SYNOPSIS: Quand un charmant garçon des rues du nom d’Aladdin cherche à conquérir le cœur de la belle, énigmatique et fougueuse princesse Jasmine, il fait appel au tout puissant Génie, le seul qui puisse lui permettre de réaliser trois vœux, dont celui de devenir le prince Ali pour mieux accéder au palais…
Guy Ritchie chez Disney, il fallait l’imaginer. De par sa carrière et son style si singuliers, il est en effet étonnant de voir le bonhomme officier sur la nouvelle production du gigantesque studio de Mickey : le remake en live-action du classique Aladdin, sorti en 1992. Il est en effet devenu récurrent que Disney commande des remakes en « vrai », avec de « vrais » comédiens (si tant est qu’une telle description ne puisse s’appliquer à un comédien de doublage…) de ses films les plus connus. Alors que récemment Le Livre de la Jungle, La Belle et la Bête et Dumbo y sont passés (avec plus ou moins de succès, on ne va pas se mentir…), c’est au tour de l’histoire du voleur Aladdin, de la Princesse Jasmine, du Vizir Jafar et évidemment de la fameuse lampe enfermant l’explosif Génie d’arriver (une nouvelle fois) sur nos écrans. Mais quand un tel projet voit le jour, la première question qui nous vient à l’esprit est évidemment d’en connaitre l’intérêt. Une réactualisation des thèmes en concordance avec le contexte social actuel, ou simplement l’envie de surfer sur des univers déjà connus de tous en jouant avec la nostalgie des plus anciens et le désir de découverte pour les plus jeunes sans avoir à passer par les vieilles cassettes poussiéreuses des parents ? Qu’en est-il pour ce nouvel Aladdin ?
Comme insinué au début de cette critique, voir Guy Ritchie à la réalisation de ce film a à la fois intrigué et inquiété le public. Pour cause, le réalisateur a une carrière très singulière, dictée par son style très assumé. En plus de ça, il semble revenir d’une petite traversée du désert (ironique pour le réalisateur d’Aladdin) depuis son dernier succès conséquent, qu’on peut considérer comme Agents Très Spéciaux : Code UNCLE en 2015, ou plutôt comme ses deux Sherlock Holmes en 2009 et 2011. A part ça, on retient son malheureux plantage de l’adaptation de la légende arthurienne Le Roi Arthur en 2017, qui a vu de nombreux critiques et spécialistes cinéma commencer à émettre de gros doutes sur la suite de la carrière de Ritchie. Autant aborder le sujet maintenant : aussi bon soit le film, il est quand même difficile de voir ce nouvel Aladdin comme une œuvre de Guy Ritchie. Il sent la commande à plein nez, et même si on apprécie sa patte dans les chorégraphies et les scènes de course-poursuite dans les rues d’Agrabah (on pense notamment à celle du début, quand il rencontre Jasmine), on sent tout de même le cahier des charges très strict de Disney qui limite évidemment le style très peu consensuel de son metteur en scène.
Aladdin est l’histoire du héros éponyme, jeune voleur qui erre dans les rues d’Agrabah, ville d’Orient dirigée par le Sultan, vivant dans le grand palais de la ville, où il enferme sa fille unique, la Princesse Jasmine, depuis la mort de sa femme. Cependant, cette dernière, ne pouvant contrôler ses envies de liberté et de proximité à son peuple, décide de se faire la malle une journée, incognito. Elle rencontre alors Aladdin, accompagné de son singe Abu, et au terme d’une course-poursuite effrénée avec les gardes de la ville, les deux tombent sous le charme l’un de l’autre. En parallèle, le Vizir du Sultan, Jafar, convoite la position de son supérieur. Et pour parvenir à ses fins, il a un plan : trouver celui ou celle capable d’entrer dans la Caverne aux Merveilles (le « diamant d’innocence ») afin d’y récupérer la Lampe Magique, abritant le Génie exauçant tes 3 souhaits les plus chers. Il trouve alors ce fameux diamant d’innocence en la personne d’Aladdin, qu’il envoie donc dans la caverne. Sauf que ce dernier trouve la lampe, et c’est lui qui libère le Génie : il a alors 3 vœux disponibles. Son premier : devenir un Prince, afin de pouvoir conquérir et se marier avec Jasmine. De son côté, cette dernière voit défiler les princes les plus incongrus de la planète, mais elle refuse évidemment de se marier avec le premier venu. Son rêve le plus cher : devenir Sultane, bien qu’autour d’elle tous s’évertuent à lui dire qu’une femme ne pourrait jamais accéder à un tel poste.
