan vient quant à lui faire un jeu de mot sur le fait que la Terre est ronde et ainsi de suite. C’est désolant parce que le film donne ainsi l’impression d’être compartimenté à l’extrême et ce comme nous le disions pour de très mauvaises raisons. Les moments avec Zlatan Ibrahimović illustrent merveilleusement bien en quoi le film est aussi malade qu’abject dans sa démarche. On pourrait citer toutes les guests mais cela ne servirait vraiment à rien. Certaines « stars » n’apparaissent même quasiment pas à l’écran. Mais ça ne s’arrête pas là. Dans les personnages principaux/récurrents du film il y a aussi des gens qui jouent extrêmement mal et c’est un vrai problème. Les prestations de Julie Chen et Bun Hay Mean (les deux plus choquantes) font à ce titre froid dans le dos.
Du côté de la mise en scène c’est le néant, il n’y a absolument aucune idée. L’écriture ça ne vole pas bien haut non plus mais vous l’aurez déjà compris. Quant aux décors on sait que le film a été obligé de revoir ses ambitions géographiques à cause des restrictions liées au covid et n’a donc pas pu aller vagabonder à l’étranger comme c’était prévu initialement : le rendu est passable, on sent bien que tout cela manque d’âme et de vie. Concernant les costumes nous avons visionné des passages vidéos où il était expliqué la minutie avec laquelle tout cela avait été confectionné. Nous n’en doutons pas mais cela ne se voit pas vraiment à l’écran et quand cela pourrait se voir c’est clairement éclipsé par des armures et des armes en plastique qui nous sortent du film en donnant l’impression qu’il lorgne du côté de la parodie. La forme pêche donc autant que le fond : le naufrage aura le mérite d’être cohérent du début à la fin.
« Un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur« . A voir de quel envahisseur on parle ici car il n’a toutefois pas résisté à l’énième appel de la bêtise pure via son aspect abjectement mercantile dont la structure et l’écriture dépendent entièrement, et encore moins à celui de prendre les gens pour des sangliers. Astérix et Obélix en live action pour nous c’est terminé, on ne nous y reprendra plus. Nous ne souhaitons pas d’échec au film car il y a un certain nombre d’équipes derrière, qui ont certainement dans leur coin travaillé avec amour, néanmoins si échec il devait y avoir, ce dernier serait amplement mérité. L’argument de dire que le succès d’une telle démarche conditionnera à l’avenir la frilosité des investisseurs est hautement fallacieux. Même en essayant de voir ce choléra comme un mal nécessaire pour peut-être avoir d’autres entreprises d’envergure derrière cela ne fonctionne pas. De l’audace ici il n’y en a aucune et personne n’a envie de voir un « renouveau » du cinéma français construit sur des bases aussi putassières que celles bricolées ici. Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu ne fait pas partie de la solution, il fait au contraire largement et intégralement partie du problème. Le plus décevant dans l’histoire est qu’après les échecs précédents, des producteurs se soient permis sans honte de nous resservir cette infecte potion cuisinée de la même façon que durant les pires heures de la licence. Astérix et Obélix n’est pas un mal nécessaire pour que d’autres œuvres puissent exister. C’est juste un mal et espérons que ce ne soit pas ça qui dessine notre avenir car nous savons où nous irons alors : nulle part. Le meilleur moyen de faire prospérer la licence au cinéma c’était de faire un bon film, un film sain, mais pour l’heure il y en a qui ne l’ont toujours pas compris.
Titre Original: ASTERIX & OBELIX : L’EMPIRE DU MILIEU
Réalisé par: Guillaume Canet
Casting : Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Vincent Cassel…
Genre: Aventure, Comédié
Sortie le : 1er février 2023
Distribué par: Pathé
TRÈS MAUVAIS
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020
Quelle horreur! 65 millions d’euros flingués. Je viens de voir qu’un film à 5 millions d’euros et tourné en 15 jours fait la polémique. L’avez-vous vu? Je crois que c’est Vaincre ou mourir… Ou un nom comme ça. Je vais essayer de le voir ça à l’air mieux que ça. ..