SYNOPSIS: Jeune as du pilotage et tête brûlée d’une école réservée à l’élite de l’aéronavale US (« Top Gun »), Pete Mitchell, dit « Maverick », tombe sous le charme d’une instructrice alors qu’il est en compétition pour le titre du meilleur pilote…
Chantres du cinéma de divertissement par excellence, les producteurs Jerry Bruckheimer et Don Simpson qui sont clairement les auteurs du film, ne font pas dans le cinéma d’auteur, c’est une lapalissade convenue. D’ailleurs, pour un budget de 15 millions de Dollars, Top Gun en rapportera plus de 353 millions dans le monde entier… Il est amusant de savoir qu’au lieu de Tony Scott, c’est John Carpenter ou David Cronenberg qui ont failli se trouver à la tête de la réalisation de Top Gun, on peut imaginer que le résultat final aurait été tout autre, c’est un euphémisme. D’emblée, Top Gun c’est Holywood… Une musique synthétique, des avions de chasse F-14 Tomcat qui balaient un ciel orangé avec au sol la chorégraphie des gars de la marine pour gérer décollages et atterrissages. L’étoile rouge des pilotes méchants, qui sans que jamais un pays ne soit bien sûr mentionné, suggère leur appartenance du bloc de l’Est, Corée du Nord ou Russie (y’a Battle dans la battle) … A la patriotique et ultra libérale école Top Gun, on n’aime pas trop les cocos ! Très vite aussi, l’on comprend que Maverick est un fougueux jeune premier, le profil rebelle du chien fou qui, en 1986, va faire trembler d’émoi de l’adolescente pré-pubère à la ménagère de plus de 80 ans.. Avec de surcroît, sa beauté ravageuse, ce charisme délirant, la générosité du sauveur qui va au péril de sa vie récupérer les potes en détresse, qui en font le parfait héros modèle d’une fin de siècle. Dieu qu’il est beau, et il le sera de plus en plus évidemment durant les 01h44 de film… (mais on ne va pas gâcher la magie en vous dévoilant que pour rendre les 08 centimètres de différence avec Kelly Mc Gillis, il a porté des talonnettes pendant le tournage, non on ne le dira pas…). C’est fou comment tout le monde transpire à la base !!! Les dialogues claquent, la musique démarre, l’avion décolle, Maverick suit à moto au soleil couchant… Pour sûr, ça pète… Même si c’est quand même un parangon de cucuterie ultime.
Sans transition, on enchaîne sur…. Michael Ironside !!! avec en plus une casquette !!!! Énorme on vous dit !!! Certes, quand Viper et sa moustache frisante à la Tom Selleck, (mais non c’est pas lui, c’est Tom Skeritt !!!) fait comprendre que le major de promotion, peut ensuite revenir comme instructeur, on pense immédiatement à Top Gun : Maverick de passage à Cannes… Mais à bien y regarder, des Top Gun 2, Tom Cruise en a au moins tourné justement deux, car Cocktail (1988) c’est Top Gun dans un bar et Jours de Tonnerre (1990), c’est Top Gun en voiture. Clairement, au bout de 24 minutes, ce qu’on présupposait comme être une simple installation se confirme malheureusement… A savoir, que les dialogues sont une source de consternation permanente… Mais avec quand même des pépites venues de l’espace comme la tête d’Anthony Edwards (Goose) après s’être excusé deux fois comme un gamin tout morveux auprès de Kelly Mc Gillis après un geste assez vulgaire avec son majeur (le doigt quoi..).
