Critiques

ZONE BLANCHE (Critique Saison 2) L’éclat des plus beaux joyaux …

Le Major Laurène Weiss s’est remise des trois balles qu’elle a reçues dans le ventre. Certains s’interrogent sur les circonstances étranges où on l’a retrouvée ; d’autres parlent de miracle ou la croient revenue d’entre les morts. Lui aurait-on accordé une « deuxième chance » ?

Il y a un peu moins de deux ans on s’enthousiasmait pour une série qui osait affronter le genre en face, sans se pincer le nez et avec une maîtrise assez exceptionnelle et suffisamment rare pour qu’on s’en félicite encore et encore. On soulignait alors que Zone Blanche était « une série forte, vivante, vibrante, incandescente, qui vous emporte sur des sommets narratifs qui passe avec fluidité du thriller au western, qui flirte avec le fantastique tout en n’oubliant pas d’être drôle par moments et de nous soustraire à la chape de plomb qui menaçait… » Une série « au confluent de plusieurs genres qu’elle embrasse avec une telle générosité et un tel talent, alors qu’elle aurait pu nous égarer, qu’elle nous prend au contraire dans ses filets…. » C’était miraculeux, qu’une telle série, qui plus est sur le service public, réussisse l’équilibre parfait sans être prise en défaut. On pensait d’ailleurs difficilement possible de réitérer l’exploit, de parvenir à faire sinon mieux, du moins aussi bien, et force est de constater que l’on se trompait. La saison 2 de Zone Blanche atteint des sommets que peu de fictions françaises ont approchés dans l’histoire de la télévision, en ce qu’elle est radicale, gonflée, inattendue, sombre, sans concessions et jusqu’au-boutiste dans le sens qu’elle suit un cheminement naturel dont elle ne dévie pas. Elle parvient à être à la fois populaire et exigeante, à faire appel à des codes connus mais en les transcendant par l’originalité d’un regard ou la singularité d’une situation. Le piège de la saison 2 que l’on édulcore ou que l’on saupoudre d’une légèreté qui l’éloigne de son ADN pour cadrer avec une nouvelle politique éditoriale mise en place entretemps par la chaîne est évitée avec brio. La série reste non seulement ce qu’elle était en saison 1 mais parvient même à dépasser sa fonction avec une éblouissante maîtrise.

La saison 2 de Zone Blanche ose des choses que l’on croyait réserver à d’autres pays et tout ce qui aurait pu amener à rire sous cape ou à virer à la gêne n’y sombre jamais car tout est fait avec conviction et sincérité et sans avoir l’air de s’excuser d’embrasser le genre à pleine bouche. Dans la continuité de la saison 1 (un léger time jump de deux mois permet de rebondir juste comme il faut pour donner l’impulsion à cette nouvelle saison), ces nouveaux segments poursuivent la trame narrative des premiers épisodes tout en ouvrant le récit vers d’autres perspectives et d’autres enjeux dramatiques. Les intrigues se densifient, le rythme continue d’être envoûtant et enveloppant, les personnages singuliers et fascinants que l’on connait déjà sont rejoints par une nouvelle venue (la magnétique et intrigante Marina Hands) et la direction artistique dans son ensemble confère à Zone Blanche sa personnalité sans réel équivalent à l’heure actuelle. Jusqu’au bout d’une saison parfaite (l’atmosphère, le ton, la résolution des questions en suspens et l’ouverture d’autres interrogations) la série pousse les curseurs au maximum sans ménager son public et en offrant de multiples possibilités pour l’avenir.

En conservant son unité formelle grâce aux réalisateurs Thierry Poiraud et Julien Despaux qui font un travail remarquable, la série produite par Vincent Mouluquet et créée par Mathieu Missoffe toujours aux manettes à l’écriture – avec Florent Meyer, Antonin Martin-Hilbert, Juliette Soubrier et Sylvie Chanteux-, mais aussi à la direction artistique, est littéralement incroyable. Les partis pris esthétiques marqués, la photographie et l’interprétation jamais formatée de la distribution offre à la série une identité unique. L’impeccable Suliane Brahim, le remarquable Hubert Delattre, le surprenant Laurent Capelluto, l’intense Samuel Jouy, la subtile Anne Suarez, l’étonnante Brigitte Sy sans oublier les indispensables Camille Aguilar, Renaud Rutten, Naidra Ayadi ou Samir Boitard, tous tutoient les sommets et nous embarquent dans des intrigues qui s’entrecroisent à l’intersection de genres multiples et variés et qui font soupirer d’aise le téléspectateur heureux. On voudrait pinailler pour ne pas paraître trop acquis à la cause mais rien à faire, on ne trouve pas un seul pli à ce travail éblouissant qui donne juste la certitude qu’au fin fond de la noirceur on trouve toujours l’éclat des plus beaux joyaux.

Crédits: Ego Production / France 2

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