SYNOPSIS: Les spectaculaires actions criminelles de Jacques Mesrine que les médias introniseront « Ennemi public n°1 » et que toutes les polices de France traqueront sans répit jusqu’à sa mort.
Quand la première partie d’un film est si forte et impressionne tellement le spectateur, on s’expose forcément à une véritable déconvenue si le second segment n’est pas à la hauteur de l’attente suscitée. Avec L’Instinct de Mort, Jean-François Richet et Vincent Cassel avaient frappé si fort que l’on n’était pas réellement entré dans ces considérations au moment de découvrir L’Ennemi Public N°1 tant il semblait inconcevable que les deux hommes fassent une sortie de route après avoir conduit magistralement leur Formule Un sur le circuit ô combien casse-gueule du film de genre. Si L’Ennemi Public N°1 est aussi réussi, il n’est pas pour autant un copié collé de son prédécesseur. Il s’en démarque même clairement par moments dans le ton et l’humeur tout comme dans la performance de plus en plus décomplexée d’un Vincent Cassel homérique. C’est le portrait de l’un des criminels les plus spectaculaires que la France ait jamais connu que le diptyque consacré à Jacques Mesrine propose, une histoire dense et complexe, forcément parcellaire car couvrant plusieurs décennies d’un parcours hallucinant.
Dans cette 2ème partie, Mesrine change et évolue, sa personnalité se fait encore plus égocentrique, il se soucie de l’image qu’il renvoie et ses « valeurs » qui semblaient si importantes à ses yeux paraissent désormais accessoires. Il fait preuve d’une inconscience assumée qui le conduit vers sa perte qu’il sait se rapprocher inéluctablement. La part d’humanité qu’il dévoilait dans le premier film est plus contrastée, même si face à sa fille et surtout face à son père, ses défenses tombent quelques instants avant que sa mégalomanie et sa folie ne reviennent en force. Si Richet continue de démontrer une capacité impressionnante à filmer la tension et le suspense et une maitrise sans pareille dans la gestion du mouvement et de l’irruption de la violence dans le cadre, Mesrine se dévoile comme un être de plus en plus incontrôlable, il n’est plus ce forcené borderline, il a largement dépassé la ligne et ses actions deviennent carrément démesurées. Face à lui, la police a désormais un visage, le commissaire Broussard, flic pugnace et complexe, qui tout comme Mesrine, se sert de la presse pour faire passer ses idées. Olivier Gourmet lui prête ses traits et son charisme qui en font un adversaire de taille à affronter pour Mesrine, leurs face-à-face donnant lieu notamment à une scène savoureuse et décalée.
Si L’Instinct de Mort possédait une distribution de tout premier ordre, ce second film n’a rien à lui envier sur ce plan-là. Mathieu Amalric, Samuel Le Bihan, Gérard Lanvin, Ludivine Sagnier notamment sont les garants d’un casting solide, mais leurs personnages sont bien moins écrits et investis que ne l’étaient ceux du premier film. Amalric et Le BIhan sont ceux qui s’en sortent le mieux, livrant des prestations solides, mais Gérard Lanvin semble sorti d’un sketch des Nuls de la grande époque avec un accent à couper au couteau qui dès les premiers instants met à mal sa crédibilité. Ludivine Sagnier n’a elle pas grand chose à défendre et les personnages féminins en général sont les moins bien lotis de ce second opus. De toute manière, hormis Olivier Gourmet en quelques occasions, personne n’a les épaules suffisamment larges pour affronter un Vincent Cassel qui est tout simplement incroyable. Doté d’une personnalité dantesque, d’une volubilité irrésistible, d’une surcharge pondérale conséquente et d’une folie pure, il réalise une performance fabuleuse, faisant de son Mesrine, l’un des personnages les plus frappadingues du cinéma français. Si l’on frise parfois le grand-guignol avec les looks multiples qu’il arbore, si la tension continue du premier film est éclipsée au profit d’un récit solide mais plus contrasté, il n’en reste pas moins que ces deux films se complètent et se prolongent pour donner lieu à une œuvre ébouriffante qui restera dans les annales.
Titre Original: MESRINE: L’ENNEMI PUBLIC N°1
Réalisé par: Jean-François Richet
Casting : Vincent Cassel, Mathieu Amalric, Ludivine Sagnier…
Genre: Policier, Biopic
Sortie le: 19 novembre 2008
Distribué par: Pathé
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma