SYNOPSIS: Une disquaire amatrice de vinyles et de culture pop trouve la force d’affronter son quotidien et sa vie sentimentale chaotique grâce à la musique.
Vraie œuvre culte de sa génération, High Fidelity aura transporté les lecteurs puis les cinéphiles des années 2000, avec sa construction bien à elle et son anti-héros au cœur brisé dont le salut passera par la musique. Roman de l’anglais Nick Hornby, habitué à truster les plus hautes places des ventes en librairies, son adaptation par Stephen Frears avec John Cusack et Lisa Bonet aura su conquérir bien des cœurs, avec ce mélange d’humour, de musique et de mélancolie so british. Il faut bien avouer, alors, que l’annonce d’Hulu d’en faire une nouvelle adaptation avec une jeune femme noire en tête d’affiche avait de quoi surprendre ; des critiques racistes s’étaient d’ailleurs faites entendre, rien qui n’empêche la production de se mettre en marche et de livrer cette version 2020 en février dernier.
Exit donc John Cusack, c’est Zoe Kravitz, fille de Lisa Bonet et Lenny Kravitz, qui joue le rôle principal. Rob, la propriétaire d’un magasin de vinyles dans un quartier gentrifié de New-York, passe ses journées à ruminer sa récente rupture entre deux albums mélancoliques à souhait et des débats musicaux enflammés avec ses deux amis et collègues de travail. Rien de bien nouveau sous le soleil, donc, mais l’arrivée de Kravitz offre un vent de fraîcheur attachant et nuancé. Rob a beau avoir le cœur brisé et ne pas être une mauvaise personne, ses choix personnels en revanche sont discutables à tous les niveaux, et Kravitz compose l’un des meilleurs rôles de sa carrière tout en finesse. Le procédé de briser le 4ème mur, lui, tient parfaitement la route et Kravitz semble parfaitement à l’aise dans l’exercice.
Tout au long des 10 épisodes qui composent la première (et, mille fois hélas, seule) saison de la série, on change de point de vue, on découvre une galerie de personnages très attachante, qui aurait mérité un plus grand focus sur la durée. Mention spéciale à Da’Vine Joy Randolph dans le rôle de Cherise, musicienne extravertie et dont le personnage était censé être central dans la saison 2 voulue par les producteurs. Dernier membre de leur trio phénoménal, le timide Simon, dont l’homosexualité est abordée le temps d’un épisode à peine, et qui lui aussi, aurait pu bénéficier d’un traitement plus en profondeur.
La seule chose que l’on pourrait reprocher à la série High Fidelity au final, c’est d’avoir peut-être été trop confidentielle et humble dans son dispositif. La mise en scène fonctionne mais sans trop d’éclats alors que la narration le permettait, et le montage alternant les scènes entre passé et présent aurait pu avoir un plus grand impact. Ce qui nuit finalement à l’appréciation sur le long terme de la série qui aurait pourtant mérité un meilleur accueil tant auprès du public que de la critique. Il s’agit typiquement d’une série à petit budget (casting quasiment composé d’inconnus si ce n’est Kravitz et le sympathique Jake Lacy), avec peu de décors, de moyens à mettre en place. Déconseille-t-on pour autant le voyage, vue sa fin très ouverte ? Pas du tout, c’est même un petit plaisir de série délicieux, attachant, avec un chouette casting et une bande-son évidemment soignée, alternant entre gros hits et pépites cachées. Si cela peut vous rassurer : la fin du personnage principal est suffisamment satisfaisante pour ne pas regretter le voyage, malgré nos regrets de l’absence de suite.
Crédits: StarzPlay