SYNOPSIS: Victor, coiffeur, la trentaine, travaille dans une grande franchise. Il décide de monter son salon de coiffure et propose à Célia, une ex perdue de vue, de le suivre dans son aventure. Elle accepte de s’associer à condition que cela reste strictement professionnel. Bien vite, au milieu des paperasses, des charges, des réglementations et de tous les obstacles liés à la création d’une petite entreprise, les troubles amoureux resurgissent du passé et entraînent les deux jeunes associés dans une spirale sentimentale échevelée…
Depuis 1985 Pierre Jolivet alterne drame et comédie avec une régularité de métronome mais ces dernières années le drame a pris le pas sur une filmographie qui fait malgré tout, toujours la part belle à des sujets divers et variés. A peine un an et demi après Les Hommes du feu le réalisateur de Force Majeure et de Fred signe un retour à la comédie, un genre auquel il ne s’était plus confronté depuis 2008 et La Très Très Grande Entreprise. Fort de sa liberté artistique et de son indépendance il revient avec Victor & Célia à un cinéma énergique et populaire mâtiné de cette fibre sociétale qui ne le quitte jamais vraiment. En conférant à son récit un fort ancrage social avec ces deux jeunes gens qui se lancent dans l’entreprenariat en ouvrant leur salon de coiffure, il raconte en creux le désir d’émancipation professionnelle, l’énergie nécessaire pour prendre son destin en main et aller au bout de ses rêves. Mais il raconte aussi la peur viscérale de se planter, les mises en garde protectrices et en même temps frustrantes des proches et les épreuves qu’il faut subir pour espérer y arriver. Du coup, Victor & Célia parvient à toucher une dimension universelle qui aide à l’empathie et à l’identification car les galères financières et familiales sont des problématiques qui non seulement ne laissent pas indifférents mais sont en plus fortement répandues.
Que ce soit avec Fred, Ma Petite Entreprise, Zim and Co ou Jamais de la vie, Pierre Jolivet s’est toujours placé du côté des petites gens, de ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts et se battent tant bien que mal pour faire bouillir la marmite. Cette appétence pour le réalisme et pour dépeindre la vie de ces personnes faites de chair et de sang est toujours présente en filigrane de son travail mais dans Victor & Célia elle n’innerve pas suffisamment le récit pour lui donner une densité proportionnelle à ce que le film raconte. Aussi sympathique et punchy soit t-il, Victor & Célia a du mal à trouver la direction à prendre, semblant hésiter entre deux voies, celle de la comédie romantique et de la comédie sociale. Le scénario peine à faire s’entrecroiser les lignes narratives et à nous passionner sur des situations administratives difficiles ou des étreintes coupées dans leurs élans, les rebondissements manquant de la force qui susciterait une plus grande implication de la part du spectateur. La faute aussi à une sous-écriture de personnages secondaires extrêmement basiques. Les redondances dans le jeu et l’écriture concernant le personnage de Bruno Bénabar malgré tout son talent, sont patentes tandis que la pauvre Bérangère Krief n’a absolument rien de passionnant à jouer.
Et pourtant Victor & Célia est agréable et se suit sans déplaisir même si la mise en scène de Jolivet est efficace sans rien révolutionner. En étant au service de la dynamique de son duo principal et sans jamais chercher à appuyer les effets et en laissant le sens de la comédie s’installer sans chercher le gag à tout prix mais en se servant de l’impulsion du récit, il parvient à donner au film le bon tempo. Par ailleurs, outre des dialogues souvent justes et un réjouissant sens de la formule, le film doit son salut à l’interaction entre Victor et Célia. Alice Belaïdi et Arthur Dupont sont absolument formidables, d’une fraicheur et d’une justesse de jeu épatantes. Elle, confirme une nature incroyable et une cinégénie de haut vol que la série Hippocrate a fait monter d’un cran tandis que lui, est un concentré de bonne humeur, de finesse pétillante et d’engouement. Leur entente et leur complicité est palpable et traverse l’écran. Ils parviennent par leur naturel et leur alchimie à maintenir l’intérêt parfois déclinant que l’on peut ressentir à la vision du film. Au final, retour mi figue mi raisin à la comédie pour Pierre Jolivet qui, si il bénéficie d’une belle énergie et d’un tandem épatant, n’en reste pas moins trop souvent anecdotique.
Titre Original: VICTOR & CÉLIA
Réalisé par: Pierre Jolivet
Casting : Arthur Dupont, Alice Belaïdi, Bruno Bénabar …
Genre: Comédie
Sortie le: 24 avril 2019
Distribué par : Apollo Films
MOYEN
Catégories :Critiques Cinéma