Critiques

BLACK BIRD (Critique Mini-Série) Loin de démériter…

SYNOPSIS: L’histoire vraie de James Keene qui se voit offrir une chance de sortir de prison s’il parvient à obtenir les aveux d’un tueur en série présumé avec lequel il purge une peine de prison.

Toujours dans sa lancée de mini-séries prestigieuses, Apple TV+ s’entoure pour Black Bird de l’auteur et scénariste Dennis Lehane au scénario et du réalisateur Michaël Roskam à la mise en scène. Au programme : une histoire vraie où Jimmy Keane, un ancien sportif de haut niveau, tombé pour trafic de drogue, s’engage en échange d’une remise de peine à recueillir les confessions d’un tueur en série qui a semé un nombre terrifiant de cadavres derrière lui. Une ambiance délétère donc, pour ce qui s’avère être une série en forme de cousine lointaine de la brillante Mindhunter de David Fincher. Derrière les meurtres de Larry Hall, brûle en effet une misogynie meurtrière, prototype de l’incel avant qu’il n’ait sa forme actuelle. Ainsi qu’une critique de la masculinité dans ce qu’elle a de plus toxique : pour Jimmy, elle passe par sa sexualité débridée et uniquement avec des femmes, quand bien même il prétend qu’il les aime et les respecte. Mais pour Larry, au physique nous rappelant Ed Kemper, ses meurtres se justifient par le comportement hostile des femmes à son égard et la haine qu’il leur voue.

La série ne brille guère par son originalité, mais ses personnages – et ses acteurs, la rendent suffisamment solide pour qu’on veuille y revenir chaque semaine. Le trio composé de Taron Egerton, Paul Walter Hauser et Ray Liotta (dans l’un de ses derniers rôles) est magnétique, pour une partie carcérale qui ne refuse pas de montrer une vision extrêmement dure et anxiogène de la prison. Le face-à-face entre Egerton et Hauser, s’il tourne à l’avantage de ce dernier dans un rôle plus spectaculaire et marquant, est malgré tout très efficace et est un testament du talent des deux acteurs. La série, quand elle ne se déroule pas dans la prison où Jimmy tente d’entrer dans l’esprit de Larry, suit l’enquête en cours sur le terrain, menée par un groupe d’enquêteurs. L’occasion de voir un Greg Kinnear plutôt sérieux, loin de ses comédies, même si cette partie ressemble à la contre-partie obligatoire des deux groupes qui enquêtent sur le cas de Larry Hall. Rien qui ne soit désagréable à suivre mais on aurait aimé plus d’âme et d’intensité dans ces moments-là.

La mise en scène de Michaël Roskam est tendue comme les scripts de Dennis Lehane, le casting est excellent et la musique de Mogwai entêtante, mais on aurait attendu un peu plus de tension de la part de Black Bird, qui est pourtant loin de démériter. L’occasion cependant de réaliser qu’entre Mindhunter, et les films La Nuit du 12 et Les Nuits de Rashaad actuellement en salles, l’exploration des féminicides et de la misogynie de la société, se fait avec un regard essentiellement masculin, quand on ne suit pas uniquement des hommes sur les traces des meurtriers – voire même les meurtriers eux-mêmes. En dépit de la qualité des œuvres citées, ne serait-il pas l’occasion d’enfin proposer un regard neuf sur une situation intenable depuis la nuit des temps ?

Crédits: AppleTV+

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