SYNOPSIS: Après un an de lutte contre une pandémie aux symptômes relativement bénins, une nation frustrée finit par baisser sa garde. C’est alors que le virus mute spontanément, donnant naissance à un fléau qui altère l’esprit. Les rues se déchaînent dans la violence et la dépravation, les personnes infectées étant poussées à commettre les actes les plus cruels et les plus horribles qu’elles n’auraient jamais pu imaginer…
Depuis l’arrivée d’un virus nommé COVID, beaucoup de projets cinématographiques en rapport avec la pandémie mondiale ont vu le jour, certains comiques, d’autre dramatiques et pour la plupart en rapport avec l’horreur. Celui-ci n’échappe pas à la règle, l’idée de départ de The Sadness a émergé dans la tête de Jeffrey Huang, qui pendant un confinement dû au COVID a estimé que c’était le bon moment pour commencer la production d’un film afin qu’à sa sortie, ce dernier ait très peu de concurrence dans les salles. Il se tourne alors vers son ami Rob Jabbaz, un réalisateur canadien qui n’avait jusque-là réalisé que des courts métrages. Il lui demande d’écrire et de réaliser le plus rapidement possible un scénario horrifique en rapport avec la pandémie mondiale actuelle. Le projet The Sadness est né. Film centré sur des zombies qui a fait sensation dans plusieurs festivals où il est passé (Gérardmer, l’Etrange festival), il a également obtenu le prix du meilleur premier film lors du festival de Fantasia (Montréal) en 2021. The Sadness a su se faire remarquer par un côté ultra-violent, qu’on n’avait pas vu depuis longtemps sur grand écran. Contrairement à George A. Romero celui qui a influencé le cinéma sur ce genre de film, l’un des piliers qui nous présentait des zombies avec une marche très lente et uniquement guidés par leurs instincts primaires et par la chair (La Nuit des morts-vivants). The Sadness a fait évoluer les choses, à l’instar de Dernier train pour Busan (Sang-ho Yeon), qui leur avait fait gagner en lucidité et en rapidité. Ils vont prendre ici, encore une autre dimension. Fini les êtres écervelés, on y découvre des infectés qui interagissent entre eux, communiquent parfaitement, tout en étant avides de violence, de sexe et de sang.
Le film se déroule à Taïwan, on y suit Kat (Regina Lei) et Jim (Berant Zhu), un jeune couple qui va être séparé le jour où une épidémie (déjà présente dans le pays), va prend une tournure virulente et violente. Sans jamais la mentionner, le film s’inspire évidemment de la pandémie de COVID. A la grande différence qu’il en fait une mutation extrême qui pousse des personnes à commettre de manière impulsive les actes les plus cruels et les plus horribles que l’on puisse imaginer. La ville va rapidement sombrer dans le chaos au fur et à mesure que les infectés s’en emparent. Le couple qui était séparé au moment des faits va tout mettre en œuvre pour se réunir et commence alors un chemin périlleux dans les différents quartiers de la ville. L’intrigue de The Sadness n’est pas vraiment l’élément le plus important, il suit certaines règles du genre : une introduction des personnages, l’exposition émotionnelle, l’action des autorités plutôt inutile et pour finir la panique et le chaos dans les rues. Mais à la différence de ses prédécesseurs il décrit une contamination ultra-violente et introduit des personnes infectées par un virus qui produit un atavisme de désir leur commandant de commettre des actes de torture, de viol, de mutilations et autres violences en tous genres.
Un passage dans le métro nous démontrera la maitrise du réalisateur pour les plans serrés et nous livrera une scène sous haute tension avec une sensation de huis clos. On y fera la rencontre de Tzu-Chiang Wang, qui nous livrera une performance qui est de loin l’une les plus effrayantes du film. Dire qu’il s’agit simplement d’un film de zombies et de contagion serait réducteur, le film prend vite un autre chemin et s’écarte assez rapidement du classique de Romero, mais le réalisateur prend du plaisir à distribuer des clins d’œil, des passages librement inspirés d’Evil Dead, Scanners ou encore Irréversible. Tellement les similitudes sont nombreuses le scénario nous fait penser à l’œuvre de Joe Lynch, Mayhem (2017). Après un début de film effréné on regrettera néanmoins un temps mort, nécessaire dans la plupart de ces films, mais ici beaucoup trop long, l’intensité ne redémarrant pas vraiment et la seconde moitié du film s’en retrouve très essoufflée, le rythme tonitruant ayant définitivement disparu.
The Sadness est loin d’être parfait mais fait preuve d’une décomplexion absolue, il nous montre une violence assez inouïe, qui parfois frôle le burlesque. Pour son premier film, la réalisation de Rob Jabbaz est remarquable, on voit tout de suite qu’il aime filmer l’action et créer un sentiment de claustrophobie, avec des séquences violentes, des plans et une photographie très intéressante. Il a su créer un tissu esthétique de violence notamment dans les rues imbibées de sang, tout ceci étant empreint d’une paranoïa frénétique.
Réalisé par: Rob Jabbaz
Casting: Regina Lei, Berant Zhu, Tzu-Chiang Wang…
Genre: Epouvante-horreur
Sortie le: 06 Juillet 2022
Distribué par: ESC Films
Catégories :Critiques Cinéma