Critiques Cinéma

NOVEMBRE (Critique)

SYNOPSIS: Une plongée au cœur de l’Anti-Terrorisme pendant les 5 jours d’enquête qui ont suivi les attentats du 13 novembre.

Cédric Jimenez est comme son cinéma, le réalisateur aime quand ça bouge. Quand il a reçu le scénario d’Olivier Demangel, après que celui-ci ait travaillé trois ans sur son texte, il s’est dit : je dois faire ce film. S’il s’est questionné sur la temporalité, le moment, de sortir un tel film sur un tel sujet, la pudeur, l’humilité et la sobriété qui émanaient du scénario ont fini de le convaincre. Notamment, car pour le réalisateur, il n’a jamais été question de filmer sous forme d’une reconstitution des attentats du 13 Novembre, sous peine selon lui d’une forme d’obscénité et au risque de s’approprier ce qui ne peut pas l’être. C’est finalement un complément malheureusement très utile du bouleversant documentaire de 2020 Fluctuat Nec Mergitur, qui se concentre sur les attentats. A peine sorti de Bac Nord (2020), le French Connection (1971) à la Française, et de sa cohorte d’illégitimes polémiques des commentateurs sempiternels de l’extrême qui disent mais ne font pas, Jimenez a cette fois ci tenu décrypter la psychologie de l’urgence. Alors, clairement, Novembre, c’est du cinéma redoutablement efficace. Une des fortes intentions est de rendre un hommage appuyé aux héros anonymes, ces agents du service public, ici de l’anti terrorisme, avec une réponse démocratique, mais qui aurait tout aussi bien pu être l’hôpital, la justice… Le réalisateur a le sens de l’hommage et réussit à matérialiser ce que peut être le dévouement sacrificiel, chevillé au corps. Du 13 au 18 novembre, Les agents ne dormiront jamais tant que les terroristes survivants respirent encore. Cette vision du sens du devoir, c’est une première grande réussite du film.  Un film évidemment clairement haletant, un thriller d’espionnage qui déploie les codes du genre avec une belle virtuosité. Une fois sur le point d’être  » logés », la moindre phrase échangée entre deux terroristes sur écoute, mobilise les services de sécurité de tout un pays. Il est montré dans Novembre une enquête finalement assez méconnue. On connaît terriblement l’enchainement de l’horreur du 13 Novembre, et ce massacre d’innocents, condamnés pour le goût de leur liberté par des incultes barbares, faisant la honte de leur religion. On sait également l’issue de cette enquête, mais sont dépliés ici les 5 jours où le temps s’arrête pour les services, et le déploiement des agents dans une forme de pixellisation des moindres micro-détails de tout ce qui peut avoir un lien avec les terroristes survivants. C’est une véritable armée de cerveaux, de téléphones incessants, avant de laisser place à d’autres armes, au sens premier du terme.


Est filmé une pression folle, à hauteur de femmes et d’hommes, qui doivent répondre face au mal mondial absolu. Les enquêteurs seront dans les ténèbres les premières 48 heures, là où la moindre petite seconde dans le traitement d’un renseignement peut faire toute la différence. Les agents le savent et ont ce sens de l’urgence comme ancrés dans leur mode de faire. La seule liberté fictionnelle de Novembre se situe d’ailleurs sur les personnages, ne serait-ce que pour protéger ceux qui nous protègent en gardant bien leur anonymat. Mais là où le film porte une intelligente nuance et une irréprochable intention, repose sur l’authenticité des sentiments qui traversent les héroïques serviteurs de l’état. C’est clairement une immersion tellement humaine au cœur de l’anti-terrorisme, c’est là toute la force de Novembre.


La mise en scène est guidée par ce haut sens de l’esthétisme du réalisateur, les images sont fortes, mais là aussi comme dans une salutaire retenue, sans vouloir en mettre plein les yeux. Qu’on aime ou pas le cinéma de Cédric Jimenez, il offre une belle sincérité dans sa façon filmique de déployer sa narration. Il fait le pari d’une approche pudique et de ce point de vue, c’est une réussite. C’est un film de traque, qui file le trac, malgré notre connaissance de l’issue. C’est un thriller qui frappe fort et qui contourne les petits polémistes snipers de salon, qui attendaient le film et son réalisateur, de tous les côtés d’un échiquier politique aussi bien haineusement racoleurs qu’angélistes déconnectés.  En tous les cas, on est tous tellement transportés dans une inoubliable et effroyable douleur, d’une plaie encore tellement vive. Novembre est un témoignage hommage utile, et vient évidemment nous questionner sur la fragilité des destins qui vacillent, et sur les trésors quotidiens que sont notre liberté, notre insouciance.


Au niveau du casting, les têtes d’affiche livrent des prestations efficaces, et qu’il s’agissent de Sandrine Kiberlain ou Jean Dujardin, ils n’ont pas besoin de forcer leurs respectifs talents pour capter toute notre attention. Mais clairement, la part belle est aux seconds rôles, qui n’en sont pas, tant il est ici question de la force d’un collectif. On adore la tension de Sofian Khammes, le détachement de Jérémie Renier et l’engagement de toute cette chorale de talents. Mais à ce petit jeu-là, Anaïs Demoustier est littéralement bouleversante. Elle est habitée. Dès qu’elle apparaît, on est complètement avec elle, c’est du frisson. Lyna Khoudri elle aussi fait passer une très puissante sensibilité. Elle incarne avec force des peurs légitimes et des émotions forcément contradictoires. Au final, Novembre est efficace et spectaculaire, tout en étant humble et sobre. Vrai film esthétique de salles, il est plus que jamais temps d’aller au cinéma.

Titre original: NOVEMBRE

Réalisé par: Cédric Jimenez

Casting: Jean Dujardin, Sandrine Kiberlain, Anaïs Demoustier …

Genre: Thriller, Policier

Sortie le: 05 Octobre 2022

Distribué par : StudioCanal

EXCELLENT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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