Bon malgré la niaiserie de dialogues issus d’une plume trempée dans du lisier du Kansas, quelques morceaux de bravoure, qui quoi qu’on dise, s’inscrivent dans une forme de panthéon littéraire cinéphile : « Slider, tu pues »… « Bon dieu, il est fort le môme »…. « Maverick, bête de sexe, fais-moi l’amour ou je réponds plus de mon corps »… « L’ennemi est dangereux Maverick, mais toi, t’es pire que l’ennemi… tu es dangereux et con ! »Bon… Après y’a aussi la scène du volley torse poil, jean moulant, plaque de pilote collée au torse, la moto qui redémarre, et Take my Breath Away (1986) de Berlin… On en frissonne quand même… Tout en se disant honteusement « mais comment j’ai pu adorer ça » Tout le drame du film est là… Ça sort maintenant, c’est à peine une deuxième partie de soirée un vendredi sur une chaine de la TNT… Mais quand on re-contextualise ce que ce film a pu incarner à l’époque, il porte évidement les germes de l’iconique, l’anthologique, du film patrimoine, dans le domaine du gnan gnan, mais aussi d’une forme d’esthétisme clinquant qui se regarde avec une nostalgie rigolote mais pleine de charme. Ha c’est « le moment émotion » où Tom Cruise se confie à Kelly Mc Gillis, il est ténébreux, et sa rébellion s’explique donc par des fêlures… Ben oui… On avait pas compris.
Oula, Take My Breath Away à fond, le blouson aviateur, les lunettes de soleil fumées, cette fichu moto qui ne fait que redémarrer… Elle lui dit « je ne veux surtout pas que les pilotes sachent que je suis tombée amoureuse de vous ». Lui… « Ha oui »… Il l’embrasse… On en frissonne encore et pourtant c’est toujours aussi ridicule !!! Dur d’être quand on a été.. En fait, c’est ça le truc, pour aimer Top Gun maintenant, il faut avoir aimé Top Gun avant. Bon, là, Tom Cruise (qui transpire encore, c’est fou ça quand même..) regarde la photo de son papa… On ne sait pas s’il faut rire ou pleurer… Voilà Meg Ryan… (Soupir…). On humanise Goose… Donc Goose va mourir… pas cool… En fait, la mort d’Anthony Edwards devient limite un mauvais running gag… Son insupportable disparition dans des souffrances vues de trop près dans l’anthologique Urgences (1994-2009) viendra le confirmer. Dernière mission, Tom Cruise sort du formol et met avec ses petits potes capitalistes la raclée aux cocos. L’honneur de la bannière étoilée est préservée, Tom Cruise et Val Kilmer sont devenus copains et se font un bisou. Tient la moto ne redémarre pas, elle doit être au garage.. Dernier plan, Tom dans le bar avec Kelly et ce You’ve lost that lovin feelin (1965) des Righteous Brothers qui, faut-il le reconnaître, est une poésie. Ils s’aiment et on est tous contents, et on a un peu oublié Goose quand même. Un film, un bonhomme, Top Gun va révéler au monde la beauté certes, mais aussi le talent fou et le magnétisme total de Tom Cruise, qui va devenir LE jeune premier pour des années. Sa prestation est ici solaire, il est beau, sent bon le sable chaud, mais surtout, c’est un pur acteur, et il hypnotise la caméra. Les autres lui servent plutôt bien la soupe. Anthony Edwards, on ne peut que l’aimer, il meurt tout le temps…Kelly Mc Gillis incarne avec grâce la lutte féministe dans un monde de brutasses en uniforme, Meg Ryan…soupir…. Val Kilmer est bien méchant au début, plutôt sympa à la fin, et il fait tout ça très bien… Michael Ironside est Michael Ironside… Si toute une génération kiffe Top Gun, c’est car on a tous en mémoire un moment unique en lien avec ce film, avec cette surabondance de musiques qui vient évidemment masquer d’autres pauvretés. Quand à 15 ans, on mange des cerises, allongé dans l’herbe avec son premier amour en écoutant Take My Breath Away, c’est que Top Gun restera éternel. Il a mal vieilli et serait presque une comédie aujourd’hui. Nous aussi, on a vieilli et c’est pas joli… Mais il reste toujours des films, souvenirs d’une époque, incarnation d’une nostalgie, tous les films n’ont pas cette force… Top Gun l’a, et rien que pour ça, le revoir et imaginer la suite qui débarque est une totale hystérie intérieure !! A demain Maverick, on a rendez-vous du côté de Cannes !!
Titre Original: TOP GUN
Réalisé par: Tony Scott
Casting : Tom Cruise, Kelly Mc Gillis, Val Kilmer…
Genre: Action, Drame, Romance
Sortie le: 17 septembre 1986
Distribué par: United International Pictures (UIP)
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma