SYNOPSIS: Le réalisateur Guillermo del Toro, primé aux Oscars, revisite le conte de Carlo Collodi sur une marionnette qui, comme par magie, prend vie pour apaiser le cœur d’un sculpteur sur bois du nom de Geppetto. Cette épopée musicale et fantastique en stop-motion réalisée par Guillermo del Toro et Mark Gustafson suit les aventures de l’espiègle et désobéissant Pinocchio qui cherche sa place dans le monde.
Le projet personnel d’une vie : voilà comment on pourrait décrire le Pinocchio de Guillermo Del Toro, qui voit enfin le jour sous l’égide de Netflix. Un projet de longue date, cher au cœur du réalisateur mexicain. Un concentré naturel de toutes ses obsessions, ses thématiques. Il n’est pas difficile de voir ce qui peut intéresser le réalisateur dans cette histoire connue de tout le monde. Un enfant différent des autres, des liens familiaux plus solides que tout, et ce lien entre le fantastique et l’Histoire avec un grand H. Sans oublier un amour des créatures débordant de créativité et d’esthétisme. Bref, si l’on pouvait se poser la question d’une énième adaptation du conte, on avait tout de même envie de donner une chance au film de Del Toro – rien que pour nous laver les yeux de l’ignoble version signée Robert Zemeckis sortie sur Disney+ à la rentrée. Prenant le parti du stop motion, cette technique d’animation vue chez les studios Laika ou chez les productions d’Henry Selick, Guillermo Del Toro nous re-raconte l’histoire, cette fois celle d’un père qui décide de construire une marionnette en bois ressemblant trait pour trait à son fils disparu. Vous connaissez la suite… A moins que ? Dès son premier quart d’heure déchirant, Del Toro donne le ton : il s’agira d’une histoire d’amour mais aussi et surtout de mort. Arrivant à construire un récit dévastateur sans une once de violence graphique, il aborde très rapidement à la façon d’un Labyrinthe de Pan un conte où l’enfance, faite de bois ou de chair, va se heurter à la violence du fascisme italien sous le joug de Mussolini et de ses jeunesses.
Certains choix narratifs risquent de déconcerter : la créature doublée par Tilda Swinton ne ressemble en rien à la Fée bleue que l’on connaît, certains personnages ont purement et simplement disparu quand d’autres prennent une place bien plus importante… Quant à la séquence universellement traumatisante des ânes (on refuse de croire que quiconque n’a pas été traumatisé par cette séquence), elle est remplacée par une autre métaphore plus dure encore. On vous laisse évidemment la surprise. Sachez toutefois que comme pour n’importe quelle adaptation, ces choix se révèlent à la fois pertinents mais aussi, malheureusement, symptomatiques d’un trop plein de thématiques que Del Toro veut aborder.
L’exploitation des enfants à des fins lucratives ou idéologiques, la nécessité de donner un sens à sa vie avant qu’il ne soit trop tard, la relation père-fils, la différence entre Pinocchio et les autres enfants, le besoin de la désobéissance… Cela fait beaucoup, avec en plus un humour parfois répétitif qui tombe à plat, une musique d’un Alexandre Desplat en petite forme et une redondance dans la structure qui donne l’impression que le film se construit plus par paliers au détriment d’une fluidité plus naturelle dans le conte d’origine.
Passés ces menus défauts, le film s’octroie tout de même le luxe d’être absolument splendide. C’est d’une beauté visuelle sans nom, et si nous avions eu la chance de voir un making of du film au festival d’Annecy, impossible de ne pas être soufflé par la performance, la minutie et la poésie de l’entreprise en stop-motion, qui se pare en plus d’un réalisme troublant dans les moindres gestes de ses personnages. Accompagné par un casting vocal excellent (notre MVP : Ewan McGregor en Cricket au dos fragile mais au cœur gros comme ça), ce Pinocchio se rattrape sans problème à ce niveau-là, figurant très facilement au panthéon de ses adaptations les plus réussies. Et si on peut estimer qu’il s’agit d’un film mineur de la filmographie de Guillermo Del Toro, il est quand même épatant de se dire qu’il reste un bien meilleur long-métrage que la plupart des films d’animation actuels…
Titre original: GUILLERMO DEL TORO’S PINOCCHIO
Réalisé par: Guillermo Del Toro
Casting: Gregory Mann, Ewan McGregor, Ron Perlman…
Genre: Animation, Fantastique, Comédie musicale
Sortie le: 09 Décembre 2022
Distribué par : Netflix France
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020
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