Critiques Cinéma

CHER EVAN HANSEN (Critique)

SYNOPSIS: Evan Hansen est un lycéen de 17 ans qui souffre de trouble d’anxiété sociale. Son thérapeute lui conseille de s’écrire une lettre pour l’aider à renforcer sa confiance. Lorsqu’un de ses camarades de classe, Connor, se suicide, Evan se retrouve au centre de la tourmente. Dans une tentative malavisée de réconforter la famille en deuil, Evan prétend qu’il était meilleur ami avec Connor. 

L’heure d’Hollywood est à la comédie musicale. Alors que l’année 2021 s’est clôturée avec le remake de West Side Story par Steven Spielberg, la traversée sud-américaine du Encanto de Disney et l’adaptation de Tick, Tick… BOOM! par Lin-Manuel Miranda, 2022 s’ouvre chez nous par l’arrivée de Cher Evan Hansen mis en scène par Stephen Chbosky, alors que le film connaît moults mésaventures critiques de l’autre côté de l’Atlantique depuis sa sortie en septembre dernier. Et pourtant, le projet a tout dans ses manches pour être une franche réussite. Chbosky à la réalisation, c’était la garantie de nous replonger dans les angoisses existentielles de l’adolescence et de ses troubles intrinsèques tels qu’on ne les a pas vus au cinéma depuis Le Monde de Charlie en 2012 (un teen-movie comme pas deux que l’on conseille démesurément). Par un scénario signé Steven Levinson adapté de la comédie musicale de Benj Pasek, Justin Paul (les auteurs des chansons de La La Land et de The Greatest Showman) et lui-même, Cher Evan Hansen aligne les grands noms à son tableau de bord, jusqu’à reconvoquer l’interprète éponyme qui a fait les belles heures du musical sur les planches, Ben Platt en tête de proue devant un casting affriolant.


Cher Evan Hansen suit le Evan du titre, lycéen anxieux et dépressif qui souffre de sa solitude. Alors que la nouvelle du suicide d’un de ses camarades se répand dans l’école, Evan se retrouve au milieu de ce drame lorsqu’il est pris pour le meilleur ami de ce Connor Murphy. Côtoyant alors la famille du défunt (sa mère, son beau-père et sa sœur – dont il est amoureux), Evan est poussé à raconter cette amitié inventée de toutes pièces pour mettre la lumière sur les troubles de Connor qui l’ont poussé à commettre le pire. Teen movie évident, Cher Evan Hansen évoque dès son ouverture l’habileté avec laquelle Stephen Chbosky sait filmer l’adolescence et ses incertitudes. Si le scénario du film reste constamment en surface de ses thèmes pour embrasser le cœur du musical originel, la mise en scène est un des rocs du film, parvenant à offrir une histoire à la musicalité exacerbée avec une sobriété et une délicatesse assez rare. Mais là où les ambitions de Cher Evan Hansen s’évaporent, c’est qu’il souffre d’une structure narrative très confuse à essayer de raconter tant de choses sans toutes les creuser qu’on finit par se demander de quoi parle le film. Lorsque le générique final retentit, on en vient alors à se questionner sur les retombées morales des erreurs du protagoniste, balayées au profit d’une conclusion plutôt optimiste qui fait quelque peu tâche dans l’ensemble. Cela n’empêche pas le film de briller dans certaines très jolies scènes, comme à son ouverture, à la touchante chanson Requiem, ou à l’hymne à la différence et à l’acceptation crié dans You Will be Found.


En fin de parcours, Cher Evan Hansen nous laisse mitigé, nous ayant emmené dans une histoire curieusement singulière avec beaucoup d’amour, de bonnes intentions et d’ouverture, pour au final laisser de côté les messages qu’il comptait porter par cette aventure. Le long-métrage souffre également de l’effet de redite, se montrant comme une version plus légère (et donc bien moins pertinente) du Monde de Charlie, avec lequel Chbosky avait trouvé une voie royale pour évoquer les angoisses adolescentes et la maladie mentale sur les bancs du lycée. L’auteur-réalisateur n’a pas écrit le scénario du présent film, et malheureusement ça se voit. Le casting ne démérite cependant pas malgré les torrents critiques que se prend Ben Platt pour son interprétation d’un adolescent de 17 ans alors qu’il en a lui-même 28. Ce n’est pas la première fois qu’un vingtenaire incarne un lycéen – et certainement pas la dernière – et chercher la petite bête concernant le réalisme d’une comédie musicale où l’on hurle ses angoisses existentielles à plein poumons paraît bien trop absurde pour pointer du doigt ce casting. A ses côtés, Kaitlyn Dever (vue récemment dans le génial Booksmart d’Olivia Wilde) est probablement la plus belle réussite du film dans le rôle de la sœur sans deuil qui apprend à faire avec ses émotions. Si son personnage souffre d’un manque de traitement, la comédienne crève l’écran. Le casting est rejoint également par les grands Julianne Moore, Amy Adams, Danny Pino et Amandla Stenberg, formant ces sphères familiales et relationnelles qui habillent le film.



Comédie musicale atypique aussi fraîche et optimiste qu’elle est maladroite, Cher Evan Hansen est le genre de spectacle qu’on préfèrerait adorer mais qui malgré toutes ses bonnes intentions et ses très bons moments ne parvient pas à se dresser aussi haut qu’on l’aurait espéré. S’il n’est pas l’immense loupé dont l’Amérique parle, le nouveau projet de Stephen Chbosky est tout de même une petite déception qui sait se faire touchante et poétique quand elle sait de quoi parler. A vouloir trop raconter sur la génération qu’elle dépeint, Cher Evan Hansen finit par prendre de la distance par rapport à son sujet en frappant juste à côté. L’enchantement n’est pas très loin, mais il l’est malheureusement trop pour nous faire chanter avec lui.

Titre Original: DEAR EVAN HANSEN

Réalisé par: Stephen Chbosky

Casting: Ben Platt, Julianne Moore, Kaitlyn Dever…

Genre: Comédie musicale, Drame

Sortie le:  12 janvier 2022

Distribué par: Universal Pictures International France

MOYEN

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