SYNOPSIS: Sara, cheffe de la brigade des stupéfiants de la police de Toulouse, enquête sur un go-fast entre l’Espagne et la France, au sein duquel son ancien amant, Raynal, est infiltré. Elle découvre rapidement que son affaire est liée au meurtre de deux adolescents dans un hôpital Parisien, dont s’occupe Richard, le chef de la police criminelle locale. Obligés de collaborer pour retrouver le meurtrier et arrêter le go-fast, Sara et Richard se retrouvent plongés dans une course contre la montre haletante sur les routes espagnoles et françaises alors que leur attirance l’un pour l’autre grandit.
Si vous lisez régulièrement ces colonnes, ce n’est pas une surprise, nous aimons le cinéma d’Olivier Marchal depuis son premier long métrage Gangsters jusqu’au dernier, Bronx, vu en 2020 sur Netflix. Deux ans plus tard le réalisateur de 36, Quai des Orfèvres est de retour sur une plateforme, cette fois, Amazon Prime, pour laquelle il signe Overdose, l’adaptation du roman de Pierre Pouchairet, Mortels Trafics. Avant de découvrir un nouveau film de Marchal, on a toujours ce petit frisson d’excitation qui nous laisse augurer de passer deux heures durant accrochés à notre fauteuil, car il reste encore l’un des derniers à savoir faire en France un cinéma de genre coup de poing, maniant sa caméra avec une habileté saisissante à la manière d’une arme. Le début d’Overdose prend son temps et demande à ce que l’on fasse confiance au cinéaste car cette introduction à combustion lente pour poser ses enjeux narratifs et présenter ses personnages s’éternise un peu trop à notre goût même si on y reconnait d’emblée la patte Marchal, faite de ces punchlines qui nous ravissent quand elles hérissent les poils de ses détracteurs, de cette violence sèche et de cette noirceur désenchantée , dont il est devenu l’un des plus éloquents représentants.
Après la corruption policière dans Bronx, Marchal poursuit avec Overdose son retour au véritable polar après son pas de côté avec Carbone. Il replonge dans les tréfonds de l’âme humaine (et pour le coup le plongeon est profond tant son bad guy est une pourriture de la pire espèce et commet des exactions innommables). La vision nihiliste du réalisateur n’a jamais été rose mais elle est de plus en plus sombre et semble désormais sans le moindre espoir de retour. A la photographie, le fidèle Denis Rouden soigne des images chocs dont le but n’est pas de choquer gratuitement mais de montrer la violence sans concessions dont peuvent user de grands truands pour arriver à leurs fins. Le face à face entre flics et gangsters est plus hargneux que jamais, chacun se trouve à la croisée des chemins et Marchal ne déroge pas à ses habitudes en laissant sur le carreau autant les bons que les méchants au fil de gunfights homériques.
Au casting, Olivier Marchal fait confiance à sa partenaire dans La Promesse, Sofia Essaïdi qui s’épanouit de plus en plus à l’écran et à qui le rôle de flic sied à merveille. Son association avec Assaad Bouab (Dix Pour Cent), impeccable et charismatique, fonctionne parfaitement et face à eux Alberto Ammann (Narcos : Mexico) est une ordure qui fait froid dans le dos et dont on jurerait qu’il ne joue pas. Les personnages secondaires sont comme toujours dévolus à des gueules caractéristiques qui impressionnent autant par leur cinégénie que par la profondeur qu’ils parviennent à accorder à des personnages qui peuvent apparaitre de prime abord comme seulement esquissés. Que ce soit entre autres Nicolas Cazalé, Simon Abkarian, Kool Shen, Nassim Lyes, Naïma Rodric, Olivier Barthelemy ou Moussa Mansaly ils sont impeccables et nourrissent le film quand celui-ci a plus de mal à tenir la route la faute à quelques longueurs ou digressions qui finissent par nous perdre dans le foisonnement du récit. On aurait aimé en dire autant de Francis Renaud, mais son personnage semble avoir subi les foudres du montage et il est difficile de juger ainsi la prestation d’un acteur qui n’a pourtant jamais déçu dans ces univers sombres et anxiogènes. Par ailleurs, la prestation de Philippe Corti nous a quant à elle, un peu moins convaincue malgré ses efforts pour incarner un ordure de compétition.
Petit plaisir qui se déguste, on jurerait comme souvent qu’Olivier Marchal a parsemé son film d’easter egg dont il a le secret (le personnage d’Assaad Bouab s’appelle Richard Cross comme le grand méchant interprété par Stanley Tucci dans la série Murder One (1995) et celui joué par Simon Abkarian se nomme Daniel Prat comme Alain Delon dans Parole de Flic (1985) mais d’autres encore ont pu échapper à notre sagacité. Overdose est au final une course contre la montre, violente et sanguinaire qui continue de démontrer la maestria d’Olivier Marchal quand il s’agit de filmer l’action et de la mettre en scène de manière quasi opératique. S’il sait parfaitement s’entourer, il a cette fois un peu plus de difficultés selon nous à tirer la substantifique moelle d’une intrigue un peu trop touffue et de ses personnages multiples. Malgré tout, c’est aussi parce qu’il est notamment dédié » à la mémoire de Jean-Paul Belmondo » et se conclut par la magnifique chanson d’Axel Bauer, C’est malin, qu’Overdose s’inscrit dans le sillage d’une œuvre d’une cohérence folle, n’en déplaise aux pisses froids et autres parangons de vertu. Parfois ce sont des détails qui font toute la différence.
Titre Original: OVERDOSE
Réalisé par: Olivier Marchal
Casting : Sofia Essaïdi, Assaad Bouab, Alberto Ammann …
Genre: Thriller, Action
Sortie le: 04 Novembre 2022
Distribué par: Amazon Prime Video
BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020
Je viens de voir le film, excellent franchement