Critiques Cinéma

FURIE (Critique)

SYNOPSIS: Inspiré de faits réels. Le temps des vacances d’été, Chloé et Paul Diallo prêtent leur maison à la nounou de leur fils. À son retour de voyage, la famille Diallo trouve porte close : les serrures ont été changées et les occupants déclarent être chez eux. Pour Paul, c’est le début d’un combat qui va faire vaciller son couple, ses valeurs, son humanité. 

La singularité du regard d’Olivier Abbou et de sa patte sans concessions ont pris de l’ampleur huit ans après Territoires, un premier film qui n’avait pas laissé indifférent. On avait énormément apprécié en 2018 Maroni, Les Fantômes du fleuve, une série que le metteur en scène avait réalisé pour Arte et qu’il avait co-écrite avec Aurélien Molas, autre personnalité singulière dont le travail nous séduit de plus en plus. Maroni, au-delà de son écriture évocatrice et puissante avait permis à Olivier Abbou de développer toute une imagerie en adéquation avec le propos qui nous avait réellement impressionnée. Il faut croire que l’expérience fut concluante (la série connaitra bientôt une saison 2) car c’est à nouveau avec Aurélien Molas à l’écriture et le tandem Adama Niane-Stéphane Caillard devant la caméra qu’Olivier Abbou vient nous titiller les sens avec Furie, un film tendu et viscéral qui porte bien son titre. Avec cette histoire improbable, pourtant inspirée de faits réels, on part d’une intrigue totalement crédible où un point de détail administratif va créer une situation kafkaïenne avant que l’horreur absolue et la folie ne s’emparent du récit dans lequel Olivier Abbou et Aurélien Molas nous plongent avec une évidente délectation.

Le scénario est une véritable mécanique de précision qui surprend et détonne dans un cinéma français souvent corseté. Avec Furie, Olivier Abbou met un véritable coup de pied dans la fourmilière sans se contenter de seulement frayer avec le film de genre mais en enrichissant son propos en faisant de son personnage principal un homme perclus de doutes et de failles contradictoires qui vont le mener aux lisières d’une explosion intime aux conséquences terrifiantes. Quand toutes ses certitudes sont mises à mal, Paul (Adama Niane) s’enfonce dans un auto-dénigrement avant que ses plus bas instincts ne soient flattés par un étrange personnage, Mickey (Paul Hamy) qui va très vite devenir le démon sur son épaule. Petit à petit, patiemment mais sans lenteur, le film  déploie sa toile qui vient recouvrir le spectateur et le maintenir sous tension constante. D’un récit réaliste mais anxiogène et ahurissant, on bascule peu à peu dans un home-invasion où la violence agit comme un exutoire sans pour autant qu’elle soit jamais excusée.

Si la maîtrise de la progression dramatique ne fait aucun doute, si les influences nombreuses semblent souvent sauter aux yeux (de Kubrick à Tarantino pour celles qui nous semblaient le plus évidentes), on pense aussi au cinéma de Nicolas Boukhrief (Le Convoyeur, Made in France) ou à celui d’Eric Valette (La Proie, Le Serpent aux mille coupures) pour la violence sèche et abrasive qu’ils véhiculent. Fort heureusement ces influences ne sont pas pour autant envahissantes au point de phagocyter l’ensemble du projet qui garde constamment sa personnalité propre et ses spécificités franco-françaises. Si Furie nous attrape au col avec tant d’efficacité c’est aussi grâce à ce sentiment d’identification qui ne manque pas de nous saisir devant cette descente aux enfers implacable. On peut parfois trouver un peu d’emphase à certaines envolées dialoguées mais ça ne grippe jamais le plaisir ressenti devant un film qui assume son appartenance au genre sans vouloir s’excuser d’y ancrer son ADN. Du coup, la radicalité de certaines séquences saisissantes nous colle à notre siège même si la tentation d’un jump scare de dernière minute nous semble avoir été une gourmandise que le film aurait pu économiser.

Il n’en demeure pas moins que Furie est souvent jouissif, avançant sur un fil d’équilibriste jusqu’à un dernier acte sans concessions que les âmes sensibles supporteront avec difficulté. Si la tentation du grand-guignol est évitée de justesse cette manière frontale de raconter des histoires est réellement percutante. Évidemment la cohésion entre Adama Niane et Stéphane Caillard, déjà palpable dans Maroni, Les Fantômes du fleuve transpire l’évidence et est ici un facteur essentiel pour permettre l’immersion dans le récit et les deux comédiens sont extrêmement charismatiques et parfaits dans leur registre. Mais c’est Paul Hamy qui réalise la performance la plus marquante du film, faisant de son personnage un être tantôt attirant, tantôt abject. Avec Furie, Olivier Abbou signe un film bien vénère qui prend aux tripes. Malin, saignant, violent, ça envoie du bois malgré un jusqu’au boutisme qui fait frôler la sortie de route mais Adama Niane Stéphane Caillard et un Paul Hamy ultra flippant amènent ce home invasion à ébullition !

Titre Original:  FURIE

Réalisé par: Olivier Abbou

Casting : Adama Niane, Stéphane Caillard, Paul Hamy…

Genre : Thriller, Epouvante-Horreur

Sortie le:  06 Novembre 2019

Distribué par: New Story

3,5 STARS TRES BIENTRÈS BIEN

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s