Critiques Cinéma

SONIC LE FILM (Critique)

SYNOPSIS:L’histoire du hérisson bleu le plus rapide du monde qui arrive sur Terre, sa nouvelle maison. Sonic et son nouveau meilleur ami Tom font équipe pour sauve r la planète du diabolique Dr. Robotnikbien déterminé à régner sur le monde entier.

Raillé et lynché sur la toile il y a plusieurs mois après que Paramount ait dévoilé l’aspect du hérisson bleu (qui nous apparaissait plutôt logique eu égard à son insertion dans le monde des humains), le design du pauvre Sonic a été refondu afin de coller au mieux à l’image que les grands enfants chérissent. Si certains ont vu d’un bon œil le fait que le studio écoute les fans (en même temps le but clairement avoué était d’éviter un four avant l’heure), d’autres ont déploré que la fanbase ait le pouvoir de faire la loi au détriment du parti pris artistique de l’équipe créative. Mais le design de Sonic était-il le réel problème au cœur du projet ? Sonic ressemble dorénavant davantage à Sonic, c’est un fait. Mais ce dont nous nous apercevons très rapidement au cours de la projection et qui s’avère aussi évident que regrettable, c’est que la fidélité de l’apparence du personnage à son homologue des jeux vidéo ne suffit pas à faire un bon film. Le tollé sur internet n’était que l’arbre qui cachait (et a réussi à cacher) la forêt. Les effets spéciaux s’avèrent d’ailleurs globalement laids car inaboutis de manière flagrante. Le reste n’est malheureusement guère meilleur. Le film s’avère ainsi être une véritable catastrophe industrielle, et à tous les niveaux, du moins si vous n’êtes pas un enfant…et attention car lorsque nous parlons d’enfant cela ne signifie pas que Sonic est un bon film pour vos têtes blondes. S’adresser aux enfants n’empêche pas de leur proposer des choses qui élèvent le niveau, ce qui n’est d’ailleurs pas le cas ici. Mais le fait est que Sonic vole si bas, avec des gags si stupides que nous ne voyons pas d’autre cible de prédilection. Seuls les nombreux easter eggs et deux ou trois répliques avec un second degré de lecture sauront donner un peu d’intérêt aux plus grands venus seuls, sans avoir la bonne conscience de se dire qu’ils subissent cette adaptation pour faire plaisir à leur marmaille.
Nous sommes donc sortis de la salle atterrés : le scénario ne comporte aucun enjeu tangible et cohérent, et ce dès le départ. Le seul but de Sonic est de retrouver des anneaux bêtement égarés (et qui ne sont jamais exploités intelligemment) pour les besoins d’un scénario fin comme une feuille de papier à cigarette. La cohérence est de surcroît aux abonnés absents, le film ne cessant de jongler entre des scènes acceptables et d’autres totalement incompréhensibles. Sonic a passé sa vie seul sur Terre et ne connaît personne, il vit caché, espionnant les humains d’une petite bourgade comme tout bon stalker qui se respecte. Dès lors que des humains se retrouvent face à lui, ces derniers devraient selon toute vraisemblance être surpris ou choqués de le découvrir. Et c’est le cas, de temps en temps, lorsque cela sert les intérêts d’un scénario foncièrement débile et malade. En témoignent les longues et misérables scènes dans le bar : tout dans ce passage est à mettre au dépotoir. Sonic, hérisson bleu, et son comparse de fortune (incarné par James Marsden) viennent de débuter leur fuite avec à leurs trousses le grand méchant Robotnik et tout le reste du pays. Sonic décide malgré tout de faire une bucket list avec des choses aussi improbables qu’illogiques (mais passons sur le contenu et le timing choisi pour les lister et les réaliser hum) et se retrouve en plein milieu d’une bagarre. L’occasion d’exploiter la vitesse de Sonic sous un nouvel angle et donc de réaliser une scène au ralenti tout à fait semblable à celles de Quicksilver dans les films X-Men…sauf que dans Sonic cela ressemble à une version fond de tiroir de Lidl. Que ce soit avant ou pendant cette bagarre dans le bar, et tandis que le hérisson bleu est à peine grimé pour cacher son apparence, personne ne semble étonné de le voir tranquillement attablé. Alors qu’un personnage s’étonne vaguement de la présence de Sonic, Tom (James Marsden) explique qu’il s’agit d’un de ses proches, défiguré par une maladie (Sonic est haut comme trois pommes et à moins d’avoir été exposé à des radiations, frappé à coups de batte de baseball et passé au compacteur à ordures, difficile d’imaginer comment l’excuse puisse tenir la route mais cela ne semble choquer personne outre mesure). Les bikers confrontés à Sonic ne semblent pas non plus surpris puisqu’ils le traitent comme n’importe quel quidam du coin (alors qu’un « alien » est en train d’essayer de casser une bouteille de bière sur la tête de l’un d’entre-eux). L’univers n’est que rarement cohérent et doit en plus faire face au changement de design de Sonic en cours de route : il est aisé d’imaginer à quel point cela a pu avoir un impact sur le film tant la morphologie a été modifiée. Malgré tout, même sans prendre ce facteur en compte, le film est très mal écrit. Bourré de clichés et de personnages lisses et fonctionnels, certaines idées éculées devraient être condamnées par la loi tant elles font lever les yeux au ciel. Le film n’est donc qu’un road-trip simplet, sans enjeu et sans surprise. Il faut bien le dire, l’une des rares motivations qui étaient les nôtres afin d’aller s’infliger un film presque mort-né, était la présence de Jim Carrey.
Jim Carrey, ce génie qui se fait beaucoup trop rare devait être le soleil dans l’obscurité. Son actualité étant bien mince (hormis la série Kidding que personne ne regarde mais que nous vous conseillons chaleureusement alors qu’elle vient de débuter sa deuxième saison), le plaisir de le revoir (même si c’est souvent dans des projets décevants, confer notre critique de Dark Murders) est toujours intact. Jim Carrey joue d’ailleurs comme on ne l’avait plus vu jouer depuis longtemps : en roue libre, en train de cabotiner du début à la fin, avec des grimaces et une gestuelle à la limite de la parodie, ce dernier semble prendre un malin plaisir à faire le pitre (difficile de savoir s’il a accepté le rôle pour le cabotinage ou pour payer les factures). Malheureusement son personnage sans aucune consistance est très mal écrit (comme tout le reste) et ne lui permet pas avec cette prestation de faire passer un réel plaisir. Nous voyons un Jim Carrey qui fait du Jim Carrey des années 1990, ce qui nous a fait l’aimer, et ce que nous adorerions revoir de temps en temps, mais noyé dans un bourbier indigeste où il gesticule sans aucun but en crachant des dialogues sans inspiration…et pas drôles pour un sou. Les rôles principaux étant déjà sans le moindre intérêt, nul besoin de s’attarder sur les rôles secondaires qui le sont encore plus et polluent (ou meublent le vide, c’est selon) le film (la femme de Tom jouée par Tika Sumpter en tête, ainsi que l’entourage familial de cette dernière, sont aussi têtes à claques et pièces rapportées qu’inutiles).

