SYNOPSIS : Mira est une star de cinéma désabusée à la fois par sa carrière et sa rupture récente. Elle arrive en France pour incarner Irma Vep dans un remake du classique français du film muet, « Les Vampires ». Au fur et à mesure du tournage, Mira réalise que les frontières entre elle-même et le personnage qu’elle joue commencent à s’estomper et à fusionner.
En 1996, Olivier Assayas filmait l’actrice chinoise Maggie Cheung dans son film Irma Vep. Une fausse comédie qui plongeait Maggie Cheung – en tant que personnage, dans l’absurdité du tournage d’un remake du film français Les Vampires, et dont elle jouait le personnage-vedette. Une mise en abyme profonde, puisque comme son réalisateur tombait amoureux du personnage, Olivier Assayas lui-même s’est mis en couple avec la vraie Maggie Cheung dans la vraie vie pour une poignée d’années. En 2022, près de 25 ans après le film, Olivier Assayas va se réemparer l’histoire, mais avec un twist : ce sera à la télévision, et avec une actrice caucasienne – Alicia Vikander, absente des écrans depuis Tomb Raider. Bienvenue donc dans le monde toujours absurde – mais trop réaliste de la série Irma Vep.
Tout d’abord, disons l’évidence : c’est un immense plaisir de revoir la talentueuse Alicia Vikander dans un tel rôle, aussi complexe et nuancé, comme au début de sa carrière. Jouant de son image et de ses connexions – c’est Nicolas Ghesquière de chez Louis Vuitton en charge des costumes, on a l’impression de redécouvrir l’actrice avec une écriture aussi fine et faussement légère. Ses affrontements avec ses exs (coup de cœur pour une Adria Arjona sans pitié ici), ses dissensions avec son agente jouée par Carrie Brownstein, et sa relation curieuse avec le réalisateur : tout sonne juste et sans efforts pour elle. Autour de Vikander, la distribution est un sans-faute : Vincent Macaigne en réalisateur au bord de la crise de nerfs, qui veut retrouver dans ce tournage compliqué les sensations de son amour passé, notamment dans une scène méta à souhait qui explique pourquoi il (lui et Olivier Assayas) n’a pas choisi Maggie Cheung. Vincent Lacoste en jeune vedette et Nora Hamzawi en technicienne assurent également, et créent vite la sensation d’une drôle de famille dysfonctionnelle qui prend les pires décisions possible à chaque fois – pour notre plaisir de spectateur.
Il y a cette impression de simplicité qui bluffe complètement : tout semble juste, tout semble bien écrit, d’une fluidité irréprochable et l’on se retrouve à appuyer sur le bouton “play” de l’épisode suivant pour savoir la suite des péripéties de ce drôle de tournage. Au-delà de la gentille satire du cinéma de blockbuster qui rappelle le rôle de Chloé Moretz dans Sils Maria, il y a aussi la critique tendre mais juste d’un écosystème qui, à force de se regarder jouer, perd le sens des réalités et des relations. Assayas trouve le juste milieu entre fiction et réalité, et sa vision d’un réalisateur préférant dire de sa série qu’il s’agit “d’un long film” a de quoi faire sourire, tant le discours martelé par l’industrie actuellement reste encore très méprisant envers le genre sériel.On sort donc des quatre premiers épisodes d’Irma Vep avec une immense satisfaction. Un réalisateur en pleine maîtrise de son scénario et de sa réalisation, un casting sans fausse note, et un hommage somme toute assez bouleversant à l’Irma Vep originale. Une très belle réussite qui enchantera même les amoureux du film original.
Crédits: HBO / OCS