Critiques

JE TE PROMETS (Critique Saison 1) Leurs vies sont les nôtres…

SYNOPSIS: Paul et sa femme Florence attendent avec impatience la naissance de leurs triplés. De leur côté, Mathis, un trader comblé vient de retrouver son père biologique mais hésite à le rencontrer ; Maud, une jeune femme en surpoids, n’arrive pas à maigrir et cherche un sens à sa vie et Michaël, footballeur d’un gros club de Ligue 1 voit sa carrière stoppée après un incident malheureux. Alors que Paul, Mathis, Maud et Michaël fêtent leurs 37 ans, ils font face à des choix importants, qui vont bouleverser leurs vies…

Il y a deux manières d’appréhender la découverte de Je te promets, l’adaptation de la géniale This is us, diffusée  depuis 5 saisons aux Etats-Unis sur la chaine NBC et portée aux nues par la presse et la critique. On peut bien sûr jouer les ayatollahs du bon goût et avancer qu’un chef-d’œuvre se suffit à lui-même et que le copier n’a aucun intérêt ou alors on peut, même si l’on adore la série originale (ce qui est le cas de l’auteur de ces lignes) prendre un peu de recul et tenter de regarder cette nouvelle série évènement de TF1 avec un regard neuf et un tant soit peu d’objectivité. Il faut aussi garder à l’esprit qu’en France la diffusion de This is Us n’a pas rencontré le succès escompté et que le grand public, celui présent en masse le lundi soir devant la chaine, ne connait pas forcément, pour la majorité, la série d’origine. Par ailleurs, le principe majeur d’une bonne histoire étant l’universalité, il nous semblait que celle de This is us étant emblématique de cet adage, cela paraissait être de bon augure pour cette adaptation française.

Et pour le coup Je te promets n’est pas This is us. Elle en reprend certes les caractéristiques emblématiques et suit globalement la trame de sa grande sœur américaine, mais elle propose autre chose. Elle n’est pas simplement une resucée appliquée sans âme et sans cœur et joue sa propre partition avec de la personnalité et en s’appropriant certes la sève créatrice de l’originale mais en la faisant totalement sienne. Le travail des auteurs Brigitte Bémol et Julien Simonet était loin d’être simple d’autant que 12 épisodes ont été écrits pour cette première saison quand l’originale en comptait 18 mais l’adaptation est une véritable réussite, se glissant dans les interstices socio-culturels français des 40 dernières années avec bonheur.

Si la série est très fidèle à la version américaine, elle parvient pourtant à s’en émanciper par moments, trouvant ainsi sa propre respiration et son tempo en étant notamment profondément française ce qui influe évidemment sur la psychologie des personnages, les dialogues s’adaptant aussi à nos personnalités latines. Le tournage en décors naturels permet aussi de faire la part belle aux magnifiques paysages de notre pays. Comme le précise la productrice Aline Panel « pour illustrer les différentes époques, de la rencontre des parents à l’adolescence des triplés, la décoration évolue en jouant sur les accessoires, les meubles et un gros travail d’habillage, maquillage et coiffure, notamment de perruques, a été réalisé sur les comédiens« . Les archives télévisées, les produits ou publicités estampillés d’époque, les références politiques, sociales ou sportives disséminées çà et là de manière relativement subtile achèvent de donner à la série toute sa singularité. Quant à la bande originale, composée entre autres de nombreux énormes tubes de la variété francophone (Johnny Hallyday dont la chanson éponyme rythme le générique mais dont on retrouve aussi un des plus grands succès au détour d’un épisode, Céline Dion, Etienne Daho, Jean-Jacques Goldman, Francis Cabrel, Renaud, Laurent Voulzy…) elle lui confère une grande partie de son identité. Plus globalement, la musique -dont le thème récurrent de Fabrice Abouler est splendide- offre un supplément d’âme et d’émotions à certaines séquences.

La mise en scène d’Arnaud Sélignac  pour les épisodes 1 à 6 et de  Renaud Bertrand pour les épisodes 7 à 12 est efficace et reste suffisamment discrète pour que les personnages puissent s’épanouir comme il se doit à l’écran. Car si l’histoire et les trames narratives sont impeccablement troussées, Je te promets comme This is us est une série où l’humanité prime et où les personnages, leurs interactions et leur alchimie sont primordiales. Il fallait donc pour que cela soit efficient choisir une distribution qui sache distiller suffisamment de nuances pour développer l’éventail infini de sentiments que charrie la série. Pour le coup, c’est une réussite absolue. Camille Lou et Hugo Becker sont tous deux formidables dans tous les registres qu’ils abordent mais leurs talents conjugués pour embrasser l’émotion à fleur de peau font qu’ils sont saisissants et ils confirment tous les deux la place de plus en plus importante qu’ils ont pris dans le paysage audiovisuel. Marilou Berry (Maud), Guillaume Labbé (Michaël), Narcisse Mame (Mathis) sont eux aussi impeccables et sans jamais singer leurs homologues américains, ils parviennent à déployer une quantité d’émotions et imprègnent la série d’une énergie et d’un tempérament qui ne se relâchent jamais. Tous les rôles secondaires sont dévolus à des comédiens touchants ou attachants (Léonie Simaga, Marc Riso, Bass Dhem, Natacha Lindinger, Marie-Julie Baup, Nathalie Roussel, Lionnel Astier, Bruno Sanches, Patrick Chenais, Emmanuel Salinger) dont la justesse permet aussi de nous immerger au cœur de cette famille et de leur entourage, et, si contrairement à la série américaine, certains des personnages sont incarnés par des comédien.n.e.s différents au fil du temps et une fois passé la surprise, on se dit que ce n’est sans doute pas une mauvaise idée de ne pas s’être essayé à faire comme This is us dans chacune de ses composantes.

Alors Je te promets une série parfaite? Non évidemment. La faute à une émotion diffuse qui ne se déploie pas autant qu’on l’attendait et à l’accent humoristique plus prégnant que dans This is us et qui, si il fait parfois mouche, n’est pas non plus toujours heureux. La faute aussi sans doute au fait que les rebondissements nous sont plus ou moins connus de fait et que le plaisir s’évente quelque peu si l’on connait les aventures outre-atlantique des Pearson. Et l’un des éléments sensé être le plus marquant du premier épisode fonctionne bizarrement un peu moins bien que prévu bien qu’il actionne les mêmes leviers. Mais Je te promets reste une belle réussite car elle ausculte avec acuité l’humanité de ses personnages et les émotions qui les secouent, elle nous touche profondément et nous sert de miroir réfléchissant à nos vies passées, présentes et à venir. Comme pour This is us, certains y verront sans doute une instrumentalisation émotionnelle avec des ressorts par trop systématiques. Les autres, dont nous sommes, se laisseront prendre dans les filets de la famille Gallo avant de s’y attacher tellement fort qu’à l’issue de la saison ils n’auront qu’une envie. En voir la suite.

Crédits: Authentic Prod / TF1

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