La fin du film tease grossièrement une suite, peut-être plus palpitante que cette première ligne droite, notamment avec l’arrivée d’un nouveau personnage bien connu des aficionados, et la présence d’un Robotnik accompli qui permettrait à Jim Carrey de faire encore plus de cabotinage…mais passer après un tel fiasco ne donne pas envie de s’y attarder outre mesure, ce premier film nous ayant vacciné contre le corosonic virus. La fin de Sonic laisse d’ailleurs présager un deuxième film tout aussi plan-plan (le comble pour un road-trip) puisqu’il faudra vraisemblablement encore se coltiner le personnage de James Marsden et son entourage encombrant au ras des pâquerettes. Le film cartonne au box office et est donc d’un point de vue commercial un succès : le studio a réussi son pari et à endiguer le bad buzz. Artistiquement, c’est une sortie de route bien pire que ne le laissaient présager les plaintes liées au seul design du hérisson bleu. Rest in peace Sonic, nous reviendrons te voir lors d’un hypothétique reboot.

Titre Original: SONIC THE HEDGEHOG

Réalisé par: Jeff Fowler

Casting : Jim Carrey, James Marsden, Tika Sumpter…

Genre: Aventure, Famille

Sortie le: 12 février 2020

Distribué par: Paramount Pictures France

TRÈS MAUVAIS

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