Critiques Cinéma

VAILLANTE (Critique)

SYNOPSIS: Depuis qu’elle est enfant, Georgia Nolan n’a qu’une seule ambition : devenir pompier comme son père ! Hélas, à New York en 1932, les femmes n’ont pas le droit d’exercer cette profession. Quand les pompiers de la ville disparaissent un-à-un dans de mystérieux incendies dans des théâtres de Broadway, Georgia y voit une occasion en or : elle se déguise en homme et intègre l’équipe de pompiers débutants chargés d’arrêter le pyromane ! C’est le début d’une aventure aussi désopilante qu’à couper le souffle ! 

Avec Vaillante, c’est un véritable coup d’essai dans la réalisation pour Laurent Zeitoun, qui plus est avec un dessin animé. Il avait jusqu’à présent œuvré comme scénariste notamment pour Prête-moi ta main et L’arnacoeur, et également endossé le costume de producteur pour des «  petits succès  » d’estime comme Intouchables et Le sens de la fête !! Avec son acolyte Théodore Ty, tous deux à la réalisation de Vaillante, ils ont co-produit Ballerina où il était déjà question de dépassement de soi pour la réalisation de son rêve… Une des idées originelles de Vaillante était aussi de s’inscrire dans la modernité d’un message à faire passer aux enfants, mais peut-être finalement surtout aux adultes qui les accompagnent, car il s’agit sans circonvolution aucune d’un dessin animé féministe, dont la volonté initiale émane de la surprise du réalisateur qui s’est rendu compte que c’est seulement en 1982 que les femmes ont pu devenir pompiers à New York. Au-delà du dessin-animé dans tous ses codes assez classiques, il y a la velléité de promouvoir des idées, qui ne s’inscrivent pas dans un moralisme gnan gnan… Comme c’est quand même souvent le cas avec le genre en question.

Tout au long du dessin animé, se dégage une très belle énergie et avec en plus, ce qui est peu courant dans ce type de production, un style pas trop criard, ce qui en soi est quasi déjà une performance. Il convient de souligner la prestation vocale sans faille de Vincent Cassel, qui joue Shawn Nolan le chef des pompiers (doublé quand même par Sir Kenneth Branagh dans la version originale), parti du cultissime « c’est à moi qu’tu parles » dans La haine avec une forme d’aboiement d’ado menaçant pour devenir aujourd’hui une des voix les plus recherchées du cinéma français sur des doublages animés (inoubliable Diego dans tous les L’âge de glace, Monsieur Des Bois dans Shrek, Tony dans Les lascars ou le Renard dans l’adaptation animée du Petit prince de Mark Osborne). Vincent Cassel évoque lui-même « 20 ans de doublage » pour appuyer la singularité de ce talent de plus dans son art de comédien. Il peut en effet passer d’une forme de douceur bienveillante, très utile dans Vaillante pour incarner la chaleur paternelle, à des cris rauques et stridents, toujours indispensables dans le monde des animés, où forcément toujours, l’hystérie est partout pour créer du comique de situation.


Et puis dans Vaillante, il y en a pour tous les goûts et selon l’expression consacrée, qui « peut ravir les jeunes et les moins jeunes ». Alors certes, Laurent Zeitoun a pensé, pour de vrai, et pas uniquement dans un argument mercantile de vente de tickets, aux parents qui accompagnent leur progéniture adorée dans les salles obscures. Mais ce qui est particulièrement notable dans Vaillante est que l’humour n’est pas compartimenté sur un mode générationnel. Dans le sens, où l’on peut rire aux mêmes vannes entre adultes et enfants, et qui fait de Vaillante un incontestable objet de partage, et génère un dynamisme constant où l’on s’ennuie très peu. Comme illustration de cet humour généreux et de communion, le running gag de la voix du chef de la police, sorte de gros flic musclé, et fan de music-hall avec une voix de castra d’ado prépubère (doublé dans un sacré numéro par Elie Semoun, lui aussi fin expert du genre). Classique dérision dans le contraste, mais c’est clairement efficace, grâce à la subtilité de la mise en scène, attendu que le personnage intervient si peu que l’on oublie légèrement ce décalage et quand il réapparait, alors le fou rire revient avec. Sans parler du pompier narcoleptique, nommé « le guépard », qui quand il se réveille avec son  »Ben j’ai rien manqué » fait inexorablement penser aux petites annonces d’Elie (encore lui), jouant un personnage atteint « d’endormissite aiguë », et qui sortant du mini coma assène « Je vois que je suis le premier ».



Ces personnages décalés et un peu délirants, donnent à voir aux spectateurs une subtile pensée sur l’altérité, et là encore, sans en faire trop, juste dans le ton suffisant. C’est aussi ça Vaillante, une finesse et une justesse dans la narration, qui l’air de rien et sans manichéisme aucun, envoient des messages certes simples, car adaptés à un public, mais qui sont au final d’autant plus pertinents et efficaces. Et puis bien sûr, il y a Georgia, obligée de se déguiser en homme pour rejoindre la caserne. Notre héroïne attachante qui cherche à la fois l’accomplissement de son dessein le plus cher, tout en essayant de préserver la bienveillante protection paternelle, même ci celle-ci doit laisser la fille devenir femme. C’est ici comme une discrète habileté scénaristique jamais moralisatrice d’un discours induit sur l’émancipation du patriarcat, et presque subliminalement, ça passe crème et ça fait du bien. Dans cette même idée, pour les plus anciens (snif), l’on pourrait y trouver une légère analogie avec l’Inspecteur Gadget, dans l’idée de sa fille (Sophie) et le chien audacieux (Fino) qui se jouent discrètement de l’adulte pour mener à bien les aventures. Cette ambiance contribuant à des petites victoires discrètes des enfants sur les adultes, toujours sources d’un ineffable bonheur pour les spectateurs en culottes courtes. Il serait ici facile de dire qu’il existe des facilités… Au regard du « public cible », il n’y a pas pléthore de façons de faire passer une morale à portée de nos chères têtes blondes. Et au final, le gnan gnan ne remporte pas la partie, ce qui en fait POUR DE VRAI un film pour petits et grands, où franchement, on rit, et surtout on rit tous ensemble. Il faut enfin s’attendre à ce que Vaillante suscite des vocations de pompières, qui sans doute s’estomperont à la mesure de la volatilité des rêves, mais c’est aussi ce que l’on demande au cinéma, de nous faire voyager, et clairement, avec Vaillante le pari est réussi, parole d’une petite fille de 6 ans qui accompagnait le serviteur du jour : « Je recommande à 100 % !! ».

Titre Original: FIREHEART
 

Réalisé par: Laurent Zeitoun, Theodore Ty

Casting : Alice Pol, Vincent Cassel, Valérie Lemercier …

Genre: Animation, Famille, Comédie

Date de sortie : 02 février 2022

Distribué par: SND

TRÈS BIEN

 

 

 

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