Critiques

VALIDÉ (Critique Saison 2) Un aspect un peu artificiel et de très bonnes idées…


SYNOPSIS: Un an après la mort tragique de Clément, William et Brahim lancent le label Apash Music pour honorer la mémoire de leur ami. Ils misent tout sur Sara, une jeune rappeuse qui, en plus de son combat pour exister en tant que femme dans le rap game, voit son passé trouble ressurgir…

Créée par Franck Gastambide, Charles Van Tieghem, Xavier Lacaille et Giulio Callegari, Validé nous avait fait bonne impression lors de sa sortie en mars 2020. La série se focalisait primairement sur les coulisses du rap français et sur l’émergence d’une nouvelle vedette. Dans la première fournée d’épisodes (dix, contre neuf pour la saison 2) il s’agissait de Clément (Hatik) aka Apash ; le jeune homme se retrouvait au centre de l’attention et d’une ascension quand bien même sa « vie de quartier » le rattrapait inlassablement. Néanmoins suite aux divers évènements ayant ponctué les dix premiers épisodes, les fans sont bien au fait des actes tragiques qui sont survenus en guise de bouquet (presque) final. Apash ne pouvait donc plus être la tête d’affiche de Validé. Pour cette seconde saison (il n’y en aura vraisemblablement pas de troisième, ou en tout cas pas avant plusieurs années, eu égard au final et aux récentes déclarations de Franck Gastambide sur le sujet) c’est une femme qui va cette fois avoir vocation à devenir une nouvelle icône et à grimper dans les hautes sphères du rap. Ici pas question d’anthologie, la saison 2 étant la suite directe de la première (mais vous l’aviez facilement deviné grâce aux affiches promotionnelles). Alors bonne idée ou plat réchauffé ?


Ne nous le cachons pas, la première saison de Validé avait l’avantage de posséder un certain effet de surprise, une mécanique suffisamment huilée pour capter l’attention (le tout bien épaulé par son format trente minutes) et un final choc qui n’a laissé personne de marbre. La création d’une deuxième saison s’annonçait d’emblée hasardeuse. Que restait-il en effet à raconter hormis élucider l’identité des commanditaires du drame de fin de saison ? Était-il d’ailleurs indispensable d’avoir le fin mot de l’histoire à ce sujet ? C’est donc sans surprise que cette seconde saison de Validé prend l’émergence d’une nouvelle vedette, davantage comme prétexte afin de clôturer ce qui ne l’était pas la dernière fois, que pour réellement approfondir son sujet initial. Si le fait de vouloir pousser sur le devant de la scène une rappeuse plutôt qu’un rappeur amène, nous l’entendons bien, des problématiques inédites, cela ne suffisait évidemment pas à construire quelque chose d’assez dense sur neuf nouveaux épisodes. C’est pourquoi la dynamique est un peu différente : contrairement à Apash qui souhaitait percer et était très proactif afin de se donner les moyens de le faire, le nouveau personnage Sara (Laetitia Kerfa) alias L’Alpha ne veut plus entendre parler du milieu du rap pour des raisons très obscures. Lesdites raisons sont bien évidemment liées à un sombre passé, comme pouvait l’avoir Clément dans la saison précédente. William (qui a miraculeusement survécu, n’en demandez pas plus) toujours incarné par Saïdou Camara et Brahim (Brahim Bouhlel, actuellement derrière les barreaux au Maroc après un terrible bad buzz) vont donc devoir faire des pieds et des mains pour la convaincre d’être produite par leur tout nouveau label : Apash Music.


Afin de ne pas revivre les mêmes situations que pour Clément, l’ascension de L’Alpha est donc construite un peu différemment et l’on nous évite certaines redites puisque la première saison avait été assez exhaustive sur le sujet. Course au buzz et frasques médiatiques sont toujours au programme, avec autant de facilités scénaristiques et d’idées ingénieuses entremêlées que l’année dernière mais ça ne paraît finalement pas être, avec recul, le cœur de cette nouvelle saison. Comme nous l’indiquions le but semble assez simplement de poursuivre toutes les histoires de « gangsters  » laissées en suspens et ces aspects « trafic, chantage et vendetta » prennent une place non négligeable dans cette suite. A tel point que la série semble davantage parler cette année de règlements de comptes que de rap. Cela donne à cette suite et fin un aspect un peu artificiel, Validé n’hésitant pas à faire ressurgir des personnages présumés morts dans l’unique but de faire avancer son récit ou de désamorcer de sales situations, sans nous donner la sensation que la narration fasse sensiblement avancer le schmilblick.

Bien qu’une année se soit écoulée depuis la terrible attaque ayant menée à la disparition d’Apash, nous aurions aimé explorer plus profondément les conséquences psychologiques de cette dernière sur William et Brahim ; les deux compères sont certes affectés par la perte de leur ami mais ne semblent pas spécialement traumatisés par la fusillade… Ces deux personnages sont d’ailleurs toujours aussi fidèles à eux-mêmes ; Brahim nous a toutefois semblé beaucoup moins agaçant que précédemment et nous avons senti une volonté des scénaristes de le faire un petit peu évoluer via un flirt qui arrive inopinément dans sa vie. Attardons-nous toutefois sur L’Alpha, nouvelle chanteuse de cette saison, qui recueille sur ses épaules tous les espoirs du nouveau label Apash Music. Laetitia Kerfa est tout à fait convaincante dans le rôle bien qu’elle n’incarne pas un personnage avec une aura aussi forte que celle de Clément. Ce postulat est surtout lié à l’écriture puisque même si L’Alpha s’avère être une femme forte qui entend bien faire de la musique comme elle l’entend, elle se laisse beaucoup plus porter par les propositions de son label et semble beaucoup moins source d’initiative. Cela est bien sûr lié à son passé et à son souhait initial d’abandonner le rap. En termes d’idées narratives cette seconde salve d’épisodes casse intelligemment certains schémas. Ainsi un personnage tel que Mastar (Moussa Mansaly), assez haineux et parasitaire en première saison, se retrouve cette fois en totale position de faiblesse face à l’imposant Karnage (Bosh) devenu un ennemi juré plus menaçant que jamais.


Cette seconde saison n’a donc pas la force de la première et relève davantage de l’anecdotique que de l’indispensable. De plus elle désamorce le final choc de la saison 1, ce qui est un peu regrettable. Elle parsème néanmoins parfois de très bonnes idées et ne fait pas spécialement de mal à l’univers introduit précédemment. La série en profite également pour faire de la place à de nouveaux personnages avec des choix de casting toujours aussi pointilleux : le charismatique Saïd Taghmaoui (Nasser), l’amusante Fatoumata Kaba (Fatou) ou même quelques guests (Amel Bent et autres surprises). Enfin l’ensemble bénéficie toujours d’un fort capital sympathie. Une fois l’intrigue achevée la boucle semble bel et bien bouclée cette fois, et la porte des studios d’Apash Music peut se refermer, apaisée et plus solaire que par le passé, tournée vers l’avenir et non plus vers le passé, dirigée vers L’Alpha et non plus vers le fantôme d’Apash.

Crédits: Canal +

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