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TIC ET TAC LES RANGERS DU RISQUE LE FILM (Critique)

SYNOPSIS: De nos jours, Tic et Tac évoluent autant dans le monde de l’animation que dans celui des humains. Depuis la déprogrammation de la série dont ils étaient les héros, leurs vies ont pris des directions diamétralement opposées. Tic s’est reconverti en représentant en assurances et mène une existence ordinaire dans une banlieue résidentielle. À l’inverse, Tac a fait l’objet d’une opération médicale et se produit dans des galas et conventions empreints de nostalgie, où il tente vainement de retrouver sa gloire passée. Lorsqu’un de leur ancien partenaire d’aventure disparaît mystérieusement, Tic et Tac n’ont d’autre solution que de renouer avec leur amitié passée et de reprendre leurs chapeaux de détectives pour partir à son secours… 

Parmi les figures classiques de l’écurie Disney qui ont brillé par leur absence sur les écrans ces dernières années, Tic et Tac sont probablement ceux qui disposaient du plus de légitimité à un retour en grande pompe. Les deux tamias (car non, ce ne sont ni des écureuils ni des chipmunks) ont été les héros d’une série animée très populaire à partir de 1989, à la suite de laquelle ils feront quelques apparitions à gauche à droite dans d’autres médias et sous d’autres formes. Mais c’est bien vers le cinéma que leur chemin se trace en 2022, puisqu’une dérivation de leur série Rangers du Risque prend forme devant la caméra de Akiva Schaffer (membre du trio musicalo-comique Lonely Island, qui s’impose dans le film par la présence vocale d’Andy Samberg qui incarne le jovial Tac). Tic et Tac : Rangers du Risque mouture 2022 débarque directement par la case Disney+ pour nous raconter une histoire méta des deux rongeurs à travers Hollywood et la transformation des plateaux de tournages au fil du temps. Tic et Tac sont désormais deux célébrités has-been à cause de l’annulation malheureuse de leur show d’aventure au début des années 90. Tic vit seul avec son chien et vend des assurances, et Tac côtoie les conventions pop-culturesques en regrettant son âge d’or. Les deux amis d’enfance, qui ne se sont pas parlés depuis la fin prématurée de leur show, doivent reformer les Rangers du Risque lorsque de mystérieux cas d’enlèvements à travers la communauté toons inquiètent la police.



En jouant la carte de la pas-une-suite-mais-presque méta en forme de mélange prise de vues réelles et animations en tous genres (Qui veut la Peau de Roger Rabbit est une influence claire citée à plusieurs reprises par le film), ce « Come-back » vendu par la promotion du film fait peau neuve pour rapatrier ses deux héros incollables que le scénario s’efforce de séparer après son ouverture. Ce Rangers du Risque prend alors place dans un univers aux barrières artistiques démolies en permettant à des humains de côtoyer des animations en 2D, des créatures en CGI, des policiers en stop-motion ou même des marionnettes façon Muppet Show. Si l’idée donne l’occasion à un véritable festival de caméos et de citations façon gloubiboulga Space Jamesque, ce Tic et Tac à la force de frappe comique remarquable s’efforce constamment de rester à hauteur de ses deux héros et de ne jamais les perdre de vue. La nostalgie pompeuse et le fan-service gratuit qui auraient pu être de mise dans une telle installation laissent place à une tendresse folle envers des personnages vieillissants, heurtés par la vie ou tordus par la violence des studios hollywoodiens. L’on pourra alors se dire qu’il est ironique que Disney aborde un tel propos en taclant les imperfections de la concurrence avant de balayer devant sa porte, mais ce Tic et Tac propose en tête de gondole un antagoniste issu de leur propre écurie que le duo de scénaristes Dan Gregor et Doug Mand esquinte lourdement pour traiter directement de l’impitoyabilité des gros studios. Le personnage nous livre également une approche extrêmement maline de la pratique du bootleg (versions de contrebande de films populaires, généralement low cost) qui vient accompagner la démarche parodique du film – à l’instar de ces panneaux publicitaires qui nous vendent des concepts qu’on rêve de voir pour de vrai désormais (on ne saura choisir entre Batman vs E.T., Lego Les Misérables et Mr Doubtfire avec Meryl Streep).



En s’efforçant de multiplier les styles d’animations dans un univers multi-partagé qui ferait pâlir le Multivers of Madness de Marvel, cette libre adaptation de Tic et Tac se pose comme un spectacle au scénario un peu simpliste qui pave la voie à une liberté de ton assez notable de la part de Disney. Les trublions de Lonely Island s’éclatent alors à raconter cette histoire d’amitié saupoudrée d’un propos à la fois tendre et acerbe sur la rugosité d’Hollywood et sur ces stars du passé condamnées à inspirer la nostalgie d’une autre époque où tout était plus beau. Dans les deux rôles principaux, John Mulaney et Andy Samberg effacent les voix aiguës des deux tamias en leur offrant profondeur et nouvelle vie par l’intermédiaire d’une histoire qui les pousse à se séparer en début de parcours. Kiki Layne incarne la policière en prises de vues réelles qui accompagne les deux rongeurs dans leur aventure, aux côtés de Will Arnett, Keegan Michael-Key, Flula Borg, J.K. Simmons et d’une pelletée de Seth Rogen (parce qu’il n’y a jamais trop de Seth Rogen dans un film Tic et Tac). On notera également la présence de Tress MacNeille qui vient redonner sa voix à Gadget, accompagnée par Eric Bana et Dennis Haysbert qui complètent les Rangers du Risque en incarnant respectivement Jack et Zipper.


Dans une folle aventure un peu bête qui ne l’empêche pas d’être maline et hilarante, ce nouveau Tic et Tac est une proposition méta qui fait figure de bon bol d’air frais dans le catalogue Disney et qui s’impose aisément comme le digne successeur de Roger Rabbit. On passera les imperfections esthétiques qui finissent par être éclipsées par leur profusion et leur diversité, et on appréciera ce joyeux bordel composé avec tendresse et nostalgie pour les fans de la série animée originelle plus que pour les enfants. Sous le prétexte d’un revival Behind the Scenes des Rangers du Risque, Akiva Schaffer signe un long-métrage un brin déglingué et très stimulant qui empile les références à la pelle sur les plateaux d’Hollywood pour nourrir l’histoire atypique mais touchante de deux anciennes stars du showbiz qui affrontent directement un milieu gentiment has-been qui tente de se lever contre le système mis en place. En ça, ce retour parvient à la fois à être réussi et justifié, ce qui n’est pas rien pour un quasi-remake Disney.

Titre Original: CHIP’N DALE : RESCUE RANGERS

Réalisé par: Akiva Schaffer

Casting: Andy Samberg, John Mulaney, KiKi Layne…

Genre: Animation, Action, Comédie, Famille

Sortie le : 20 mai  2022

Distribué par: Disney +

TRÈS BIEN

 

 

 

 

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