SYNOPSIS: Apollo 10 1/2 : Les fusées de mon enfance retrace l’histoire du premier voyage sur la Lune selon deux points de vue croisés. Le film raconte ainsi l’incroyable épopée de l’été 1969 non seulement du côté des astronautes et du centre de contrôle de mission, mais aussi à travers les yeux d’un enfant qui vit à Houston au Texas et qui nourrit ses propres rêves intergalactiques. Inspiré de la vie du cinéaste oscarisé Richard Linklater, Apollo 10 1/2 : Les fusées de mon enfance dresse un portrait de la vie aux États-Unis dans les années 60, entre passage à l’âge adulte, regard sur la société et aventure d’un autre monde.
Il se sera passé quelque chose en ce 1er Avril 202, jour de sortie sur Netflix de Apollo 10 ½ : les fusées de mon enfance. Sans qu’il ne s’agisse d’un poisson, Netflix sort là un film d’animation, comme un bonbon, façon régalade, kiff total, aventure imaginative et profondément touchante, avec dans les yeux de Stan, la description luxuriante de souvenirs qui nous replongent à cette divine période de notre propre insouciance, à la pureté si inspirante. On savait que Linklater affectionnait particulièrement les récits où les enfants sont des figures iconiques, notamment dans l’incroyable Boyhood (2014) où il filme le parcours et l’évolution d’un enfant de ses 6 à 18 ans. Comme pour Paul Thomas Anderson, avec le délicieux Licorice Pizza (2021), Richard Linklater vit son enfance au moment et dans le lieu de l’histoire de son film (1970 en Californie pour PTA et 1960 à Houston pour Linklater). Il en émerge communément un décryptage haut en couleurs d’une véritable déclaration d’amour à une époque et à ses multiples nostalgies. Dans Apollo 10 ½ : les fusées de mon enfance, nous sommes au cœur de l’imaginaire de Stan, qui va s’inventer avec force une mission spatiale. Fantaisie toujours foisonnante quand elle émane des rêves et illusions d’un enfant, d’un bipède organiquement utopiste !! Ce sont aussi des descriptions au microscope sur une forme d’exégèse de ce qui paraît insignifiant, comme pour le bacon insuffisamment congelé, encore discrètement perlé de glace sur le dessus, qui du coup craque sous la dent, ce qui pour du bacon est dommageable… Ce qui n’est qu’un exemple parmi un millier d’autres. Et qui n’est pas sans faire penser au fabuleux et lyrique souci du détail qui fait la différence dans Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2001).
En terme de références, Apollo 10 ½ est à lui seul une DVDthèque, une bibliothèque, une CDthèque.. Il ressuscite dans une enivrante vitesse d’exécution Bonanza, Ma sorcière bien aimée, et bien sûr Star Trek, ou encore, Max la menace, La famille Adams, Hawaï police d’état, Le magicien d’Oz (et ses angoissants singes volants) etc etc etc. Mais surtout…surtout…. La quatrième dimension !!! (Comment oublier l’épisode où dans un bar deux clients se confessant qu’ils sont en fait extraterrestres, avec notamment celui qui enlève son béret, laissant découvrir un troisième œil sur le crâne…. Encore des frissons…). Le film convoque et invite sans retenue. Sa profusion d’exemples dès qu’il se pose sur un sujet, ne vous laisse aucun répit et vous emprisonne délicieusement dans un filet empathique, tout en venant vous toucher forcément au regard de cette fécondité extrême de références… Il se passe tellement de choses à l’écran, qu’il s’agisse d’une abondance de personnages ou d’actions, qu’il faut se concentrer de partout pour pendre la pleine dimension de ce bijou d’animation.
Il existe également un jeu d’arrière-plan assez fou. Comme nous ne sommes pas dans la parodie, comme pour La femme qui habitait en face de la fille à la fenêtre (2022), ou le second plan va être le burlesque du réparateur de boîte aux lettres qui passe des semaines à la rafistoler, ici, le second plan va être sous forme d’orfèvrerie pour venir donner encore plus de crédibilité ou d’esthétisme, avec par exemple dans un parc de jeux pour enfants, très loin de la scène principale deux gamines dont on devine qu’elles jouent à « 3 p’tits chats » en se tapant les mains. Si cette scène n’existe pas, le moment n’y perd rien… Mais c’est précisément la multiplicité de ce type d’arrière-plan qui, dans un élan quasi subliminal va rendre le film follement adorable et authentique. C’est de la mise en scène en dentelles… L’écriture est à couper au couteau, à l’image du souci de perfection précédemment cité. C’est littéraire, inventif et follement poétique. Le coup de crayon est clinique, avec cette reconstitution animée tellement originale, du dessin moderne, mais à l’ancienne. Il suffit de « regarder leurs regards », c’est ici assez spectaculaire de percevoir des émotions aussi vives chez des personnages animés, dans tous les sens du terme.
Coté bande son, une douceur nostalgique en dépeignant une ambiance d’époque forcément sanctuarisée avec Les Byrds, The village stompers, Johnny Cash, les Pink Floyd … La voix off de Stan devenu quarantenaire offre un rythme captivant. Il y a comme du Forrest Gump (1994) dans la prédominance de la petite histoire dans la grande… On passe dans la même minute de la description chirurgicale du décapsulage de canette de bière du père de Stan qui une fois la languette retirée, la repositionne dans sa bière pour ne pas être un pollueur mais aussi et surtout car c’est son rituel à lui… A des images d’archives animées de la guerre du Vietnam, mais là aussi avec la même minutie du détail. La richesse est partout. Il y a dans Apollo 10 ½ : les fusées de mon enfance, une prodigieuse promesse de virtuosité. L’exploration spatiale est ici un formidable prétexte pour, dans une accumulation de pépites scénaristiques, faire vivre cette ode à la liberté, constellée de souvenirs familiaux puissamment touchants et un imaginaire enfantin qui se prolonge à l’infini. Lors de la montée de Stan vers les étoiles, on touche parfois au sublime, mais à ce stade, pas question de vous en dire davantage…. A vous de jouer, la plateforme au blason noir avec la lettre rouge n’attend que vous pour une odyssée inoubliable.
Titre original: APOLLO 10 1/2 : A SPACE AGE ADVENTURE
Réalisé par: Richard Linklater
Casting: Zachary Levi , Jack Black , Glen Powell …
Genre: Animation, Aventure, Drame
Sortie le: 1er Avril 2022
Distribué par : Netflix France
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Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020