Critiques Cinéma

HURLEMENTS (Critique)

SYNOPSIS : Une série de meurtres effroyables terrorise la population de Los Angeles. Une jeune journaliste de télévision mène sa propre enquête. 

Hurlements est l’adaptation du roman éponyme de Gary Brandner, The Howling (1977). C’est en fait le premier opus d’une véritable saga qui compte huit volets. La même année, que Le loup Garou de Londres et Wolfen, tous en 1981, Hurlements viendra après Piranhas (1978), qui vaudra à Joe Dante de susciter l’intérêt d’un certain Steven Spielberg qui le fera venir pour la mise en scène d’un des épisodes de La quatrième dimension (1983). Hurlements obtiendra le prix du meilleur film d’horreur aux Saturn Awards en 1981 et la même année le prix de la critique au festival international du film fantastique d’Avoriaz. D’emblée, le charme so British de Patrick Macnee, dans le rôle du Docteur George Waggner agit puissamment. De son côté, Karen entre dans une boutique porno, à la recherche d’Eddie qui la harcèle, boutique qui diffuse des films en lien avec l’objet de son commerce, on se dit qu’elle aurait pu tomber à l’accueil sur Christine (Sandy McLeod) dans Variety (1983) car l’ambiance lubrique un peu latente se pose.  Il va s’y passer une gentillette boucherie, façon entrée charcutière pour nous mettre doucement en haleine, avec des plans fous sur de badauds baudets qui passent par là et dévisagent Karen (Dee Wallace) comme une bête curieuse. Déjà la caméra s’amuse bien. Pour rien au monde, on ne voudrait aller comme Karen et son amoureux super protecteur Bill (Christopher Stone) au sein de la thérapie de groupe dans les bois proposé par Docteur Waggner, qui semble raviver plus qu’elle ne soulage, mais peut-être, est-ce la voix de la guérison, allez savoir…. N’empêche que les « autres patients » de Waggner sont bien flippants. Ça sent légèrement le complot dans leurs regards un peu viandesques sur Karen et Bill. On se prend à craindre un épilogue à la Cannibal Holocaust (1980). Justement, on ne sait plus si on devient paranos ou si notre théorie du complot s’inscrit dans le champ du possible. C’est ici entre autres, toute la force de la mise en scène de Dante.



Juste au moment où la thèse du loup garou émerge, un mec de la thérapie avec des dents autant en avant que la mère-grand à l’identité volée par on ne sait qui, dans Le petit chaperon rouge (1697), prend de plus en plus de place dans le récit… Petite musique angoissante de Pino Donaggio par-dessus, avec un peu d’orgue, Bill qui se ballade en nocturne dans la forêt (pas malin le Bill), on se sait plus bien s’il cherche les embrouilles ou si l’embrouille c’est lui. En tous les cas, on commence un peu à s’agripper au fauteuil, c’est cool. Macnee nous fait penser de plus en plus à un savant fou quand même, alors que de son côté, Dee Wallace en symbole de pureté, campe à souhait la prude victime, donnant des lettres de noblesse au concept de pâle innocence, putative victime d’une cruauté qui pourrait transformer l’héroïne déesse de la blancheur immaculée en viande hachée sur les murs… Un poil provocateur et conceptuel, mais forcément jubilatoire dans l’expression de cet absolu contraste. Puis une scène inoubliable méga-hot au coin du feu, où on se demande si faire l’amour avec la sœur d’un potentiel loup-garou pourrait vous transformer en loup-garou vous aussi. Sans mauvais de jeux de mots aucun, c’est tout bête dès fois le cinéma car on se pose des questions autant métaphysiques qu’improbables. Ha ben 30 secondes après, on a la réponse, mais évidemment on ne vous la donnera pas.



Certains effets visuels sont dingues, on dirait peut-être kitchs aujourd’hui, c’est surtout le charme d’antan, avec les moyens du bord, et quand même ça file bien les poils. Les transitions avec les moments plus calmes sont carrément excellentes. Trop rigolo, un Loup-Garou se fait couper la patte la nuit et… » X » (no spoil) se refait tranquillement un bandage au bras le matin. C’est typiquement le genre de moment que l’on attend du genre. On comprend trop que Dante veut nous faire marrer en montrant un des protagonistes qui regarde tranquillement à la TV le méchant loup qui pourchasse les trois petits cochons, pendant que de l’autre côté du téléphone, il y a sa copine qui va vraisemblablement servir de goûter frais à la crapule animalière. En fait c’est tout ça Hurlements, on a un peu peur, on frisonne à des moments clés, on trouve certaines scène un brin crados, et on se fend la poire quand même, et clairement, c’est ça qu’on veut. Quand on voit certaines métamorphoses hommes/loups, on se rend compte que quand on matait Manimal (1983), au final Manimal n’avait vraiment rien inventé.



Bon, si à un moment on se demande où est Bill, on peut dire que Bill is in the kicthen, mais il est davantage dans le four qu’aux fourneaux… Car clairement le loup garou est bien moins fun et sociable que le Gremlins de 1984 du même réalisateur. La fin est stratosphérique de féroce drôlerie, sur la folie humaine, sur ce à quoi ne croyons plus, et on a l’impression que Joe Dante, en particulier dans la toute dernière image vient nous dire que nous sommes tous finalement juste des steaks. Dee Wallace, comme on le disait plus haut est parfaite et touchante en innocente pourchasseuse du mal. Elle a tout le talent nécessaire pour éviter à son personnage de Karen de tomber dans la niaiserie de la gentille qui combat les méchants. Patrick Macnee, c’est comme d’hab, une classe folle, une certaine idée de l’élégance. Il est captivant d’ambiguïté et nous laisse longtemps dans le doute sur son rôle dans ce barbecue géant. Sérieux, il faut courir dans les salles, c’est jubilatoire de revoir ces morceaux de bravoure sur grand écran et on comprend après pourquoi on demande que la viande soit bleue au restaurant.

 

 

Titre Original: THE HOWLING

Réalisé par: Joe Dante

Casting: Dee Wallace, Patrick Macnee, John Carradine…

Genre: Comédie dramatique, Drame, Comédie

Sortie le: 13 Juillet 2022

Distribué par: Splendor Films

EXCELLENT

 

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