SYNOPSIS: En 1766, une bête mystérieuse sévit dans les montagnes du Gévaudan et fait de nombreuses victimes, sans que quiconque puisse l’identifier ou la tuer. Les gens ont peur. C’est un monstre surgi de l’enfer ou une punition de Dieu. L’affaire prend rapidement une dimension nationale et porte atteinte à l’autorité du Roi. Le chevalier Grégoire De Fronsac, naturaliste de surcroît, est alors envoyé dans la région du Gévaudan pour dresser le portrait de la bête. Bel esprit, frivole et rationnel, il est accompagné de l’étrange et taciturne Mani, un indien de la tribu des Mohawks. Ces derniers s’installent chez le Marquis Thomas d’Apcher. Au cours d’une soirée donnée en son honneur, Fronsac fait la connaissance de Marianne De Morangias ainsi que de son frère Jean-François, héritiers de la plus influente famille du pays. Fronsac se heurte bientôt à l’animosité des personnages influents de la région.
Pour seulement son deuxième film, Christophe Gans aura réalisé un objet de 32 millions d’euros et qui fut un véritable succès avec 5,1 millions d’entrées en France et une énorme côte au pays de l’oncle Sam, sorte de blockbuster « So Frenchy », dans une improbabilité totale d’un mélange de nombreux genres où les ricains semblent avoir trouvé leurs petits. Avant de devenir réalisateur, Christophe Gans fut journaliste, critique cinéma notamment au magazine culte Starfix et l’aspect inclassable mais pas incassable de son film, laisse deviner sa passion cinéphile, entre film historique, de science-fiction, de romance, d’action, voire de kung-fu délire parfois, le croisement est partout, le mix un tantinet délétère peut-être… Car le film flirte parfois avec sa propre caricature, à force de trop vouloir en dire, trop vouloir en faire… C’est quand même un peu la démonstration permanente. Comme il prête à son auto-satire, le légendaire Morning Live (2000-2003) émission matinale de M6, avec Michaël Youn en avait offert un amusant plagiat avec Le pacte des mous.
Il y a incontestablement une envie de faire du grand cinéma, et de laisser une trace, avec notamment les moyens d’une superproduction à la Française. Mais cette envie déborde et donne parfois un sentiment de manque de spontanéité, voire au final d’honnêteté. Mais, malgré de très nombreux problèmes, une interprétation chorale par moment (nous y reviendrons) très convaincante, l’ensemble arrive à tenir le spectateur globalement en haleine. Les velléités trop visibles d’en faire une mise en scène hyper-spectaculaire ne permettent qu’une adhésion limitée, et la succession de jolies et gentilles vignettes comme la scène sur le balcon entre Samuel Le Bihan et Emilie Dequenne, fait par moment un peu penser à une pub pour de la lessive qui rend le linge frais et éclatant, et même un peu transparent. « Vouloir trop plaire, c’est le plaisir des moches » disait Renaud (Le chanteur hein..). La puissance des interprétations, le sujet passionnant et angoissant, l’ambiance mystique, pourraient, auraient dû, créée un film d’époque épique… Mais ce besoin pathologique d’en faire trop au final, on se moque un peu car ça pique…
Du coup, les ralentis, les effets visuels et sonores, avec une bande-son un peu surexploitée, sont censés magnifier le film, et s’ils sont clairement spectaculaires, ils participent à ce verbiage excessif, ce trop-plein de tout, tout le temps. Ils parlent trop, ils commentent, ils crient, ils sautent, ils courent, et souvent, nous, on baille… Par contre, une chose est sûre, s’il est à voir, c’est au cinéma, d’autant plus avec cette version restaurée, tant déjà à sa sortie, il y a 21 ans, il était singulièrement novateur. C’est d’ailleurs ici le cœur du sujet. Il existe en effet deux façons assez diamétralement opposées de considérer Le pacte des loups. Entre une vision totalement ridicule, tant le trait est grossier à tous les niveaux, mise en scène, écriture à la truelle, jeu des acteurs ou alors accepter que le film a le grand mérite d’assumer le genre ici filmé sur un mode totalement décomplexé. Un peu à l’image de la scène de combat entre Le Bihan et… la bête… On peut avoir envie d’exploser de rire tout en étant un peu impressionné quand même. C’est un peu Matrix au lac de Paladru… En vrai le « Bullet Time » à la Française n’est pas si ridicule… Mais globalement, les scènes de baston sont super funs et le spectacle prédomine, permettant de ne pas trop décrocher, même si tout pouvait être réglé en 1H45. Mais comme là aussi, tout se veut à l’excès, tout prend du temps, et ici 2h24 c’est quand même long, mais jamais autant que les anesthésiantes 2h27 du récent primé à Cannes Le otto Montagne » (2022).
Le casting est assez jubilatoire. Avec un petit problème de sur-jeu quand même pour Samuel Le Bihan… Mais comme tout est un peu sur-écrit, il n’y peut sans doute pas grand-chose. Vincent Cassel est un parfait et envoutant sadique ; Emilie Dequenne toujours aussi juste, Mark Dacascos est un gentil très gentil, Jérémie Rénier se fait déjà joliment remarquer, Bernard Farcy est super investi, et on retrouve des petits noms comme Monica Bellucci, Jean Yanne, Jacques Perrin, Jean-François Stévenin, évidemment tous à la hauteur. D’un point de vue purement technique, ce film de 2001 est avant-gardiste, donc forcément 20 ans après, il faut l’évaluer avec l’honnêteté de la re-contextualisation. Par contre, si la technologie a bondi en 20 ans, le cœur et la finesse d’écriture, même en restaurée, risquent de faire à nouveau défaut. Mais si vous l’avez apprécié avant, sur que vous l’adorerez maintenant, et c’est une expérience de cinéma qui se tente, car le film a marqué son époque, et pour les bonnes comme les mauvaises raison, le qualifier de culte n’est pas surfait.
Titre Original: LE PACTE DES LOUPS
Réalisé par: Christophe Gans
Casting : Samuel Le Bihan, Mark Dacascos, Jérémie Renier…
Genre: Aventure, Epouvante-Horreur, Historique
Sortie le: 8 juin 2022
Distribué par: Metropolitan FilmExport
BIEN
Catégories :Critiques Cinéma