Ce qui frappe dès ce résumé, c’est les différences qu’il entretient avec l’original. Malgré une volonté de rester au plus près de son grand frère, ce remake fait les bons choix pour trouver son identité propre, et c’est tout à son honneur. Le point le plus marquant : le message d’émancipation féminine et son propos féministe qui nourrit toute l’intrigue et le personnage de Jasmine, qui n’est plus limitée à son rôle de Princesse bonne à épouser et cœur à conquérir. Elle est une régente en puissance luttant dans un monde patriarcal qui ne cesse de lui rappeler que sa parole ne vaut rien. C’est ainsi que ce nouveau Aladdin n’est plus (ou presque plus) l’histoire du héros éponyme, mais est bel et bien le récit de la Princesse Jasmine, un personnage fort tant dans sa personnalité que dans l’image qu’elle renvoie. Point de vue technique, le produit global est impeccable, tant dans sa photographie que dans ses décors. On émettra juste des doutes sur certains effets spéciaux (le Génie qui a tant fait parlé de lui quand il a été révélé est plutôt réussi dans l’ensemble, à quelques exceptions près). Guy Ritchie se heurte parfois aux limites du live-action par rapport à la liberté immense de l’animation, si bien qu’on a quelques scènes qui constituent des petits ventres mous au centre du film, et c’est bien dommage (la chanson Prince Ali, si extravagante et impressionnante de mouvements de caméra dans l’original, semble bien molle dans cette nouvelle version). Mais ces détails sont très vite oubliés car le spectacle qu’on a sous les yeux est satisfaisant, tant pour le néophyte que pour le fan de l’original. Le film est d’ailleurs nourri de scènes très réussies (la transition animation/live a été plus qu’assurée pour la scène du Rêve Bleu par exemple, ou même pour l’excellent plan-séquence d’introduction sur fond de « Nuits d’Arabie »), un scénario plaisant et qui fait le travail, et son casting top. En tête d’affiche, Mena Massoud semble presque fait pour le rôle d’Aladdin tant il ressemble (physiquement et vocalement) à son homonyme de 1992. Il est très convaincant et plutôt attachant, et il gère bien la relation « fond vert » qu’il entretient avec son singe Abu et le Génie. Ce dernier, d’ailleurs, est la « véritable » tête d’affiche du film, tant la communication semble basée sur lui : évidemment interprété par Will Smith. Son annonce a fait hurler les fans. Son premier design a fait hurler les fans. Son premier extrait a fait hurler les fans. Et pourtant, il trouve une harmonie très forte avec le reste du film. Car le risque de ce genre de rôle est de se contraindre à (tenter de) (re)jouer l’original. Or, ici, Will Smith ne joue par Robin Williams. Et c’est tant mieux ! Robin Williams est irremplaçable, et cela aurait été suicidaire de partir dans cette voie. Will Smith trace sa route en Génie, et impose sa patte avec beaucoup de succès, c’est très plaisant à voir. Le casting est complété par Marwan Kenzari en Jafar, qui est peut-être le plus gros point faible du cast. Il souffre évidemment de la comparaison avec son prédécesseur, et c’est vrai qu’il manque de charisme et de cruauté pure pour être un vrai méchant convaincant. Il campe un antagoniste malheureusement oubliable, et c’est dommage pour lui. Prendre le risque de rajeunir Jafar était osé, mais il ne semble pas avoir eu beaucoup de succès… Et enfin, on notera la présence de la rayonnante Naomi Scott, incarnant la Princesse Jasmine avec beaucoup de réussite. Elle a le droit à sa première chanson en solo dans cet opus, qui accompagne d’ailleurs une scène très forte du film, menant au dernier acte du récit. Elle est donc un argument de poids dans le casting du film, et tous trouvent des alchimies bien gérées.
Malgré les points négatifs, cités précédemment, on peut donc conclure que ce nouvel Aladdin est une réussite. On se plaît à découvrir ou retrouver, Agrabah et ses habitants dans une adaptation poétique et colorée du classique Disney. On pourra donc répondre à la question posée au début de cette critique en disant que ce film arrive à se démarquer de son prédécesseur en ajoutant dans le récit des thèmes importants du contexte actuel, et permet surtout de mettre en têtes d’affiche un casting coloré et diversifié. Aladdin a pour volonté d’apporter des choses au matériau de base tout en respectant les fans de la première heure, et pour nous c’est réussi. On espère voir d’aussi jolis succès dans le futur (très prolifique, paraît-il…) du remake live-action Disney.
Titre Original: ALADDIN
Réalisé par: Guy Ritchie
Casting : Will Smith, Mena Massoud, Naomi Scott …
Genre: Aventure, Fantastique
Sortie le: 22 mai 2019
Distribué par: The Walt Disney Company France
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma
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