SYNOPSIS: C’est à la tombée du jour que Jungle Julia, la DJ la plus sexy d’Austin, peut enfin se détendre avec ses meilleures copines, Shanna et Arlene. Ce TRIO INFERNAL, qui vit la nuit, attire les regards dans tous les bars et dancings du Texas. Mais l’attention dont ces trois jeunes femmes sont l’objet n’est pas forcément innocente. C’est ainsi que Mike, cascadeur au visage balafré et inquiétant, est sur leurs traces, tapi dans sa voiture indestructible. Tandis que Julia et ses copines sirotent leurs bières, Mike fait vrombir le moteur de son bolide menacant…
Quentin Tarantino est un réalisateur adulé par la presse et par le public grâce à sa palme d’or (Pulp Fiction) et son dyptique rendant hommage aux films d’arts martiaux (Kill Bill) lorsque ce dernier choisit de partager la réalisation d’un dyptique « Grindhouse », imitant le double programme des films d’exploitation où pour le prix d’un seul ticket, le spectateur avait le droit de regarder deux séances coup sur coup. Il laisse à son compère de toujours Robert Rodriguez le soin de réaliser le deuxième volet Planète Terreur qui sortira 5 mois plus tard en France. Le metteur en scène au style immédiatement reconnaissable veut cette fois rendre hommage à ces passions filmiques que sont le slasher et le films de cascades.
Death Proof est probablement le film le moins connu de Tarantino car il subit un échec assez important au box-office US et mondial. Ce n’en est pas moins une œuvre indispensable qui complète parfaitement la filmographie du réalisateur. Après donc son hommage aux films d’arts martiaux et avant son hommage au western (Django Unchained et Hateful Eight), le natif du Tennesse nous embarque dans ce mi-slasher, mi-revenge movie où Kurt Russell, cascadeur psychopathe cherche à tuer de jeunes américaines au volant de son bolide. Le film faisant partie du Grindhouse est lui-même coupé en deux parties. Mais avant d’en arriver au cœur de l’intrigue, il faudra d’abord passer par les traditionnels dialogues de QT. On ne change pas un style du jour au lendemain et surtout pas ce qui fait toute la force de son cinéma. Les dix premières minutes sont donc un long échange entre trois jeunes filles qui partent s’amuser pour un long week-end. On parle cru et cash tout ça dans une voiture qui nous fait sortir hors du temps et, comme à chaque fois chez le cinéaste, on a envie de faire partie de cet univers du cool, cet american way of life avec ces juke-box, ces grosses voitures et ces bars de bord de route. Il n’oublie pas cependant de tromper le spectateur en ajoutant un objet comme le téléphone portable pour nous perdre dans la temporalité. On retrouve à nouveau ces dialogues entre jeunes femmes au début de la seconde partie qui sont là aussi du même acabit que lors de la première. On y parle cul et voiture. (notons le clin d’œil au Reservoir Dogs dans la scène du déjeuner filmé de la même façon).
Le metteur en scène a décidé de s’amuser avec le spectateur pour accentuer cet hommage aux films d’exploitation des années 60-70 en filmant tout d’abord en 35 mm, en coupant de manière abrupte certaines scènes, en rayant la pellicule, en jouant sur le noir et blanc puis la couleur. Il veut ainsi nous faire vivre cette expérience de projection qu’il vivait lui-même à l’époque. Pour rajouter à cette immersion et ne pas se défaire de son style, Tarantino nous joint une bande originale toujours hyper bien sentie avec des chansons comme Jeepster de T-Rex ou The Last Race de Jack Nitzsche. Toutefois, le metteur en scène ajoute une nouvelle corde à son arc en sexualisant énormément son cinéma avec notamment une lap dance mémorable ou des courses poursuites jouant là aussi avec les corps (le corps de Zoe Bell sur le capot de la voiture). Les scènes de courses poursuite sont aussi extrêmement stylisées et sexualisées. On peut d’ailleurs noter la triste ironie du sort de revoir Boulevard de la Mort en 2019, douze ans après sa sortie et de retrouver Harvey Weinstein comme producteur délégué. Ce cascadeur/harceleur/tueur de belles filles et qui va subir la vengeances de ces dernières est une belle allégorie de cette sombre affaire. Depuis Jackie Brown, le réalisateur fait un cinéma où la femme a pris le pouvoir et n’a plus de complexes par rapport aux hommes. Le choix des actrices est ainsi parfait (mention spécial à Jungle ‘Sidney Tamiia Poitier’ Julia et Zoe Bell) et QT nous rappelle si on avait tendance à l’oublier que Kurt Russel est un des acteurs les plus charismatiques du cinéma américain (on ne peut pas dire que les années 2000 lui ont été bénéfiques). Dès sa première apparition, il remet cet acteur indispensable au cœur du village hollywoodien.
Enfin, et ce qui reste encore la force du cinéma de QT est de parler de Cinéma le tout parfaitement dilué dans l’histoire ce qui permet à Tarantino de ne pas prendre le spectateur de haut. Toujours ultra-référencé (Point Limite Zero, NY 1997), le réalisateur nous parle de cinéma à travers le personnage de Mike Stuntman et des deux cascadeuses interprétées par Zoe Bell et Tracy Thoms. On sent à travers ces personnages cette passion que veut nous transmettre Tarantino sur les films de courses poursuites qui l’ont façonné jeune. Le monologue de Russell sur ces différentes apparitions en tant que cascadeur est d’ailleurs l’un des discours les plus drôles du film. Beaucoup de spectateurs sont passés à côté de ce film pourtant indispensable dans la carrière du réalisateur américain. La notion de plaisir, mot si souvent dévoyé à notre époque, est primordiale chez Tarantino.
Titre Original: GRINDHOUSE : DEATH PROOF
Réalisé par: Quentin Tarantino
Casting : Kurt Russell, Sidney Tamiia Poitier, Zoe Bell …
Genre: Drame, Comédie, Thriller
Sortie le: 06 juin 2007
Distribué par: TFM Distribution
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma