Critiques Cinéma

PLUS QUE JAMAIS (Critique)

SYNOPSIS: Hélène et Mathieu sont heureux ensemble depuis de nombreuses années. Le lien qui les unit est profond. Confrontée à une décision existentielle, Hélène part seule en Norvège pour chercher la paix et éprouver la force de leur amour.

Sans dévoiler quoi que ce soit, car on sait au bout de quelques minutes qu’Hélène (Vicky Kriesps) est atteinte d’une maladie très grave, la réalisatrice, Emily Atef définit son film comme une œuvre sur la vie, plus que sur la mort. C’est très certainement avec ce paradigme qu’il faut regarder Plus que jamais. Ça fait plus de 10 ans qu’Emily Atef a ce film en tête. Quand elle en a parlé à son interprète Vicky Kriesps, cette dernière a pleuré, et n’a pas même eu besoin de lire le scénario pour être convaincu. La cinéaste dit aussi que la seule chose dans la vie dont est sûr, c’est qu’on va mourir. « Les vivants ne comprennent rien au mourant« , cette phrase arrive vite dans le film et en dit beaucoup. C’est cette histoire concernant Hélène et Mathieu (le si regretté Gaspard Ulliel), qui est forte et sublime de vérité glacée. Face au choix existentiel de comment affronter l’inexorable, elle veut partir car elle l’aime. Lui veut qu’elle reste car il l’aime. Et le pire c’est que l’on est d’accord avec les deux, du moins on les comprend. Elle ne supporte plus qu’on s’apitoie, lui veut la sauver. A un moment, les deux ont raison, ou du moins, ont leurs raisons. Progressivement, pris entièrement dans leur histoire, nous basculerons avec l’un-e- d’eux et attendrons un geste d’amour de l’autre. Toujours est-il que la cinéaste va sublimer cette tragique histoire avec un indéniable art aussi bien du récit que de la mise en scène. Plus que jamais est exigeant, sans jamais être âpre, mais aussi bouleversant sans jamais être facile. C’est presque un mélo d’auteur. Emily Atef croise le romantisme qui nous touche avec une forme de complexité. Le film est profondément intense autant qu’il est sincère.  « Quand on aime il faut partir », la phrase de Blaise Cendrars pourrait à elle seule résumer la puissance émotionnelle de Plus que jamais. On part loin, parfois très loin, pour se retrouver, se remorceler, pour s’échouer avec grâce, dignité et simplicité.

Notamment face à l’infini grand, ici ça sera la splendeur des fjords norvégiens, pour se sentir connecté, comme ancré. Exister vraiment pour mieux s’abandonner. C’est partir sans bouger, tout naturellement. On repensera à la même ode à la nature face à la fin d’un destin, vu également dans le très touchant Deux jours à tuer (2008) de Jean Becker, notamment dans sa dernière partie. La mise en scène est à l’image de l’émotion simple et brûlante de l’histoire entre Hélène et Mathieu, sincère et puissante esthétiquement. Les fjords sont comme une poésie, c’est un appel à la liberté, et les images d’Hélène, qui se connecte par la marche ou la nage dans cette immensité fascinante sont même un peu magiques. C’est tout sauf une carte postale, car le décor naturel est ici comme l’actrice principale de l’histoire, elle est montrée sous des angles purs et charnels, on en redemande. Comme la cinéaste semble ne rien faire sans toucher à une forme de grâce, sa collaboration avec Jon Balke pour la bande originale apporte douceur et évasion entre piano et violoncelle notamment. Une musique jamais en surabondance mais toujours placée là où il faut. Là aussi, il y a une infini justesse dans Plus que jamais.


Et puis, il y a cette façon de filmer les corps, de filmer l’amour. Il n’est pas caché, les corps exultent, ils sont beaux quand ils s’aiment. Il existe entre Hélène et Matthieu comme une sensuelle alchimie. Vicky Krieps dit qu’elle a joué instinctivement. Elle nous avait déjà éclaboussé d’un talent de l’authenticité dans Serre moi fort (2021) de Mathieu Amalric, et ici elle récidive. Le moindre de ses mouvements, de ses paroles respire la vérité. Elle est pleinement et magistralement Hélène. C’est à nouveau une prestation d’une telle ampleur que c’est également largement Césarisable.

Contrairement à sa partenaire à l’écran, non seulement Gaspard Ulliel avait lu le scénario, mais est venu avec des notes. Pour autant, leur rencontre est totale. Si elle est très intuitive dans son rôle, l’acteur sera lui très cérébral. Avec la tension et l’intensité qu’on lui connaissait, il donne en toute vérité tout son amour à son personnage, qui lui, donne tout son amour à Hélène. Il est bouleversant, et la situation est bouleversante car son personnage dans le film est face à la mort de l’autre, et dans la vie, c’est lui qui partira… Quand l’émotion se trouble en infinies larmes…Il ne faudrait surtout pas oublier Bjorn Floberg dans le rôle de Bent, qui pianote comme un compositeur de génie sur les gammes de la dureté et de la douceur dans le même souffle, et dans une intensité qui nous capte. Au final, Plus que jamais est une œuvre troublante de pureté et d’émotion. C’est manifestement un des films de cette année et plus que jamais, il ne faut pas passer à côté.



Titre Original: PLUS QUE JAMAIS

Réalisé par: Emily Atef

Casting : Vicky Krieps, Gaspard Ulliel, Bjorn Floberg, …

Genre: Drame

Date de sortie: 16 Novembre 2022

Distribué par: Jour2fête

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