SYNOPSIS: Théo est remis à l’adoption par sa mère biologique le jour de sa naissance. C’est un accouchement sous X. La mère à deux mois pour revenir sur sa décision…ou pas. Les services de l’aide sociale à l’enfance et le service adoption se mettent en mouvement. Les uns doivent s’occuper du bébé, le porter (au sens plein du terme) dans ce temps suspendu, cette phase d’incertitude. Les autres doivent trouver celle qui deviendra sa mère adoptante. Elle s’appelle Alice et cela fait dix ans qu’elle se bat pour avoir un enfant. PUPILLE est l’histoire de la rencontre entre Alice, 41 ans, et Théo, trois mois.
Quatre ans après son excellent Elle L’Adore qui témoignait d’une personnalité et de la singularité d’un regard rare et précieux, Jeanne Herry revient, après un détour par la saison 2 de Dix Pour Cent, avec le toujours attendu et casse-gueule second long métrage. Dans Pupille elle aborde un sujet rarement traité au cinéma, l’adoption, et le parcours du combattant que cela représente. L’originalité du film est de ne pas se contenter de ce que l’on sait tous plus ou moins : L’adoption est un engagement sur le très long cours. C’est bien évidemment le cas, mais c’est aussi un acte d’amour et de dévotion et le scénario de Pupille n’oublie aucun de ces paramètres détaillant par le menu chacune des composantes d’un parcours autant humain qu’administratif. Écrit avec un soin documentaire qui force le respect mais sans didactisme aucun, faisant la part belle à la justesse, à la précision des procédures et à la sensibilité qui sous-tend les situations décrites, le film est un geyser d’émotions qui prend aux tripes mais qui n’est jamais dans la manipulation lacrymale.
A la manière de ce qu’avait réussi Maïwenn avec Polisse sur la brigade des mineurs, c’est un véritable récit détaillé mais qui n’oublie pas d’être du cinéma dans son expression la plus pure, que Jeanne Herry propose avec Pupille. Sachant montrer les limites du système mais également en dévoiler les vertus, comme le dévouement des personnels (assistantes sociales, infirmières, famille d’accueil …) qui amène à la finalisation du processus, le film montre le chemin parcouru pour qu’au final un bébé et un cœur qui ne demande qu’à l’étreindre se foudroient littéralement. On suit les pérégrinations des uns et des autres, les aléas, les montagnes russes émotionnelles, la patience, les chemins de traverse et les culs-de-sacs mais l’administration n’est pas décrite caricaturalement comme un obstacle ultime mais comme un corps qui doit respecter une procédure pour aider à la réussite d’un projet de vie. Érigeant la pudeur et la sensibilité en valeurs cardinales de son film, Jeanne Herry touche au cœur et à l’âme des spectateurs avec un talent renversant.
Réussi de bout en bout, porté par un récit choral d’une précision diabolique, parvenant à entremêler les différentes trames narratives avec une fluidité confondante, on reste scotché par l’incroyable facilité qui semble présider à l’ensemble mais qui est pourtant d’une folle complexité dans les ramifications qu’elle décrit. Par une mise en scène sans affèteries, au plus près des acteurs, de leurs visages comme de leurs sentiments, Jeanne Herry trouve l’équilibre parfait pour nous embarquer dans ce chemin de vie. Les comédiens qui l’accompagnent dans cette aventure humaine forment une troupe d’une cohésion et d’une précision exceptionnelles. Aucun ne fait dissoner l’ensemble et tous concourent à l’harmonie d’un film humaniste qui vous fait vibrer de bout en bout. Gilles Lellouche, surprenant de tendresse et de délicatesse est admirable, Sandrine Kiberlain, comme un poisson dans l’eau dans un registre totalement différent de celui de Elle l’Adore est juste parfaite et on a l’impression de redécouvrir totalement Elodie Bouchez entre pudeur et émotion pure, qui délivre une gamme de jeu proprement exceptionnelle. Comme dans son premier film, Jeanne Herry sait construire de vrais personnages secondaires qui confèrent à son histoire une densité et un réalisme supplémentaire, d’Olivia Côte impeccable à Clotilde Mollet, singulière, en passant par Stéfi Celma, Youssef Hajdi ou Miou-Miou chacun d’une précision d’orfèvre tout comme l’ensemble de la distribution. Pupille c’est l’humanité en marche, le parcours du combattant d’une adoption par son versant le plus humaniste, traité avec pudeur et sensibilité par une Jeanne Herry qui confirme qu’elle est une grande réalisatrice qui emmène ses acteurs jusqu’à l’émotion brute.
Titre Original: PUPILLE
Réalisé par: Jeanne Herry
Casting : Elodie Bouchez, Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche…
Genre: Drame
Sortie le: 05 décembre 2018
Distribué par: StudioCanal
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Catégories :Critiques Cinéma