SYNOPSIS: Joseph, 35 ans, fourmille d’idées de business… même s’il bosse toujours malgré lui dans la boucherie casher de son père Gérard. Lorsqu’il apprend de source « sûre » que le cannabis va être légalisé, c’est la révélation. Son idée de génie : transformer, à l’aide de sa famille et de ses potes, la boucherie familiale en « Beucherie »…
Depuis que Netflix s’essaye aux séries françaises on ne peut pas dire que les réussites soient incontestables. Plombé par la catastrophe industrielle Marseille, à peine remis d’aplomb par un rafraichissant Plan Coeur avant de retomber plus ou moins durement avec Osmosis, la plateforme souffre à proposer une offre éditoriale qualitative. De prime abord sur le papier, Family Business semblait suivre la courbe descendante des ambitions tant son pitch improbable qui lorgnait plus ou moins vers la série Weeds, n’apparaissait pas réellement novateur et semblait même bien casse gueule. La richesse du casting mêlant les chevronnés Gérard Darmon et Liliane Rovère aux jeunes qui n’en finissent pas de monter Jonathan Cohen et Julia Piaton en passant par les étoiles montantes Ali Marhyar et Lina El Arabi avait beau être extrêmement attirant, on craignait qu’il ne soit l’arbre qu’il cache la forêt. Créée par Igor Gotesman (Five) et co-écrite avec Olivier Rosemberg et François Uzan, Family Business, dont nous avons pu découvrir les trois premiers épisodes, s’avère plus fine, plus réussie, plus drôle, qu’attendue et si elle n’est pas encore la grande série qui permettra à Netflix d’être le HBO des plateformes SVOD, elle a pour elle un capital sympathie et une modestie dans le traitement qui lui permet de passer sans réelles encombres sa moitié de saison. Hormis le fait qu’à l’instar des autres séries Netflix, il lui faille trois épisodes pour amorcer le cœur de son récit, on passe un vrai bon moment, frais et réjouissant grâce à deux facteurs déterminants : L’écriture et l’interprétation.
Avec Le Nouveau (2015), Five (2016) et Mon Inconnue (2019) la petite musique proposée par Igor Gotesman se fait entendre de manière de plus en plus prégnante et non seulement il fait sonner impeccablement les dialogues qu’il met dans la bouche de ses interprètes mais il a son univers à lui, il ne singe personne et se singularise par une véritable personnalité détonante quand bien même sa mise en scène reste relativement sage. Pour le suivre dans cette aventure il a réuni on l’a dit, une distribution aux petits oignons de laquelle ressort le toujours époustouflant Jonathan Cohen. Parfait dans chaque secteur du jeu, il est hilarant, restituant les mots des auteurs avec une délectation évidente. On le suivrait au bout du monde. Son entente avec Gérard Darmon est l’un des grands plaisirs de la série, leur relation amour-« haine » parait aussi évidente qu’elle est touchante. Darmon lui est un peu dans sa zone de confort avant de se laisser emporter par le délire ambiant et d’être assez irrésistible l En mamie rock’n’roll, Liliane Rovère (Dix Pour Cent) parait lâcher les chevaux tandis que Julia Piaton confirme qu’elle est parfaitement à l’aise dans tous les registres, faisant même passer par moments une réelle émotion. Si Lina El Arabi et Ali Marhyar ont des personnages plus en retrait, ils leur prêtent tout leur talent et toute cette joyeuse bande concourt à ce sentiment de bonne humeur qui enrobe la série, même si tout n’est pas parfait pour autant. Pour certaines séquences qui fonctionnent totalement et emportent notre adhésion (avec Enrico Macias par exemple), d’autres s’avèrent plus poussives et un poil moins entrainantes. Mais on se pose la question de savoir si en devant se plier aux contraintes de Netflix pour plaire à un public international, des concessions n’ont pas été nécessaires afin de formater certaines composantes du show. Car si l’humeur et l’humour de la série ne séduiront pas tout le monde, aussi segmentante soit-elle Family Business a de réels atouts à faire valoir. L’issue du troisième épisode promet même une montée en puissance qui pourrait nous valoir des moments savoureux.
Family Business ne changera pas la face des séries télévisées. Elle n’en a pas non plus l’ambition. Elle s’impose comme un bon divertissement que l’on pourrait rapprocher dans l’esprit de Vingt-Cinq ou d’Irresponsable, deux des grandes réussites d’OCS. Elle s’inscrit dans le sillage de ces œuvres qui en plus d’une bouffée d’air frais laissent derrière elle ce que d’aucuns appellent du tempérament.
Crédits: Netflix