SYNOPSIS: Suite des aventures de Diana Prince, alias Wonder Woman, Amazone devenue une super-héroïne dans notre monde. Après la Première guerre mondiale, direction les années 80 ! Cette fois, Wonder Woman doit affronter deux nouveaux ennemis, particulièrement redoutables : Max Lord et Cheetah.
Si l’actualité des films DC s’est brusquement accélérée avec l’inattendue sortie du Snyder Cut de Justice League directement sur la plateforme HBO Max, il y a bien un autre film qui tente d’attirer l’attention, ayant déjà profité de sa sortie à la fois sur la même plateforme et en salles aux Etats-Unis. Arrivant au terme d’un parcours semé d’embuches, ce deuxième volet de Wonder Woman, sous-titré « 1984 », rassemble à quelques personnes près la même équipe que Wonder Woman premier du nom, dont le succès public et commercial avait été notable. Toujours réalisé par Patty Jenkins, cette suite qui se place dans une nouvelle période remplaçant le climat de Guerre Mondiale du précédent n’a donc pas forcément les ambitions d’une véritable séquelle. Le ton est rapidement donné : l’histoire nous amène autre part, n’oubliant cependant jamais ses personnages et ses arcs scénaristiques, et profite de pouvoir s’étendre dans le temps pour visiter les années 80.
Dans ce deuxième Wonder Woman, Diana travaille au Smithsonian Institute de Washington DC tout en endossant son costume d’héroïne lorsque besoin est. C’est alors qu’une mystérieuse pierre aux curieuses propriétés magiques apparaît, agissant sur les volontés les plus chères de son détenteur. Elle attire l’intérêt du magnat du pétrole Maxwell Lord et de la timide et renfermée cryptozoologiste Barbara Minerva. Cette confrontation pour le contrôle ces pouvoirs pourrait alors faire basculer l’équilibre déjà précaire du monde tout entier. Ce Wonder Woman 1984 est un conflit d’apparence à part entière, une contradiction vivante. Si son esthétique eighties suinte le kitsch à chaque instant dans toutes les stries de sa direction artistique, Patty Jenkins s’empare de cette façade pour l’utiliser à bras le corps dans des scènes qui hors contexte paraissent bien risibles. Mais la force de cet opus, c’est d’être parvenu à créer un univers tellement plus grand que nature que toute cette série d’éléments qui auraient eu vite fait de faire tourner cette nouvelle aventure de l’héroïne DC à la catastrophe pure et simple finissent finalement par fonctionner. Et cela passe surtout par ses personnages, qui confrontent Diana dans une aventure nettement plus colorée et légère que son passage chez Zack Snyder. Un décalage qui parvient astucieusement à ne pas contredire la construction de la protagoniste, et vient développer les effets de la fin du premier volet sur son évolution en tant que super-héroïne, mais surtout en tant que femme. Car cet épisode marque aussi le retour de Steve Trevor, le pilote qui accompagnait l’amazone à travers les no-man’s land de la Première Guerre Mondiale, qui signait alors un sacrifice final déchirant. A travers ce retour pour le moins inattendu, Patty Jenkins se plonge dans le deuil et le dilemme moral de son personnage principal, deuil qu’elle semble encore et toujours avoir du mal à accepter. Cette renaissance de Steve permet également de prendre en miroir le premier volet, faisant du pilote le « fish-out-of-the-water » de ce Wonder Woman 1984, découvrant avec émerveillement et désarroi le monde des années 80.
Mais sur tout cet ensemble déjà bien curieux pèse un scénario relativement creux, basé sur un pitch d’une légèreté étonnante, qui n’arrivera à poser ses enjeux mondiaux qu’à partir du dernier tiers. A noter également que le film dure plus de 2h30, durée surprenamment longue pour un film solo DC, et fait très souvent traîner sa très faible intrigue en longueur, sans parvenir à la rendre véritablement saisissante d’intérêt. Lançant le récit avec la quête de multiples personnages d’un artéfact magique conçu par les Dieux qui permet à son détenteur de réaliser son vœu le plus cher, ce Wonder Woman ne va pas très loin dans la recherche narrative, déroulant toute la succession habituelle d’évènements qui suivent généralement un tel pitch, à savoir quête du pouvoir, effets secondaires néfastes et course contre-la-montre sous forme de ruée vers le MacGuffin. Une réussite à saluer dans cette construction scénaristique : le personnage de Max Lord, cliché de l’entrepreneur qui cache sa façade de loser formel et de père à la ramasse derrière des faux-semblants, un beau sourire et une coupe bien droite. Encore un combat d’apparence pour un film qui n’en manque assurément pas, développant toutes ces thématiques à travers ce concept. Ce Maxwell Lord devient au fur et à mesure de l’intrigue un personnage improbablement ambitieux, convoitant toujours plus de pouvoir. Cet archétype d’antagoniste semblant tout droit sortir d’un vieux James Bond déséquilibre de prime abord le film avant qu’il ne le rattrape dans son élan d’ardeur démesurée, faisant la part belle à un spectacle et des enjeux toujours plus spectaculaires et d’autant plus intrigants. Au final, on se prend rapidement au jeu, même s’il on en vient à se demander ce que fait le personnage de Cheetah dans l’histoire, très vite relégué au second plan malgré les innombrables possibilités de développement qui se présentaient à elle.
L’aspect démesurément kitsch est porté par un casting attachant qui permet véritablement au film d’exister malgré ça, d’abord mené par Gal Gadot en tête de proue. Elle est toujours détonante en amazone loin de son monde, qui s’est adaptée au nouveau qui s’est offert à elle dans le précédent volet, malgré l’aspect très lisse de son personnage qui sied malheureusement beaucoup aux super-héros de manière générale. Pedro Pascal est lui excellent en Max Lord, cliché sur pattes constamment à la limite du surjeu qui maintient l’aspect poussé à l’excès de l’ambiance installée par la metteuse en scène. Kristen Wiig propose elle aussi une palette qui s’ancre parfaitement bien dans l’atmosphère du film malgré la déception que provoque le cruel manque de développement, de profondeur et de solidité de son personnage. Cet opus marque également le retour de Chris Pine en Steve Trevor, qui n’a sa place dans l’intrigue que pour imager la difficulté du deuil de Diana, si bien qu’on se demande véritablement s’il y est foncièrement utile. Dans l’ensemble, Wonder Woman 1984 est une base de mauvaises idées qui repose sur un second degré et une conscience de lui-même qui le rend agréable à regarder, notamment soutenu par l’impressionnante et diversifiée bande-originale composée par le grand Hans Zimmer. Le tout forme un spectacle à grande ampleur qui frappe dans son dernier acte, mélange d’ambition démesurée et de chaos mondial généralisé, portant même un propos politique – même s’il est très simpliste, on en convient. Cet opus n’est donc rien de plus qu’un divertissement coloré et surprenant, une suite perdue dans les années 80 qui se prétend une ampleur énorme derrière un scénario convenu, tout en s’octroyant une intrigue digne d’une série B bien trop grande pour être vraie. A l’image de ses personnages, donc.
Titre Original: WONDER WOMAN 1984
Réalisé par: Patty Jenkins
Casting : Gal Gadot, Chris Pine, Kristen Wiig …
Genre: Action, Aventure, Fantastique
Sortie le: 31 mars 2021 à l’achat digital et en VOD, DVD, Blu-Ray et Blu-Ray Steelbook 4K Ultra HD le 07 avril 2021
Distribué par: Warner Bros
MOYEN
Catégories :Critiques Cinéma