JACK MIMOUN ET LES SECRETS DE VAL VERDE (Critique)

Par Fred Teper le octobre 11, 2022 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS: Deux ans après avoir survécu seul sur l’île hostile de Val Verde, Jack Mimoun est devenu une star de l’aventure. Le livre racontant son expérience est un best-seller et son émission de télévision bat des records d’audience. Il est alors approché par la mystérieuse Aurélie Diaz qui va ramener Jack Mimoun sur Val Verde pour l’entraîner à la recherche de la légendaire Épée du pirate La Buse. Accompagnés de Bruno Quézac, l’ambitieux mais peu téméraire manager de Jack, et de Jean-Marc Bastos, un mercenaire aussi perturbé qu’imprévisible, nos aventuriers vont se lancer dans une incroyable chasse au trésor à travers la jungle de l’île aux mille dangers.

La comédie française, on la connait, pour le meilleur et pour le pire. Tournée parfois au kilomètre sans réel projet artistique si ce n’est le placement de quelques vannes par ci par là, elle fabrique plus des produits oubliés sitôt la salle quittée, que des œuvres qui marquent le cœur et les esprits des spectateurs. Entendu que cet état de fait est vérifiable chaque année, ne généralisons pas non plus. Il y a des comédies qui sont aussi franchement réussies. Et parfois, lorsqu’on s’y attend le moins, sort de derrière les fagots, un film sur lequel on n’aurait pas parié grand chose de prime abord mais qui se révèle au final une véritable surprise. Et qui en plus n’est pas qu’une comédie. Car Jack Mimoun et les secrets de Val Verde a ceci de singulier qu’il est un film fait sérieusement à la fois pour faire rire, pour enchanter, pour surprendre, bref pour être un vrai et grand spectacle populaire et qu’il est en plus un film d’aventures et un divertissement sincère. Vous l’aurez compris, à nos yeux, le contrat est parfaitement rempli et pourtant ce n’était pas gagné d’avance.

Si nous avons toujours apprécié le capital sympathie que dégage Malik Bentalha, on ne peut pas dire que les films dans lesquels on l’a vu (Taxi 5, Le doudou, Jusqu’ici tout va bien…) nous aient particulièrement convaincus. Mais pour sa première réalisation, c’est l’humilité qui prédomine qui nous a d’emblée donné envie d’en savoir plus. Car le comédien n’arrive pas à la tête de ce gros film d’aventures en terrain conquis. Co-réalisateur avec Ludovic Colbeau-Justin (Le lion...), Bentalha s’est entouré de techniciens aguerris pour réussir son pari. Et c’est nanti de ses yeux d’enfant, de son amour incommensurable pour Steven Spielberg et en choisissant de ne jamais tirer la couverture à lui, mais au contraire d’offrir la part belle à ses partenaires que le néo metteur en scène réussit son coup. Entendons-nous bien tout n’est pas parfait dans Jack Mimoun et les secrets de Val Verde, la découverte du bad guy dans le dernier tiers du film est notamment cousue de fil blanc et l’ensemble s’avère dès lors plus programmatique. Mais le film développe son intrigue de manière intelligente et ne tombe pas dans la facilité qui lui tendait les bras de singer les œuvres qui l’ont inspiré.

Mais là où le film nous a chopé avant même son histoire et le jeu de ses interprètes c’est dans sa qualité formelle. Déjà la photographie de Thomas Lerebour est magnifique et enjolive des plans eux-même souvent majestueux et qui confèrent au projet un cachet qui ne parait jamais artificiel. Le dépaysement est garanti et l’impression de plonger dans les entrailles d’un pays est palpable. Autre bon point à mettre au crédit des auteurs (Malik Bentalha, Tristan Schulmann et Florent Bernard) les références, entre autres au cinéma des années 80, pullulent mais ne polluent pas le film, n’étant jamais là en guise de pastiche ou de clins d’œil surlignés mais plutôt pour assumer un amour du genre qui rarement a été aussi patent dans ce type d’entreprise. La sincérité du projet ne pouvait qu’emporter l’adhésion.

Et évidemment en partageant l’affiche avec un quatuor venant d’horizons différents mais qui matche magnifiquement, Malik Bentalha réussit un véritable strike. Il s’efface avec élégance pour offrir deux personnages d’anthologie à un Jérôme Commandeur génial et à un François Damiens hors sol, l’un, distributeur de punchlines tordantes, l’autre complètement à la ramasse dans son incroyable folie. La présence de Benoît Magimel, inattendue au départ mais parfait dans un rôle pas toujours facile à embrasser donne encore plus de crédit à tout cela. Et Joséphine Japy, comme toujours parfaite, est une héroïne de premier plan qu’on adore adorer. Action, humour, romance et aventures, le combo gagnant pour ce très sympa Jack Mimoun et Les secrets de Val Verde. Le film embrasse le genre avec gourmandise, c’est visuellement très propre, Malik Bentalha fait le job et Jérôme Commandeur et François Damiens sont réellement tordants. Mais qu’on se le dise le vrai trésor c’est Joséphine Japy.