SYNOPSIS: Dans un futur proche, deux détenus revivent leur passé sous l’effet de drogues altérant les émotions et administrées par un directeur visionnaire.
Alors que Top Gun Maverick s’envole au box-office partout à travers le monde, l’arrivée de Spiderhead au catalogue de Netflix nous offre deux fois plus de Joseph Kosinski sur nos écrans. Mais loin d’être un écho de l’un à l’autre (comme la présence commune de Miles Teller au casting), Spiderhead et Top Gun forment deux pièces aux ambitions radicalement opposées, au détriment du film Netflix qui souffre d’une comparaison quelque peu douloureuse face au dernier bébé de Tom Cruise. Adaptée de la nouvelle L’Evadé de la Spiderhead écrite par George Saunders, Spiderhead raconte la détention de Jeff au sein d’un complexe hospitalier tenu par l’excentrique chercheur pharmaceutique Steve Abnesti. Dans un futur proche, certains prisonniers sont placés dans ce genre d’installation pour y servir de cobayes lors d’expérimentation d’injections médicamenteuses visant à influer sur les émotions. Mais Jeff, en se liant avec Lizzy, une de ses camarades de « cellule », semble alors soupçonner qu’on leur cache la vérité. Dans un futur orwellien qui offre un climat d’anticipation riche en possibilités narratives et visuelles, Kosinski opte pourtant pour le huis-clos dont l’intimisme détonne complètement avec le spectacle grandiloquent et absolu de son Top Gun. Les personnages se comptent sur le doigt d’une main, et sont scrutés sous toutes leurs coutures par une caméra au plus proche de la racine de ces humains en perdition dans les couloirs blancs de cette prison aux allures d’hôpital. Les expériences qu’ils subissent creusent à la racine de l’humanité en trafiquant et en falsifiant les émotions par la science.
Le scénario du duo Paul Wernick et Rhett Reese se sert alors dans les thèmes chers à la SF et présents dans la nouvelle d’origine en évoquant tour à tour le transhumanisme et le rapport au corps (si bien qu’on se dit à quelques instants que David Cronenberg aurait avec une telle base un film déjà entièrement balisé). Mais toutes ces idées installées par le concept du film et par l’introduction des personnages principaux finissent malheureusement par s’enliser, laissant l’enselble s’emballer dans sa dernière partie pour finalement n’aller nulle part.
Spiderhead est morcelé entre son scénario très claudiquant et son ambition de science-fiction transhumaniste, donnant alors l’impression nette qu’au bout d’un moment le film lui-même ne sait plus ce qu’il a à raconter. Et c’est d’autant plus dommage que le casting est délicieux, Miles Teller et Jurnee Smolett se glissant habilement dans la peau de ces amants maudits et le brillant Chris Hemsworth incarnant un antagoniste tout en nuances au charisme génialement barré.
Spiderhead est une proposition pas toujours brillante qui réussit à séduire sous certains aspects, mais qui frustre et bloque par d’autres. Le film est littéralement découpé en deux, comme si la mise en scène elle-même voulait s’évader de la boucle étouffante montée par un scénario trop incertain. Spiderhead n’est clairement pas le Kosinski de cette année qui restera en mémoire, mais fournit dans certains de ces thèmes et dans la construction de ses personnages principaux un voyage intimiste et philosophique au cœur des émotions humaines. Dommage que ces émotions en question ne réussissent pas à parvenir jusqu’au spectateur.
Réalisé par: Joseph Kosinski
Casting : Chris Hemsworth, Miles Teller, Charles Parnell…
Genre: Science fiction, Action, Thriller
Sortie le: 17 Juin 2022
Distribué par: Netflix France
MOYEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020