Critiques Cinéma

M.A.S.H. (Critique)

SYNOPSIS: De jeunes chirurgiens antimilitaristes aimant l’alcool et les femmes se retrouvent en pleine guerre de Corée à l’hôpital militaire mobile où ils sèment la pagaille.

Robert Altman est un metteur en scène assez iconoclaste qui s’est essayé à tous les genres de cinéma : de la science-fiction au western en passant par le film choral ou encore l’adaptation de BD. Alors que la tendance est d’enfermer un metteur en scène dans des cases, Altman est typiquement impossible à identifier dans un genre et c’est ce qui fait que ses films soient si intéressants à décortiquer : on ne sait jamais quelle direction il va prendre. Alors âgé de 45 ans en 1970, le metteur en scène est à la recherche d’un premier vrai succès international. On peut dire que M.A.S.H lança définitivement sa carrière puisqu’il signa durant cette décennie de très grands films souvent méconnus qu’il faut absolument redécouvrir comme John McCabe, Nashville et surtout Trois Femmes avec Shelley Duvall, Sissy Spacek et Janice Rule. Passé assez inaperçu durant la décennie suivante, il reviendra sur le devant de la scène grâce à deux films réalisés coup sur coup : The Player et Short Cuts réalisés en 1992 et 1993. Acclamés par la critique, ces deux œuvres permettront à Altman de se réinventer une nouvelle fois. Le film qui nous intéresse aujourd’hui et qui fête ses 50 ans cette année est donc un des plus identifiables de son auteur : M.A.S.H.

 



Il faut d’abord reprendre le contexte du film : les US sont depuis maintenant une quinzaine d’années au Vietnam où chacun sait qu’aucune victoire n’est possible. Le roman de Richard Hooker se déroule en Corée mais on peut immédiatement faire le parallèle entre ces deux conflits : la Guerre de Corée s’est terminée en 1953 soit deux ans avant le commencent du conflit vietnamien. On déduit rapidement qu’Altman veut nous parler du présent et donc de cette guerre interminable et extrêmement couteuse en pertes humaines. Sauf qu’Altman va le faire sous forme de satire en racontant l’histoire de trois médecins alcooliques, pervers et tire au flanc qui vont mettre le bazar dans un hôpital de campagne (Mobile Army Surgical Hospital). On suppose que le film a dû avoir un certain retentissement lors de sa sortie tellement l’armée est ridiculisée pendant un peu moins de deux heures. L’importance de recontextualiser nous parait pourtant essentielle car il nous est compliqué de mesurer l’outrance d’un tel film. En effet, en tant que spectateur averti en 2020, on n’est pas une seule fois un tant soit peu choqué par une séquence et le film devient vite daté.


Le film sera une succession de sketchs plus ou moins drôles sans aucun fil conducteur. Il faut donc être prêt à s’enquiller 1h50 où les trois loustics feront les pires conneries du monde pour se mettre à dos leur hiérarchie. Pour n’en citer que deux : on pose un micro en-dessous du lit où les deux rabats-joies du camp (Robert Duvall et Sally Kellerman) sont entrain de coucher ensemble pour faire profiter tout le camp de leurs ébats. Tout le camp pourra ainsi profiter de la nudité de Sally Kellerman, surnommé Hot Lips depuis cet épisode et devenue le souffre-douleur du camp, car les trois camarades, par un stratagème technique, ont organisé la chute de la tente où elle prend sa douche. Ces trois « soldats-médecins » ultra compétents dans leur domaine sont interprétés par le jeune trio Donald Sutherland, Elliot Gould et Tom Skerritt. Ils jouent merveilleusement bien les nonchalants et joyeux lurons et nous sont sympathiques tout le long du film. On reconnait à travers leurs habits décontractés les hippies de l’époque, Elliot Gould se baladant essentiellement en chemise hawaïenne. Ils ne cherchent qu’à défier leur hiérarchie et coucher avec toutes les infirmières. Mais ils n’ont malheureusement aucun arc narratif intéressant : D’autant plus qu’une des spécificités du film est qu’on ne verra aucune scène de combat. De ce fait, on ne ressent les conséquences de la guerre qu’à travers ses nombreux blessés qui arrivent au compte-goutte prêts à se faire opérer.




Il faut ainsi bien le noter, il n’y aura jamais d’émotions dans le long-métrage car chaque scène est faite pour faire rire et pour se moquer de l’institution. On pense immédiatement au film Patton avec George C. Scott sorti la même année qui n’était pas du tout sur le même registre. Ce qui est très bien vu de la part d’Altman est de nous confronter tout au long du film à la médiocrité de la hiérarchie avec des personnages comme Burns (Robert Duvall) ou le lieutenant-colonel Blake (Roger Bowen). Le premier est un croyant obsédé par la moralité qui dès la première occasion couchera avec Hot Lips. Le second manque cruellement d’autorité et s’avère fort peu clairvoyant. De plus, un autre sketch apparaît relativement pertinent dans le cadre de l’armée. Waldowski cherche à se suicider à la suite d’une « panne » avec une infirmière et se croit homosexuel. On peut effectivement imaginer la difficulté d’être homosexuel dans un tel contexte et la scène du suicide nous fait assez sourire. En revanche, la scène finale interminable avec le match de football américain nous ennuie poliment et on est assez réjouit lorsque le film se termine. On en vient à conclure que M.A.S.H. a tout de même beaucoup vieilli, ses ressorts comiques étant vraiment datés. Le film reçut la Palme d’or par le jury présidé par Miguel Ángel Asturias, et à la suite du succès du film, une série en découlera et durera plus de 11 ans (1972-83).

Titre original: MASH

Réalisé par : Robert Altman

Casting : Donald Sutherland, Elliott Gould, Tom Skerritt …

Genre: Comédie, Guerre

Sortie le: 1er mai 1970

Distribué par : –

MOYEN

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